Cette année encore, les téléspectateurs africains auront bien du mal à suivre la CAN 2012 qu’organisent le Gabon et la Guinée équatoriale, du 21 janvier au 12 février 2012.
Le motif ? Le sempiternel problème des droits de retransmission fixés par Al Jazeera qui les a acquis auprès du propriétaire de la compétition, à savoir la Confédération africaine de football (CAF). La chaîne de ce petit émirat a mis le paquet pour décrocher l’exclusivité des droits de retransmission au niveau du Maghreb et de l’ensemble du continent.
Sur le chapitre de la vente des droits, Al Jazeera est restée inflexible. Pour pouvoir suivre les rencontres qui se jouent dans les deux pays organisateurs, les télévisions maghrébines doivent débourser 7,8 millions d’euros pour… dix matches uniquement. Un observateur n’a pas manqué de souligner «cette aberration qui consiste à imposer au continent des règles économiques et commerciales qui n’ont aucun ancrage en Afrique.
En Europe, enchaîne-t-il, le football rapporte beaucoup d’argent et fait vivre des clubs, des joueurs, des fédérations et diverses sociétés qui gravitent autour du football. Mais en Afrique, c’est un autre contexte, surtout au plan économique. On ne peut pas copier le modèle européen et l’apposer en Afrique. C’est un non-sens. De toute façon, si la situation reste en l’état et n’évolue pas dans un sens plus positif, cela entraînera automatiquement un rejet de la CAN de la part des Africains». Ce serait le comble. De toute façon à l’allure ou vont les choses, les supporters africains finiront tôt ou tard de se détourner de la compétition majeure de la CAF, qui est censée être destinée prioritairement aux peuples africains.
Par rapport à la CAN 2010, organisée en Angola, Al Jazeera n’a pas touché au montant des droits. C’est ce qu’elle avance comme réponse aux candidats à l’acquisition des droits. Elle estime avoir fait suffisamment d’efforts dans cette direction pour accepter de réviser à la baisse ses prix. Ainsi, pour un match de la CAN 2012, L’Algérie, la Tunisie, le Maroc et l’Egypte doivent débourser, chacun bien sûr, l’équivalent de 700 000 euros. Cela veut dire qu’un match de la CAN vaut plus cher qu’un match de Coupe du monde !
La position de monopole qu’exerce Al Jazeera sur la question des droits de retransmission n’a pas d’égale. La télévision marocaine, par l’entremise de la société de diffusion et de retransmission (SNTR), a déboursé le pactole de 7,8 millions d’euros pour permettre aux citoyens de sa majesté de suivre 10 rencontres du tournoi.
L’Algérie et la Tunisie n’ont pas voulu suivre le Maroc, malgré le fait que les Aigles de Carthage soient présents au Gabon. Les autres zones du continent ont bénéficié d’un «régime de faveur» un peu plus clément, mais toujours onéreux par rapport à leurs moyens. Le détenteur des droits, pour les zones subsahariennes, a conclu un accord avec ses partenaires de cette partie du continent. La CAN 2012 coûtera 1 million d’euros et le double s’ils décident d’acheter les droits de la CAN 2012, et pour la suivante 2013. A ce rythme, bientôt les images de la CAN ne pénétreront plus les foyers africains. Un comble !