Le tribunal correctionnel de Paris relaxe l’ancien porte-parole d’Eva Joly, poursuivi pour diffamation par le président du Gabon.
Yannick Jadot, l’ex-porte-parole de la candidate d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle Eva Joly, qui était poursuivi par le président du Gabon, Ali Bongo Ondima, pour avoir dit qu’il était un «dictateur», a été relaxé jeudi par le tribunal correctionnel de Paris.
«Ali Bongo tentait d’acquérir un brevet de vertu grâce à la justice française», a réagi Yannick Jadot dans un communiqué. «Il a cherché à convaincre» les opinions publiques internationale et gabonaise «que, malgré les violations constantes de toutes les libertés et la prédation organisée, il prétendait être un démocrate éclairé, et non pas un dictateur».
L’eurodéputé EELV dit espérer que «cette décision va stopper les tentatives d’intimidation du pouvoir Bongo contre celles et ceux qui, parfois au péril de leur personne, dénoncent la réalité politique à laquelle sont confrontés les Gabonais».
Pour l’écologiste, «un an après le début du printemps arabe, Ali Bongo redoute probablement de plus en plus que le souffle démocratique d’Afrique du Nord traverse le Sahara et se propage dans son pays!»
Le 16 juillet 2011, Yannick Jadot avait critiqué dans Libération la parade militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées.
«Quand on ferme les yeux une seconde et qu’on imagine un défilé militaire dans un autre pays, on pense immédiatement à une dictature», avait dit l’eurodéputé, rappelant au passage que les défilés de 2008 et 2009 s’étaient faits «devant Bachar al-Assad, ou devant des dictateurs africains comme Ali Bongo».
«Faire défiler nos armées devant des personnes qui massacrent leurs peuples, ce n’est pas un signal très positif envoyé à la République», avait-il ajouté.
«Jugement de valeur»
Ali Bongo avait alors décidé de le poursuivre pour diffamation et injure. Dans son jugement, la 17e chambre reconnaît que la partie civile ait pu «s’estimer blessée» par les propos litigieux.
Néanmoins, elle considère que l’expression «des dictateurs comme Ali Bongo» constitue «non une injure, mais un jugement de valeur porté plus sur la nature d’un régime politique que sur un homme, dont la formulation ne dépasse pas les limites de la liberté d’expression dont doit pouvoir bénéficier, dans une société démocratique, un homme politique exprimant (…) son opinion sur l’exercice du pouvoir par un autre homme politique».
Le tribunal n’a pas plus retenu contre M. Jadot la diffamation, estimant que les propos sur les «massacres» ne pouvaient, au vu du contexte international de violences en Syrie, être associés, aux yeux du lecteur, qu’au «seul Bachar al-Assad».
Lors de l’audience du 15 décembre, Yannick Jadot avait réitéré ses accusations envers le président gabonais.
«Je ne crois pas qu’on puisse le qualifier de dictateur depuis qu’il est président de la République», avait rétorqué l’avocat d’Ali Bongo, Me Patrick Maisonneuve, en appelant la partie adverse à le distinguer de son père, Omar Bongo, mort en juin 2009 après 41 ans de pouvoir.