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Charivari à l’Université Omar Bongo

Après une reprise timide des cours le 14 mars dernier, la situation au sein de l’Université Omar Bongo (UOB) a viré au drame avec la prise en otage du recteur et des échauffourées entre les étudiants et les forces de sécurités qui y ont été envoyés pour le maintien de l’ordre. Les enseignants s’y seraient mis eux aussi.

La crise qui paralyse depuis le 12 mars dernier, le bon fonctionnement de l’Université Omar Bongo connaît depuis les dernières vingt quatre heures un nouveau revirement. Dans la «Lettre ouverte N°6» circulant au sein du campus de Libreville, on pouvait lire : «Cher étudiant, toi qui lis cette lettre, saches qu’il est temps de te décider afin que l’on ne te prenne plus pour un moins que rien. (…) le lundi 12 et mardi 13 mars derniers, grâce à ton mécontentement la bourse que tu revendiquais est tombée ce mercredi 14 à minuit. Pour répondre à ce geste, le Recteur vient de prendre une mesure selon laquelle, tes représentants sont suspendus de toute activité pédagogique et sont activement recherchés par la DGR (…) Ainsi, levons-nous comme un seul homme pour dire : excluez un, puis excluez-nous tous.» Ceci traduit le contexte et plante le décor du rebondissement survenu en dernier lieu.

Les étudiants entendaient donc faire barrage à la décision rectorale d’exclure neuf d’entre eux, soupçonnés d’être les meneurs du mouvement qui perturbe les cours au sein de l’institution. S’étant agglutinés devant la direction académique, ils exigeaient qu’un collectif constitué par leurs soins soit reçu. Contrariés par le fait que le recteur, Pierre Nzinzi, a suggéré de ne recevoir qu’un groupe de huit étudiants pour discuter des sanctions prises contre leurs collègues, les étudiants ont décidé, le jeudi 15 mars, de faire pleuvoir des cailloux sur le rectorat, brisant des vitres, saccageant des bureaux et blessant une employée du rectorat.

Selon une source estudiantine, «le professeur Pierre Nzinzi, aurait été pris en otage par les étudiants. D’où l’intervention des forces de sécurité dans l’enceinte du campus universitaire à coup de gaz lacrymogène pour ramener le calme et faire sortir le recteur». Celui-ci, selon des sources concordantes, est resté bloqué dans le bâtiment de 9 h à 15 h, lorsque sont arrivés les gendarmes. Selon Gabon télévision, «deux gendarmes ont été blessés contre un étudiant interpellé lors des affrontements».

D’une manière générale, les étudiants réclamaient, depuis quelques jours, le paiement de la bourse pour près de 1000 d’entre eux dont cette allocation a été coupée pour limite d’âge fixée à 27 ans ou pour deux échecs successifs. Ils réclamaient aussi l’ouverture aux étudiants des Facultés d’un concours d’entrée à l’École Normale Supérieure (ENS) et une harmonisation dans l’application du système Licence, Master et Doctorat (LMD) dans toutes les Facultés.

Dans la journée du 15 mars, un communiqué du gouvernement a expliqué que «Certains enseignants chercheurs notamment au sein de la faculté de Droit et des sciences économiques, soit par volonté de rétention aux desseins inavoués, soit par négligence, ont retardé la communication des notes pour le calcul des résultats à transmettre à l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) avant de distiller dans l’opinion publique et particulièrement auprès des étudiants, des informations subversives sur le non paiement des bourses.»

Et de poursuivre, «Dans le même temps, un groupe d’étudiants instrumentalisés à souhait, sous prétexte de retard dans le paiement des bourses aux bénéficiaires du Fonds de soutien spéciale aux études, sont auteurs des troubles à l’ordre public au sein de l’UOB, de tentative de destruction des biens de l’État, d’atteinte à l’intégrité physique des dirigeants de l’Université, des enseignants et de la quasi-totalité des étudiants.»

Le communiqué gouvernemental explique également que «tous les étudiants de l’UOB, postulant au Fonds spécial de soutien aux études, sont conscients que leurs dossiers n’ont été transmis à l’ANBG que le vendredi 2 mars 2012, soit seulement onze (11) jours avant le déclenchement de leur mouvement d’humeur.»

Comme pour réagir au communiqué du gouvernement, le Syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC) a organisé, ce même 15 mars, une assemblée générale à l’UOB. Au terme de quoi, les enseignants syndiqués ont décidé d’emboiter le pas aux étudiants. Ils ont donc déclenché une grève d’avertissement d’une semaine, en vue de réclamer notamment la revalorisation de leurs salaires, le payement des primes et des logements.

A quelques variantes près, les problèmes de l’Université gabonaise sont les mêmes depuis le début des années 90. A chaque fois, les solutions, qualifiées de replâtrage par bien d’observateurs, n’ont toujours consisté qu’à obtenir l’accalmie et la reprise des cours. Pour cette fois, les revendications des étudiants ont commencé en janvier dernier. Du fait que le pays organisait la Coupe d’Afrique des nations de football, le gouvernement Paul Biyoghé Mba avait décidé de fermer l’université le 17 janvier 2012 et d’envoyer tous les étudiants en vacances jusqu’au 13 février. Réouverture du campus, réouverture du sac à problème. Jusqu’à quand ?

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