Les Nations unies n’ont pas été en mesure d’établir les circonstances exactes de la mort de Mouammar Kadhafi après sa capture près de la ville de Syrte le 20 octobre dernier et ne peuvent dire s’il s’agissait d’un assassinat, selon un rapport rendu public vendredi à Genève.
Dans ce rapport de 200 pages, la commission de l’Onu sur les crimes de guerre et les violations des droits de l’homme en Libye, mise en place en mars 2011, déclare n’avoir recueilli que des récits de seconde main et contradictoires qui ne permettent pas de déterminer avec certitude comment est mort l’ancien « Guide » libyen.
Selon certaines sources, Kadhafi, capturé blessé mais vivant, a été tué d’une balle dans la tête par un combattant rebelle alors qu’il se trouvait dans une ambulance.
« La commission est dans l’incapacité de confirmer que la mort de Mouammar Kadhafi relève d’un assassinat extra-judiciaire et elle juge nécessaire un complément d’enquête », souligne le rapport qui va être discuté ces prochaines semaines au Conseil des droits de l’homme de l’Onu.
Kadhafi et son fils Moutassim qui tentaient de fuir dans un convoi de vingt véhicules la ville de Syrte ont été stoppés par une attaque de missile de l’Otan et les tirs des forces rebelles.
Le convoi transportait environ 200 hommes armés ainsi que plusieurs femmes et enfants.
Réfugié avec quelques-uns de ses partisans dans une maison cernée par les rebelles, Kadhafi voulait apparemment résister sur place. Finalement, son fils Moutassim l’aurait convaincu de tenter de s’échapper en rejoignant les voitures du convoi encore intactes, poursuit le rapport.
Le groupe d’une vingtaine de combattants a cherché à échapper à ses poursuivants en rampant sur le sable et a atteint deux canalisations en contrebas d’une route, où il s’est établi en position de défense.
Un des soldats de Kadhafi a alors lancé une grenade en direction des rebelles qui approchaient sur la route mais cette grenade a heurté un mur de ciment, retombant juste devant le « Guide ».
L’ancien dirigeant libyen a été blessé par des éclats de cette grenade et son ministre de la Défense, Aboubakr Younis, a été tué.
« Kadhafi a été blessé par des éclats qui ont déchiqueté son gilet pare-balles. Il était assis sur le sol, hébété, sous le choc, du sang coulait de sa tempe droite. C’est alors que quelqu’un dans le groupe a agité un turban blanc en signe de reddition », précise le rapport.
Le document précise que les deux camps ont commis des crimes de guerre pendant le conflit et ajoute que des assassinats, des actes de pillage et de torture se sont poursuivis sous le nouveau régime.
Robert Evans, Guy Kerivel pour le service français