Par Stéphane Ballong
Le stade de l’Amitié-Sino-Gabonaise à Libreville a coûté au moins 37 millions d’euros au Gabon. © Sia Kambou/AFP
Stades, hôtels, espaces publics… Le Gabon et la Guinée Équatoriale qui coorganisent cette CAN 2012 ont mis les bouchées doubles pour accueillir les équipes, leur encadrement, les supporteurs et les médias.
Deux grands stades flambant neufs, l’un de 35 000 places et l’autre de 40 000. Le premier accueillera à Bata, le 21 janvier, le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations 2012 (CAN), qui opposera la Guinée équatoriale à la Libye. Le second, de l’autre côté de la frontière, à Libreville, abritera, le 12 février, la finale de cette 28e édition. Après le Ghana et le Nigeria en 2000, la Confédération africaine de football (CAF) renouvelle l’expérience d’une CAN jouée dans deux pays. Avec, cette fois, une coorganisation confiée à des États voisins, ce qui a pour avantage de réduire les difficultés de transport.
Des initiatives ont été prises par le Gabon et la Guinée équatoriale pour simplifier les déplacements des supporteurs et des médias. Outre les avions affrétés pour la circonstance, un visa unique, valable dans les deux pays, a été instauré afin de permettre aux visiteurs de circuler librement de part et d’autre de la frontière pendant toute la durée de la compétition.
Être à la hauteur de la CAN
C’est surtout en matière d’infrastructures que les États, tous deux producteurs de pétrole et profitant de la bonne tenue des cours de l’or noir, ont mis le paquet pour être à la hauteur de cet événement qu’ils organisent pour la première fois.
En Guinée équatoriale, le stade Enkoantoma de Bata (la plus grande ville du pays) a été agrandi l’an dernier (par le groupe français Bouygues) pour porter sa capacité de 22 000 à 35 000 places. Il accueillera les matchs du groupe A (Guinée équatoriale, Libye, Sénégal, Zambie). Une deuxième enceinte d’un peu plus de 15 000 places a été bâtie à Malabo, la capitale, sur l’île de Bioko. C’est sur sa pelouse que s’affronteront les équipes du groupe B (Angola, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Soudan). Quatre nouveaux terrains d’entraînement viennent en outre étoffer le parc des infrastructures sportives du pays.
Les préparatifs : quel coût ?
Difficile de connaître le montant exact de tous ces investissements. Le chiffre de 10 à 15 milliards de F CFA (15,2 à 22,8 millions d’euros) évoqué un temps par Ruslan Obiang Nsue, président du Comité d’organisation de la CAN (Cocan) pour la Guinée équatoriale, semble bien dérisoire. Car, au Gabon, qui s’est également doté de quatre nouveaux terrains, les autorités estiment à quelque 370 millions d’euros la somme totale injectée dans la construction des équipements destinés à cette CAN.
Le stade de l’Amitié-Sino-Gabonaise de Libreville, où jouera le groupe C (Gabon, Maroc, Niger, Tunisie), construit par Shanghai Construction Group, « est un cadeau du gouvernement chinois », selon Henri Ohayon, le directeur général de l’Agence nationale des grands travaux (ANGT) gabonaise. Il n’en aura pas moins coûté aux autorités locales 37 millions d’euros en travaux de finition (éclairage, pelouse, etc.). Le stade de Franceville (22 000 places), où les équipes du groupe D (Botswana, Ghana, Guinée, Mali) disputeront la compétition, représente quant à lui un investissement de 76,2 millions d’euros.
CAN : rendez-vous dès 2013
La 29e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) ne se fera pas attendre deux ans. Pour éviter la collision avec le Mondial, la Confédération africaine de football (CAF) a en effet décidé de décaler le calendrier de la compétition, qui se tiendra les années impaires à partir de 2013. En outre, compte tenu de la révolution en Libye, la CAF a confirmé en septembre que cette dernière, qui devait accueillir l’édition 2013, organisera finalement la CAN 2017. L’Afrique du Sud (qui remplacera aussi la Libye pour le Championnat d’Afrique des nations en 2014) a été désignée comme pays hôte de la CAN 2013.
En tant que pays organisateur, elle est qualifiée d’office pour la compétition de l’an prochain, dont les éliminatoires se feront selon un système exceptionnellement accéléré. La phase de poules est supprimée et remplacée par deux tours de matchs aller-retour à élimination directe. Les quatre équipes les plus mal classées par la Fifa au moment du tirage au sort devaient disputer d’abord une rencontre préliminaire éliminatoire. São Tomé e Príncipe et le Lesotho s’affrontent les 15 et 22 janvier. Quant aux Seychelles, elles bénéficient du forfait du Swaziland et sont donc déjà assurées de passer au premier tour, qui opposera, entre février et juin, 28 sélections ne jouant pas la CAN 2012.
Les 14 équipes qualifiées à la suite de ce premier tour et les 16 équipes de la CAN 2012 disputeront les matchs du second tour de qualification en septembre et octobre, après tirage au sort.
Si la facture semble moindre en Guinée équatoriale, c’est notamment parce que le pays, qui a accueilli le sommet des chefs d’État de l’Union africaine (UA) à l’été 2011 à Malabo, a déjà massivement investi ces dernières années dans le développement des infrastructures routières et hôtelières. Ses principaux chantiers pour l’accueil de la CAN se sont concentrés sur l’extension et la construction des complexes sportifs.
Au Gabon, en revanche, les investissements ont aussi porté sur les routes, le transport urbain et les infrastructures d’hébergement, particulièrement insuffisantes. Pour renforcer son parc hôtelier, le pays a ainsi dû construire ou rénover huit établissements – la réfection de l’hôtel Leconi Palace, à Franceville, mobilisant à elle seule près de 13 millions d’euros.
Au-delà de la CAN, le Gabon s’est d’ailleurs engagé dans une politique de développement de ses infrastructures à laquelle il compte consacrer plus de 8,5 milliards d’euros sur cinq ans. Pendant ce temps, du côté de Malabo, après l’accueil du sommet de l’UA en 2011 et de la CAN en 2012, on est déjà candidat à l’organisation des Jeux de la Francophonie en 2017.