Un an de contestation et de violences et enfin un changement de pouvoir. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh est intervenu dimanche à la télévision pour annoncer qu’il allait partir se faire soigner aux Etats-Unis, et donc quitter le pouvoir.
Il a aussi prié ses compatriotes de l’excuser pour « toute éventuelle défaillance » lors de ses… 33 années de règne ! « Si Dieu le veut, je partirai me faire soigner aux Etats-Unis et je regagnerai Sanaa en tant que président du parti du Congrès général du peuple », a promis le chef de l’État sortant.
Le départ de Saleh était prévu. En novembre, à Ryad, le futur ex-président avait signé un accord de transfert de ses pouvoirs à son vice-président et allié, Abd-Rabbu Mansour Hadi, jusqu’à une élection présidentielle anticipée prévue le 21 février. Mais rien ne permettait d’avoir l’assurance qu’il observerait effectivement cet accord.
Immunité judiciaire
Dimanche, Saleh a aussi annoncé avoir promu Hadi au grade de général, afin de s’assurer que l’armée demeure la principale institution du pays. Enfin, en vertu de l’accord de Ryad, le futur ex-président a obtenu l’immunité judiciaire pour les actes commis sous sa présidence, grâce à une loi votée samedi par le Parlement.
Une précaution peu appréciée des opposants, qui accusent les forces contrôlées par le chef de l’État d’avoir tué des centaines d’opposants. Dès dimanche, ils ont manifesté contre cette loi.
Saleh, grièvement blessé le 3 juin dans l’attaque de son palais à Sanaa et hospitalisé en Arabie saoudite, a besoin de soin et obtenu un visa pour les Etats-Unis, « le temps de son traitement ». Mais il laisse un pays dramatiquement divisé. Et beaucoup de ses compatriotes craignent que ses partisans continuent de dominer le Yémen.
Violences
Quatre activistes, dont un responsable d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (Aqpa) ainsi qu’un soldat, ont été tués à Radda, à 170 km au sud-est de Sanaa. Il y a une semaine, la ville était tombée aux mains d’éléments d’Aqpa.
Armelle le goff