Les avocats de l’évêque, Mike Jocktane de l’église Christ révélé aux nations, ont récusé le tribunal dans sa composition collégiale pour suspicion légitime, lors de la réouverture hier du procès de leur client.
Le feuilleton judicaire de l’évêque Mike Jocktane s’est poursuivi hier avec l’audience en correctionnelle au tribunal de Libreville, sous haute surveillance policière. L’évêque Mike Jocktane de l’église Christ révélé aux nations, par ailleurs ancien directeur de cabinet adjoint du président Omar Bongo Ondimba en 2009, passé à l’Opposition, a comparu à cette audience dans un costume noir et une chemise violette de prélat. Il était accompagné de son épouse et de ses avocats, Mes Ndimine-Moussodou, Gilbert Erangah, Jean-Paul Moumbembé et Ntoutoume Lubin. Mike Jocktane est poursuivi par le ministère public pour ‘‘trouble à l’ordre public, destruction des biens d’autrui et coup et blessures volontaires.’’
Les faits remontent à plus d’un an. M. Mike Jocktane et Georges Bertrand Bekale, tous deux membres de l’Union nationale, le parti d’opposition dissout par le gouvernement, avaient été accusés par Mme Ida Réténo Assonouet, en sa qualité de porte-parole du ministère de la Justice, Garde des Sceaux d’avoir organisé dans l’après-midi du samedi 29 janvier 2011, sans autorisation du ministère de l’Intérieur, une marche illégale en direction du carrefour Rio avec pour point de départ la permanence de Monsieur Jean Eyeghe Ndong à Nkembo à Libreville. Au cours de cette manifestation qui intervenait au lendemain de l’auto-proclamation d’André Mba Obame comme président de la République gabonaise, immédiatement suivi par la dissolution de l’Union nationale, les participants auraient provoqué la destruction d’un bus de la police et d’autres biens appartenant à autrui, et blessé grièvement de leur fait, un agent de sécurité. La police avait interpellé et entendu des personnes qui avaient pris part à ces manifestations.
Déférés au parquet et inculpés par le procureur de la République, ils avaient été laissés en liberté provisoire. Lors d’une audience le 8 février 2011, leurs avocats ont sollicité un renvoi pour préparer la défense de leurs clients. Dans leur plaidoirie hier, les avocats du prévenu ont récusé le tribunal dans sa composition collégiale pour suspicion légitime. Interrogé sur la question, les avocats de l’évêque n’ont pas voulu en dire plus sur les tenants de cette ‘‘suspicion légitime.’’ Me Ndimine-Moussodou et Me Moumbembe ont déclaré que le tribunal qui rejette la récusation va envoyer le dossier en cour d’appel. L’audience est donc renvoyée sine die, c’est-à-dire à une date ultérieure. En novembre 2011, Mike Jocktane avait défrayé la chronique médiatico-judiciaire en affirmant dans un ouvrage que le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba avait contribué au financement de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, le président français, contrairement aux propos de Me Robert Bourgi qui affirmait la fin des distribution des mallettes sous Sarkozy.
Ces propos avait été formellement démentis par Mme Pascaline Mferry Bongo Ondimba, dans un communiqué de presse, en sa qualité d’ancien directeur de cabinet de son père. L’Affaire est d’ailleurs pendante au tribunal de Libreville où l’évêque dissident devrait bientôt recomparaître pour diffamation. Les sympathisants du prélat, les membres de l’ex-union nationale et le Mouvement « Çà suffit comme çà ! » évoquent un procès politique alors que le gouvernement inscrit ses poursuites dans le cadre du respect de l’Etat de droit. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, nous n’avons pas pu joindre Me Francis Nkéa, l’un des avocats conseil du ministère public (très sollicité devant la Cour constitutionnelle où il défend les candidats du PDG dans le contentieux postélectoral) pour recueillir l’avis de la partie civile. Affaire à suivre !
Louis-Philippe Mbadinga