Gil Ndjouwou est ressorti libre, hier, du tribunal administratif de Melun. Durant trois jours,ce sans-papiers a relaté son séjour au centre de rétention du Mesnil-Amelot sur le réseau social.
Melun, hier. « Enfin libre ! » pourrait tweeter Gil Ndjouwou, 23 ans, à sa sortie du centre de rétention administratif, en guise de conclusion à un témoignage totalement inattendu sur un univers inconnu du grand public. | (lp/l.m.) 2 réactionsRéagir Un jeune homme heureux et un peu déboussolé est sorti, hier après-midi, du tribunal administratif de Melun. Arrêté par les gendarmes mardi lors d’un contrôle de routine au péage de Coutevroult, Gil Ndjouwou, Gabonais de 23 ans, vient de voir annulé par la justice son placement au centre de rétention administratif (CRA) du Mesnil-Amelot pour situation irrégulière.
C’est la menace d’une expulsion vers son pays d’origine qui s’éloigne.
« Je suis évidemment soulagé, souffle l’étudiant encore sous le coup de l’émotion. Mais c’est encore trop frais pour que je puisse dire beaucoup plus de cette expérience. » Gil Ndjouwou peine à trouver les mots. Il est bien plus à l’aise à l’écrit, notamment par le réseau social Twitter, où pendant trois jours il a raconté* sa rétention. Un témoignage exceptionnel, mordant et parfois inattendu sur ce lieu fermé au regard du grand public.
Son visa étudiant n’a pas été renouvelé
En 140 caractères, le format maximum autorisé par Twitter, Gil décrit ainsi son environnement avec les yeux de Candide : « centre quasi neuf. Confort spartiate mais appréciable. 3repas/jour. 2 par chambre.infirmerie. Distributeur pr tabac, chocolats, sodas. » Avec humour, il note que les baby-foot du centre son « mal graissés » ou raconte quand une « délégation allemande visite le centre avec le préfet de seine et marne. C’est drôle de voir’en vrai’celui qui ns expulse ». Pour poster ses messages sur Internet, il utilise son téléphone portable, auquel il n’a accès que deux heures par jour, ou l’ordinateur des permanences de la Cimade, la seule association habilitée à intervenir dans les CRA.
« A la base, j’ai posté des messages sur Twitter simplement parce que c’était le moyen le plus simple de prévenir mes amis de ce qu’il m’arrivait, explique Gil Ndjouwou. Et puis j’ai vu que ça intéressait… En trois jours, je suis passé de 98 à 1500 followers (NDLR : personnes qui suivent son compte Twitter). »
A travers ses messages, ce jeune habitant de Reims (Marne), dont le visa étudiant n’a pas été renouvelé, brise également quelques idées reçues sur les CRA. Il écrit par exemple que « les policiers ici sont exemplaires. A l’écoute, souriants, très souvent amicaux. Loin des clichés de la tv. » « Je me suis retrouvé là parce que ma situation n’est pas régulière, explique Gil Ndjouwou. Tout le monde a fait son travail, je le comprends très bien. Et les conditions de la rétention étaient irréprochables. »
A présent libre après trois journées particulières, Gil compte entamer de nouvelles démarches de régularisation et espère bien s’inscrire dans en BTS communication. En la matière, il aurait plutôt des leçons à donner.
* Retrouvez la chronique complète de la rétention de Gil Ndjouwou en recherchant le pseudo @SoloNecrozis sur Twitter.