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Mali: la rébellion touareg poursuit l’offensive, les putschistes isolés

L'activité restait ralentie vendredi à Bamako. Dans la cour de l'Office de la radio-télévision du Mali (ORTM, public), transformé en quartier général officieux des mutins qui l'occupent depuis mercredi, toutes sortes d'objets récemment volés ou pillés étaient entassés: télévisions, ordinateurs, meubles.
L’activité restait ralentie vendredi à Bamako. Dans la cour de l’Office de la radio-télévision du Mali (ORTM, public), transformé en quartier général officieux des mutins qui l’occupent depuis mercredi, toutes sortes d’objets récemment volés ou pillés étaient entassés: télévisions, ordinateurs, meubles.

Par François-Guillaume Lorrain

Au lendemain du coup d’Etat militaire qui a renversé le régime du président malien Amadou Toumani Touré, la rébellion touareg a annoncé vendredi la poursuite de son « offensive », tandis que les appels au retour à l’ordre constitutionnel se sont multipliés en Afrique et dans le monde.

Dans le même temps, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a pris le pouvoir jeudi, a affirmé à la presse que les dirigeants du régime renversé étaient « sains et saufs » et seraient « prochainement remis à la justice malienne ».

« Pour l’instant, je ne vous dirai pas » où se trouve le président Touré. « Il va très bien, il est en sécurité », a déclaré à la presse le capitaine Sanogo.

La rébellion touareg, qui a indirectement provoqué le coup d’Etat de soldats excédés par le manque de moyens, a indiqué pour sa part qu’elle entendait poursuivre « son offensive » dans une zone où sévissent aussi des groupes islamistes.

Sur son site Internet, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) dit vouloir continuer à agir « pour déloger l’armée malienne et son administration de toutes les villes de l’Azawad » (nord), le berceau des Touareg.

La rébellion, qui contrôle avec d’autres groupes plusieurs localités du nord-est du Mali, affirme avoir pris le contrôle d’une nouvelle localité du nord malien, « la ville d’Anéfis, située sur l’axe de la route nationale Gao-Kidal ».

L’Union africaine (UA) a décidé vendredi de suspendre le Mali de toute participation à ses activités jusqu’au retour « effectif de l’ordre constitutionnel » dans ce pays.

Une mission conjointe de l’UA et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doit par ailleurs se rendre incessamment à Bamako pour appeler les putschistes à rendre le pouvoir.

L’Union européenne (UE) a quant à elle « fermement » condamné « les tentatives de prise de pouvoir par la force au Mali » et appelé « à la fin immédiate des violences et à la libération des responsables de l’Etat », au « retour d’un gouvernement civil et à la tenue d’élections démocratiques comme prévu ».

Plusieurs scrutins étaient programmés en 2012 au Mali, dont une présidentielle et un référendum constitutionnel le 29 avril.

L’UE, un des principaux partenaires du Mali, a décidé « de suspendre temporairement les opérations de développement », sauf l’aide humanitaire.

Pays voisins affectés

Cette prise de position s’ajoute aux condamnations unanimes déjà exprimées à l’étranger, dont celles des voisins du Mali: Algérie Niger et Mauritanie, où les répercussions de la crise sont fortement ressenties.

La guerre dans le nord malien a provoqué le déplacement de plus de 200.000 personnes, dont la moitié environ dans ces pays.

Les voisins du Mali sont en outre impliqués dans la lutte contre les activités d’Al-Qaïda au Maghreb islamiques (Aqmi), qui a des bases dans le nord malien d’où elle opère dans la bande sahélo-saharienne. La Mauritanie mène régulièrement en territoire malien des opérations anti-Aqmi.

Le Mali est confronté depuis mi-janvier à des attaques du MNLA et d’autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.

Des soldats du rang dirigés par le capitaine Sanogo ont annoncé jeudi avoir renversé le régime du président Touré, après des affrontements avec des loyalistes à Bamako où au moins trois personnes ont été tuées par des balles perdues, selon Amnesty International.

Ils ont accusé le président Touré, ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques, d’incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes, dont Aqmi.

Le chef des putschistes, le capitaine Sanogo a affirmé vendredi que « ces gens (les anciens dirigeants) sont sains et saufs. On ne touchera pas à un cheveu de quelqu’un » et ils seront remis « à la justice ».

La France, ancienne puissance coloniale, a déclaré vendredi n’avoir pas réussi à joindre le président déchu et a réclamé le respect de son intégrité physique.

« Je ne suis pas un homme de guerre », a par ailleurs assuré le capitaine Sanogo, affirmant être ouvert à « la négociation » avec la rébellion touareg.

L’activité restait ralentie vendredi à Bamako où les soldats se sont livrés mercredi et jeudi à des pillages, ont réquisitionné des véhicules particuliers.

Le siège de la Douane a été pillés. Des pillages condamnés par le capitaine Sanogo, qui s’est engagé à y mettre fin.

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