Une participation massive est d’autant plus importante pour le régime que la plupart des mouvements d’opposition réformatrice ont décidé de boycotter le scrutin pour protester contre la répression sévère dont ils ont été victimes depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009. ( © AFP Atta Kenare)
Les Iraniens ont voté vendredi pour renouveler les 290 députés d’un Parlement qui devrait rester dominé par les conservateurs au pouvoir, l’opposition réformatrice ayant boudé le scrutin pour protester contre la répression dont elle est victime depuis 2009.
Conformément à ce que plusieurs dirigeants avaient annoncé par avance, les médias ont évoqué des taux de participation supérieurs à 60%, un chiffre élevé pour des législatives et qui a immédiatement été qualifié de « gifle aux ennemis » du régime.
Comme à chaque élection générale, la clôture du scrutin initialement prévue pour 18H00 (14H30 GMT) a été repoussées à plusieurs reprises pour n’intervenir que cinq heures plus tard, afin de permettre au maximum de personnes de voter.
Le pouvoir avait appelé les 48 millions d’électeurs à une participation massive pour marquer leur soutien au régime, confronté à de sévères sanctions internationales et à une menace militaire d’Israël contre son programme nucléaire controversé.
« Il y a eu ces derniers temps beaucoup de propagande et de pression contre l’Iran » et « plus les gens voteront, mieux ce sera pour l’avenir, le prestige et la sécurité du pays », a souligné le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, en mettant son bulletin dans l’urne dès l’ouverture du scrutin.
Auparavant, le président Mahmoud Ahmadinejad avait appelé à la mobilisation pour « donner un Parlement fort et populaire » au pays.
La participation aux législatives oscille traditionnellement entre 50% et 70% et elle avait été de 55,4% lors des dernières élections en 2008, selon les chiffres officiels.
L’affluence a été inégale dans les bureaux de vote de Téhéran visités par l’AFP, de longues queues s’allongeant devant de gros bureaux assiégés par les médias alors que d’autres semblaient beaucoup moins fréquentés.
De nombreux électeurs de tous âges, majoritairement favorables aux conservateurs, ont affirmé être venus voter par devoir et aussi dans l’espoir que le nouveau Parlement s’attaque aux problèmes économiques, jugés prioritaires par tous.
« Je vote pour mon pays, pour mon peuple », a déclaré Abbas, un homme d’une soixantaine d’années accompagné de sa femme et de son fils dans une mosquée transformée en bureau de vote. Avant d’ajouter: « Il faut régler les problèmes économiques, l’inflation et le chômage. Mon fils n’a pas d’emploi ».
La plupart des mouvements d’opposition réformatrice avaient décidé de boycotter le scrutin, pour protester contre la répression sévère dont ils ont été victimes après la réélection contestée de M. Ahmadinejad en 2009.
La bataille électorale va donc essentiellement se jouer entre les différentes factions conservatrices au pouvoir, divisées au sein d’une nébuleuse de coalitions de circonstance aux programmes flous.
L’ancien président réformateur Ahmad Khatami a toutefois voté. De son côté, Akbar Hachémi Rafsandjani, ancien président conservateur modéré qui a pris ses distances avec le pouvoir, a espéré que le futur Parlement soit « conforme à ce que les citoyens souhaitent et aux bulletins qu’ils ont mis dans les urnes ».
Mais à l’écart des bureaux de vote, plusieurs étudiants réunis dans un café du nord de Téhéran ont expliqué ne pas vouloir participer au scrutin.
« Je suis certain que le résultat a été décidé d’avance, et que je vote ou pas ne changera rien », a affirmé Reyhane, 25 ans. « De toutes façons, les autorités vont annoncer une forte participation pour justifier leur légitimité », a ajouté son ami Reza, 23 ans.
Rappelant les restrictions aux libertés politiques en Iran, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé un scrutin « injuste », notamment en raison de la sélection par le régime des quelque 3.400 candidats autorisés à briguer les suffrages des électeurs.
Les premiers résultats du scrutin devraient être connus dès samedi matin et les résultats définitifs sous deux ou trois jours, a indiqué le ministère de l’Intérieur.