Profiter pour venir à Libreville en cette période d’événement sportif international et sortir du cadre aseptisé d’un hôtel de luxe pasteurisé permettra à tout observateur aguerri de pénétrer des réalités aussi surprenantes que lamentables.
Si la capitale gabonaise offre un cadre de vie naturel quasi unique en Afrique au regard d’autre capitales tant polluées que dangereuses telles qu’Abidjan, Dakar ou Lagos, pour une cité de cette envergure, Libreville, une fois la féerie du confort de l’insularité tropicale digne des iles de l’océan indien passée, dévoile ses failles inconfortables. En effet, balancé au rythme des coupures d’eau, d’électricité, d’internet, de téléphonie et des destructions arbitraires de bâtiments, le concept d’émergence des nouvelles autorités apparait bien souvent comme énervant pour qui vit ses réalités comme constaté lors de cette nuit passée au rythme des désagréments chez un hôte gabonais à Akébé, quartier du centre de Libreville.
Au delà de ces aspects pratiques, un tour sur le marché de Mont Bouet permettra au gré des réponses des commerçants sur les interrogations quant à la provenance des produits vivriers, de constater la dépendance agricole extérieure de ce pays d’à peine un million d’habitant. Provenance numéro un des produits, le Cameroun voisin. Incompréhensible et surprenant pour qui connait les richesses et le potentiel de cet eldorado agricole aussi fertile que bio. En sommes, contrairement aux capitales citées plus haut en comparaison, difficile pour celui qui débarque de trouver à manger dans la rue, la rareté des commerçants est aussi frappantes que la cherté des produits et de la vie en général. En guise d’exemple au delà du cout exorbitant des soins de santé, de l’eau, du gaz et de l’électricité, il vous faudra débourser 1 000 fcfa pour quatre pales oranges et 100 fcfa pour une maigre poignée d’arachide achetée à une femme malienne croisée par chance, tant la rareté est de mise, à l’entrée du quartier de Glass.
Côté infrastructure, coupe des nations oblige, des chantiers routiers ou immobiliers sont observés, certains sont fièrement affichés sur des immeubles à l’entrée de la ville comme celui de la zone industrielle annoncée en devenir d’Nkok. Ces derniers provoquent de gros bouchons qui favorisent l’intransigeance de la sélection des chauffeurs de taxi vis à vis des passagers tout comme l’inflation tarifaire des prestations de transport. Traverser Libreville d’Angondjé à Glass pourra vous prendre, en évitant l’axe du bord de mer par un itinéraire bis empruntant l’axe du quartier des Charbonnages, près de deux heures pour à peine une dizaine de kilomètres parcourus. Point positif de ce désagrément, une ballade exclusive dans les quartiers périphériques tranchant au luxe aveuglant du bord de mer et la découverte d’une réalité sociale antagoniste à la richesse financière de cet Etat pétrolier.
Un constat mi figue mi raison pour un Gabon qui en coulisse de son pouvoir joue pourtant la bataille de la planification et des réformes. Des dynamiques dans le domaine des infrastructures et de réforme de l »État sont annoncées lancées mais cependant tardent pour l’heure à offrir des résultats palpables tant la charge de travail de ce pays au potentiel réel parait colossale et fastidieuse.
Rappelons néanmoins que le Gabon souffre de l’handicap des pays qui ont connu une forte croissance à partir des années 70 à partir d’un transfert de technologie et de ressources humaines venu de l’occident notamment dans les domaines du bois, de l’exploitation du Manganèse et du pétrole.
Ali Bongo, lesté par le poids de la filiation, a promis l’émergence dans les années à venir, reste à espérer que le devenir ne s’éternisera pas à se faire attendre dans un contexte d’observation générale d’un bilan en vue de la prochaine élection présidentielle.
Pour finir sur une note d’optimisme, selon nos informations, une refonte gouvernementale et des lancements de chantiers sont annoncés au lendemain de la can 2012.
Laurent Despas, Directeur de Koaci