Macky Sall, 50 ans, qui a écrasé le sortant Abdoulaye Wade à la présidentielle du 25 mars, est officiellement devenu lundi le quatrième chef de l’Etat du Sénégal après avoir prêté serment à Dakar devant un parterre de dirigeants étrangers, en majorité africains.
Sa victoire au second tour du scrutin avec 65% des voix contre 34% à Abdoulaye Wade qui avait très vite reconnu sa défaite, avant même la publication des résultats officiels, avait été unanimement saluée dans le monde comme un des rares exemples de réussite démocratique en Afrique.
« Devant Dieu et devant la nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement ma charge de président de la République, d’observer et de faire observer les dispositions de la Constitution, de respecter les institutions (…), de défendre l’intégrité du territoire et de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine », a déclaré Macky Sall, sous les applaudissements.
La cérémonie d’investiture s’est déroulée devant quelque 2.000 invités triés sur le volet rassemblés sous un chapiteau pavoisé aux couleurs du Sénégal – rouge, jaune et vert – dressé dans les jardins d’un grand hôtel du quartier résidentiel des Almadies à Dakar.
Parmi eux figuraient une dizaine de chefs d’Etat africains, dont l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Congolais Denis Sassou Nguesso, la Libérienne Helen Johnson Sirleaf et le Béninois Yayi Boni, président en exercice de l’Union africaine (UA). La France, ancienne puissance coloniale, était représentée par son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Ils ont ensuite participé à un sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur la crise au Mali où, contre-exemple de la démocratie sénégalaise, des militaires ont renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré et où la rébellion touareg a depuis conquis le nord du pays.
Réduire la pauvreté
Macky Sall n’a pas assisté à l’ouverture du sommet, se rendant directement du grand hôtel des Almadies au palais présidentiel en centre-ville où l’attendait pour la passation de pouvoir son ancien mentor Abdoulaye Wade, dont il a été plusieurs fois ministre, puis Premier ministre, avant d’être débarqué en 2008.
La prestation de serment a été précédée par un discours du président du Conseil constitutionnel, Cheikh Tidiane Diakhaté.
Il s’est réjoui que le scrutin présidentiel (premier tour du 28 février et second tour du 25 mars) se soit déroulé dans la « plus grande transparence » en dépit des « prédictions les plus alarmistes ».
Il a estimé que malgré « les invectives » à leur encontre, les cinq sages du Conseil constitutionnel avaient « accompli leur devoir ».
La validation fin janvier par le Conseil de la candidature d’Abdoulaye Wade, 85 ans dont douze au pouvoir, jugée « illégale » par ses opposants après deux mandats, avait été suivie de violences qui, pendant quatre semaines ont fait de six à quinze morts et au moins 150 blessés.
Les deux tours de l’élection et la campagne du second tour se sont en revanche passés sans incidents majeurs.
Dès mardi, Macky Sall, qui avait bénéficié du soutien de l’ensemble de l’opposition pour le second tour, devrait faire connaître son nouveau Premier ministre et son équipe gouvernementale.
Le nom de Jacques Diouf, ancien président de l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a été cité par la presse sénégalaise pour prendre la tête du gouvernement.
M. Sall, qui, depuis l’indépendance du Sénégal en 1960 succède à Léopold Sedar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, a affirmé que l’une de ses priorités serait d’oeuvrer à la réduction de la pauvreté.
Il devra aussi tenter de résoudre le conflit en Casamance, région du sud du Sénégal en proie à une rébellion indépendantiste armée depuis trente ans.