Alexandre Jaquin avec Samuel Ollivier, à Libreville
Un seau rempli de poissons trône sur une petite planche en bois. Les bocaux d’épices flirtent avec les grappes de bananes, les filets d’oignons et les rangées de navets. Assise devant son stand, Nadège patiente en silence. A l’image de cette jeune trentenaire, le marché aux fruits et légumes de Saint-Louis attend l’arrivée des clients. Dans ce quartier de Libreville, les commerçants misent beaucoup sur la Coupe d’Afrique des Nations pour doper leurs ventes. Mais alors que la compétition a débuté lundi dans la capitale du Gabon, ils ne voient toujours rien venir. « On ne voit pas encore la différence, soupire Nadège. On attend. On a acheté beaucoup de marchandise en pensant qu’il y aurait du monde. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas. On espère. Les clients vont certainement finir par arriver… »
Une frustration ressentie par la plupart des travailleurs de Libreville. « Il n’y a pas beaucoup de changement, peste Alex, chauffeur de taxi depuis plus d’un an. On ne ressent pas vraiment l’effet de la CAN. Pour nous, c’est le même boulot depuis que la compétition a démarré. Il y a même moins de monde en ce moment. Je ne sais pas ce qu’il se passe. Ça a peut-être été mal organisé. Ça m’énerve parce que je comptais faire des recettes énormes pendant la CAN. » Depuis le début de la semaine, le quadragénaire transporte surtout des locaux dans sa voiture blanche barrée d’un trait rouge. Les touristes se font rares en ville.
Oumar, gérant d’hôtel : « On garde espoir »
Un constat partagé par Oumar, un gérant d’hôtel. A la tête d’un établissement baptisé « Le bon coin », qui appartient à sa famille depuis 1977, l’homme au costume sombre et aux lunettes de soleil se veut tout de même optimiste. « Pour l’instant, il n’y a pas encore trop de monde, glisse-t-il. Mais au fur et à mesure de la compétition, ça va se remplir. On attend les gens. On a un peu d’appréhension, c’est normal. Mais on garde espoir. » Après avoir augmenté le prix de ses chambres (de 12 500 à 15 000 francs CFA), Oumar envisage de revenir aux tarifs habituels si la situation perdure.
Un malaise qui ne semble pas préoccuper les organisateurs de la CAN 2012. « Les retombées sont énormes pour le peuple gabonais, lance même François Epouta, le président du comité d’accueil de la compétition. Nous ne sommes qu’au début du tournoi. Tous les visiteurs ne sont pas encore arrivés. Tout ce monde va profiter à l’hôtellerie, à la restauration et aux petits métiers. Ce n’est pas encore flagrant car la CAN vient de commencer. » Dans les stades peut-être. Mais dehors, tout le monde attend le coup d’envoi.