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Pourquoi Sarkozy n’a pas annoncé sa candidature dimanche

Malgré les appels du pied de nombreux responsables de droite, le chef de l’Etat n’a donc pas, comme prévu, franchi le Rubicon à la télévision. Il préfère jouer de sa posture de « président courage ». Jusqu’à quand ?

« Courage et lucidité ». A entendre les maîtres-mots de la droite après l’intervention de Nicolas Sarkozy, on devinait la stratégie du chef de l’Etat dimanche soir : reprendre la main sur le fond et se montrer en homme aux commandes du pays et au service des Français. Et tant pis pour tous ses amis à droite qui réclamaient une déclaration rapide de candidature, inquiets de la domination de François Hollande dans toutes les intentions de vote. « Je ne peux pas mettre ce pays en situation d’avoir un président candidat pendant des mois interminables », a expliqué Nicolas Sarkozy. Il a relevé que la question s’était posée pour tous ses prédécesseurs et « avec sagesse, tous ont pris la même décision : quand on est chef de l’Etat, on a des devoirs, on assume ces devoirs ».

A l’Elysée, on sait bien que le défi n’est plus de faire baisser l’impopularité du président tant les erreurs de style du début du quinquennat et le sentiment d’injustice dans le pays rendent cette mission impossible. Tout l’enjeu est d’installer le moins mal possible la dernière ligne droite de la campagne en mars-avril avec dans l’opinion la figure d’un président-candidat « courageux » face à un candidat socialiste supposé « démagogue » et « arrogant ». A de multiples reprises tout au long de la soirée, le locataire de l’Elysée a employé les mots « devoir », « lucidité » et « courage ».

« Il fallait se bouger »

S’il s’est concentré sur les questions économiques dimanche soir, consacrant une très large partie de son interview sur l’emploi et la bataille de la compétitivité, c’est parce que c’est le terrain sur lequel le chef de l’Etat conserve une relative confiance des Français par rapport à ses rivaux pour 2012. Ce thème du « président protecteur contre la crise » lui avait permis de reconstituer à l’automne son socle, en tout cas à droite, une base électorale qui s’est depuis grandement fragilisée avec la dégradation de la note de la France et les très mauvais chiffres du chômage.

C’est l’accélération de la hausse du chômage à la fin de l’année qui a d’ailleurs convaincu Nicolas Sarkozy de se lancer dans le pari très risqué de la TVA sociale et de la renégociation à risques des 35 heures. Depuis des mois, Jean-François Copé et ses amis de l’UMP plaidaient en ce sens, confiant en privé qu’ « il fallait se bouger », jetant du coup en creux un regard assez sévère sur le quinquennat écoulé. Mais il aura fallu la sévère rechute de la crise financière l’été dernier pour que le président de la République se décide à mettre en place des réformes structurelles pour commencer à changer le modèle de croissance du pays. En ligne de mire, le modèle allemand moins tourné sur la consommation et plus tourné sur la production et donc l’emploi.

Dans les pas de Merkel

Mais à moins de 100 jours du 1er tour de la présidentielle, le timing politique jette une lumière étrange sur ces décisions de Nicolas Sarkozy : est-ce un baroud d’honneur pour laisser une trace de « courage et de lucidité » ? Est-ce une stratégie de la continuité avec des propositions nouvelles ? Est-ce une façon de faire de nouveau tourner le débat autour de ces idées ? Sans doute un peu des trois. Reste qu’à la toute fin de son quinquennat, le président français met ses pas dans ceux d’Angela Merkel, une logique industrielle lourde qui procède plus d’un début de mandat. Mais lui reste-t-il d’autres cartes en mains ? Poser la question est déjà une forme de réponse.

En programmant l’action politique jusqu’au bout de son mandat, le président se veut protecteur de lui-même tant le candidat Sarkozy a promis en 2007, et l’heure du bilan doit être retardée le plus tard possible voire évitée. Lancer de nouvelles mesures qui vont faire le débat politique et syndical dans les prochaines semaines répond sans doute de cette logique de projection dans l’avenir. Même si la TVA sociale ne sera applicable qu’au mois d’octobre, sa logique doit être « dans les esprits avant le vote », selon les mots d’un ténor de la majorité. Comme si Nicolas Sarkozy voulait être jugé en mai sur les dernières réformes de son quinquennat censées identifier le capitaine courage « qui ne ment pas aux Français ».

A la veille de son interview, un sondage montrait bien que sa candidature importait bien moins aux Français que les mesures pour l’emploi et contre les effets de la crise économique et sociale. D’où sa volonté de rester président le plus tard possible. Mais comme un futur candidat, il a truffé son discours de piques contre ses futurs rivaux, dénonçant un « climat de démagogie » en visant explicitement son rival socialiste, sans le nommer. « Ce qui rend les Français inquiets, c’est quand on leur propose n’importe quoi », a-t-il lancé. Pas encore candidat officiel mais dimanche soir, c’était déjà bien en chef de la droite cherchant à cliver que Nicolas Sarkozy est apparu aux Français. Une figure politique étrange d’un président à l’impopularité inédite à trois mois d’un scrutin.

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