Les sapeurs-pompiers ont sorti, hier matin, le cadavre d’une fillette d’environ deux ans, gisant sous la jetée située en face de l’immeuble Air France sur le front de mer à Libreville.
Le cadavre d’un enfant de sexe féminin non identifié a été sorti de l’eau hier par les sapeurs-pompiers. La découverte macabre a été faite sous la jetée située en Face de l’immeuble Air France, à un jet de pierre du palais Rénovation, abritant la Présidence de la République, sur le boulevard de l’Indépendance (bord de mer) à Libreville. Selon un membre du corps des sapeurs pompiers présents sur les lieux du drame, ce sont des coureurs (joggeurs) qui ont appelé vers 9 heures pour les alerter de la découverte macabre. Il s’agit d’une enfant d’environ deux ans, mais dont l’âge est visiblement difficile à déterminer, du fait de son état physique. La fillette à demi-nue, qui portait un haut rayé et des chaussettes bleu-ciel avait l’air maladive. On dirait un de ces enfants malnutris caractérisés par des membres chétifs et un ventre ballonné. Le corps de la pauvre petite fille, jetée probablement à l’eau, tard dans la nuit, au moment où les rues sont désertes, ne présentait aucune mutilation. Cependant, il faudrait être un proche pour identifier ce visage quelque peu blanchi et rendu quasiment méconnaissable par l’action de l’eau et du sable.
Qui a pu commettre un tel acte ? S’interrogeaient les passants attroupés sur les lieux, le visage meurtri par ce spectacle insoutenable. S’agit-il d’un corps inerte jeté à l’eau par des parents ne pouvant s’acquitter des frais mortuaires ou s’agit-il d’un infanticide commis par des parents pour qui la fillette était devenue un boulet, une charge difficile à supporter ? C’est l’une des questions auxquelles la police judicaire devrait apporter des réponses, si une enquête était ouverte. En tout cas, le parquet a été alerté et Mme le procureur de la République s’est rendue sur les lieux. Cependant, cet énième cas d’enfant jeté qui défraie la chronique à Libreville pose le problème d’une natalité non contrôlée, dans un contexte où les concepts de santé sexuelle et de droit à la reproduction sont des réalités d’une grande partie de la population empêtrée dans la précarité. Ce cas malheureux a également montré une fois de plus le manque d’équipements appropriés pour les sapeurs-pompiers qui ont du mal à repêcher le cadavre et le tenir dans des conditions idoines. Il n’y avait en effet ni draps, ni sac mortuaire pour envelopper le corps du bébé, encore moins de cordage pour le hisser facilement hors de l’eau. Les pompiers n’ont pas eu d’autre choix que de l’envelopper avec un tee-shirt sale qui ajoutait à la découverte macabre. Après venait la longue attente des pompes funèbres qui rechignent à s’occuper des corps abandonnés.
Louis-Philippe MBADINGA