Le sélectionneur national du Gabon, le franco-allemand Gernot Rohr, a confié à Gabon matin que ce sont des Panthères déterminées et sereines qui vont jouer contre le Maroc demain, pour leur 2ème sortie dans le groupe C de la 28ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Au cours de cette interview, Rohr, qui a donné son avis sur le groupe, s’attend à un sursaut du Niger.
Gabon Matin : Les Panthères vont livrer leur deuxième match contre des Lions de l’Atlas blessés, après leur défaite (1-2) contre la Tunisie. Cela n’accroit-il pas la pression au sein de votre équipe ? Gernot Rohr : Nous allons aborder notre duel contre le Maroc avec la même détermination et la même sérénité, comme lors du premier match contre le Niger. Avant ce premier match, il y avait un énorme poids sur le Onze gabonais, surtout sur les jeunes joueurs qui n’ont pas forcément l’habitude d’évoluer devant 40 000 spectateurs. Fort heureusement pour nous, le match amical contre le Brésil nous a aidés à les mettre dans le bain et à les faire gagner en expérience. Ils ont d’ailleurs répondu favorablement ce jour-là. On ne se met pas trop de pression dans la tête. C’est la même méthode qui devrait nous guider tout au long de cette compétition.
En 2010, le Gabon avait privé le Maroc de la CAN 2010 en Angola. Deux ans après, ne craignez-vous pas des retrouvailles mouvementées ? Je ne regarde pas derrière car ça ne veut souvent rien dire. De façon générale, le Maroc a eu de la peine contre le Gabon, peut-être parce que son style de jeu ne lui convient pas. Depuis lors, ce n’est plus la même équipe, encore moins la même organisation, le même coaching et le même état d’esprit. C’est une équipe composée de grands joueurs qui jouent dans des clubs de première importance, dans de grands pays de football. Sur le papier, oui ils sont forts mais on n’a pas de complexe. J’ai des joueurs locaux qui ont véritablement pris conscience de leurs moyens et qui vont avoir envie de confirmer leur forme du moment. Le travail qui a été fait depuis un bon moment déjà, va nous permettre de récolter les fruits de l’intégration des locaux. Tout cet ensemble doit se confirmer lors de cette rencontre. Même s’il est beaucoup plus difficile de jouer contre le Maroc et la Tunisie, on reste confiant parce qu’on a vu l’équipe se faire vraiment plaisir sur le terrain contre le Niger.
Après avoir vu évoluer les équipes du groupe C, quelle appréciation faites-vous du niveau technique dans ce groupe ? La Tunisie et le Maroc sont deux pays qui pratiquent un football de haut niveau, surtout les Tunisiens qui sont plus techniques et physiques. Ce sont eux qui se sont d’ailleurs imposés lors du match contre le Maroc, même si on a eu l’impression que ce sont les Lions de l’Atlas qui dominaient sur le plan technique. Notre groupe est un groupe difficile. Le Niger a manqué son premier match mais je le sens capable d’accrocher une des deux équipes du groupe. Le Niger va certainement se remettre en question et élever son niveau de jeu, notamment sur les plans technique et tactique. Malgré les petites erreurs qu’ils ont commises au premier match, je suis certains qu’ils vont s’améliorer. Quand on élimine l’Egypte et l’Afrique du Sud, on est capable de faire de bons matchs.
L’inexpérience du Niger a t-elle contribué à la victoire du Onze gabonais ? On peut le voir comme çà. Mais vous savez que l’adversaire ne joue que quand vous le laissez jouer. Nous ne les avons pas laissés jouer. Il est vrai que sur le papier, le Niger est beaucoup moins fort que le Maroc, mais la même chose c’était produite pour l’Egypte et l’Afrique du Sud qui n’ont pas pu empêcher le Niger de passer devant elles. Je crois que c’est une équipe qui va avoir à cœur de montrer un bien meilleur visage lors de sa prochaine sortie.
Après avoir vu jouer toutes les équipes de cette 28ème CAN, quel est votre avis sur le niveau de la compétition ? Le constat c’est qu’il n’y a eu que des victoires, ce qui est quand même quelque chose d’exceptionnel dans une compétition comme la CAN. La deuxième chose pour moi, c’est que le niveau est meilleur qu’en Angola en 2010. Malgré l’absence des grandes nations du football continental, je trouve que le jeu est plus alerte et plus vif. A cela s’ajoute le fait que, pour le moment, il n’y a pas d’erreurs d’arbitrage gravissimes. Il faut noter qu’il y a eu des surprises auxquelles se sont joints des confirmations depuis le début de la compétition. En effet, ceux qui ont gagné, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana, ont eu beaucoup de mal à le faire. Il a fallu beaucoup de réalisme au Mali pour s’imposer devant la Guinée qui a cependant mieux joué. Le début de la compétition promet déjà. Par ailleurs, je trouve que les matchs étaient meilleurs au Gabon qu’en Guinée Equatoriale.
Comment se porte Brou Apanga, blessé à l’entrainement la veille du match contre le Niger ? Il va mieux. Mardi dernier, il a fait un travail de course. On pense que c’est l’aponévrose du muscle de l’adducteur qui a légèrement été étiré. C’est en fait une mini déchirure de l’enveloppe du muscle. Le muscle lui-même n’est pas atteint. Brou a fait une radio qui montre qu’il n’a rien au niveau du muscle. Pour l’instant, il va s’entrainer un peu à part avec le préparateur physique qui s’occupera de lui. Nous ne voulons prendre aucun risque avec aucun joueur. Je veux des joueurs bien portant physiquement. C’est essentiellement pour cette raison que Brou ne sera pas aligné contre le Maroc. Toutefois s’il a repris sa pleine capacité, il peut prétendre à une titularisation.
Propos recueillis par Désiré MENZOUGHE