Le Committee de Protection des Journalistes appelle les autorités du Gabon à mettre fin aux poursuites judiciaires contre six journalistes dans le cadre des articles qui soulèvent des questions quant à l’utilisation d’un avion présidentiel. Deux des journalistes ont fui le pays, craignant l’arrestation, après avoir été convoqués par la police pour interrogatoire.
À partir de la première semaine de mars, la police dans la capitale Libreville a émis des convocations aux éditeurs Guy Pierre Biteghe du Mbandja, Désiré Ename des Echos du Nord, Maximin Mezui de La Une, Jean de Dieu Ndoutoume Eyi-de Edzombolo, Blaise Mengue Menna de La Nation et au journaliste indépendant, Marc Ona Essangui, selon des journalistes locaux.
Les convocations ont été fondées sur les articles soulevant des questions critiques au sujet de l’utilisation d’un avion présidentiel par Maixent Accrombessi, chef de cabinet du Président du Gabon Ali Bongo Ondimba , pour un voyage non officiel au Bénin en novembre, ont déclaré les journalistes au CPJ. Accrombessi a été brièvement détenu le 11 novembre 2011 à l’aéroport international dans la ville béninoise de Cotonou suite à une vérification de sécurité, selon des reportages internationaux. Le journal béninois indépendant Le Béninois Libéré a indiqué que des stupéfiants, des sommes d’argent et des femmes ont été trouvées à bord de l’avion, en attribuant l’information à des sources aéroportuaires et de sécurité, selon les interviews du CPJ avec les journalistes locaux. Dans une déclaration à la presse , le gouvernement du Bénin a qualifié ces allégations de « fausses et diffamatoires », et a officiellement présenté ses excuses au Gabon. L’organisme de réglementation des médias d’Etat au Bénin a par la suite interdit Le Béninois Libéré et interdit à l’éditeur Aboubacar Takou et au rédacteur en chef Eric Tchakpè de pratiquer le journalisme, selon des reportages .
Alors que d’autres médias gabonais ont signalé l’incident mais choisit de suivre la ligne officielle, les cinq journaux privés ont commenté de façon critique les allégations, selon des journalistes locaux.
« Les journalistes ont fait des rapports sur une question d’intérêt public et il n’y a aucune raison pour les autorités de les interroger», a déclaré le responsable Afrique du CPJ, Mohamed Keita. « Nous appelons les autorités gabonaises à abandonner toute poursuite contre ces journalistes. »
Seulement deux des six journalistes, Biteghe et Essangui, se sont signalés à la police, ont-ils dit au CPJ. Au cours d’un interrogatoire de trois heures le 1er mars, la police a exigé de savoir pourquoi Biteghe a publié un article sur les allégations. Essangui, un militant de l’environnement ainsi que journaliste, a été interrogé pendant 45 minutes le 13 mars sur l’envoi en ligne de l’article d’un journal béninois colportant les allégations. Ndoutoume-Eyi et Mezui ont ignoré la convocation, ont-ils dit au CPJ. Deux autres éditeurs, Ename et Menna, ont fui le pays, craignant d’être arrêtés, selon des journalistes locaux.
Aucun des journalistes n’a été formellement inculpé. Toutefois, si le Procurer de l’État Sidonie Flore Ouwe autorisait des accusations telles la diffamation criminelle ou au outrage à la République, les convictions porteraient des peines de prison, selon des journalistes locaux.
Traduction par Bongo Doit Partir (https://www.bdpmodwoam.org)