Les manifestations de Sénégalais hostiles à une nouvelle candidature du président sortant Abdoulaye Wade se sont étendues dans le pays dans la nuit de vendredi à samedi. Le Conseil constitutionnel a autorisé le chef de l’Etat à briguer sa propre succession le 26 février. La candidature du chanteur Youssou N’Dour a en revanche été écartée.
Un policier a succombé à des blessures reçues à la tête lors d’échauffourées à Dakar hier, rapporte la télévision locale. Des journalistes de Reuters ont rapporté que de jeunes manifestants avaient incendié des piles de pneus et des voitures renversées.
Wade : une candidature contestée
Les adversaires de Wade contestent sa légitimité à se représenter et renvoient à la Constitution, qui interdit d’effectuer plus de deux mandats présidentiels consécutifs.
Abdoulaye Wade, arrivé au pouvoir en 2000 puis réélu en 2007, leur répond que son premier mandat ne compte pas, car il a été entamé avant l’ajout de cet amendement constitutionnel, en 2001.
Youssou N’Dour retoqué
Vendredi, le Conseil constitutionnel a validé quatorze candidatures pour la présidentielle, dont celle de Wade. Celle du chanteur Youssou N’Dour a en revanche été écartée, celui-ci n’ayant pas réuni les 10 000 signatures de soutien requises.
L’institution a indiqué que 4 000 des 12 000 soutiens revendiqués par l’artiste n’avaient pu être vérifiés. En réaction, Youssou N’Dour a appelé ses partisans à s’opposer à la tenue du scrutin.
Le chanteur dénonce une « décision politique »
« Nous n’autoriserons jamais Abdoulaye Wade à participer à cette élection », a-t-il affirmé à l’antenne de sa chaîne de télévision, TFM. « La décision de me tenir à l’écart n’a rien à voir avec le droit. C’est une décision politique, à laquelle nous répondrons par une décision politique », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
Selon un témoin, un poste de police de la ville de Kaolack, dans le centre, a été mis à sac et selon la radio publique, l’antenne locale du Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation de Wade, a été détruite par les flammes.
Wade appelle au calme
On signalait également des manifestations dans les localités de Thies et de Mbour. « Wade n’a aucun droit d’effectuer un troisième mandat, et le peuple saura résister », a assuré Moustapha Niasse, un ancien Premier ministre de Wade, désormais candidat face à lui.
Abdoulaye Wade a pris la parole à la télévision pour appeler les manifestants au calme. « La campagne électorale sera ouverte, il n’y aura pas de restrictions à la liberté », a-t-il affirmé.
Parmi les treize autres candidatures validées par le Conseil constitutionnel, on trouve le chef de fil du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng et deux autres ex-Premier ministres en plus de Niasse : Idrissa Seck et Macky Sall.