Les insurgés touaregs, qui ont pris le contrôle du nord du Mali, ont annoncé vendredi l’indépendance de la nation Azaouad, invoquant 50 ans de mauvaise gouvernance du pays et la charte de l’ONU sur les droits des peuples autochtones.
« Considérant la libération complète du territoire d’Azaouad, nous proclamons irrévocablement l’indépendance de l’Etat d’Azaouad, à partir d’aujourd’hui, vendredi 6 avril 2012 », précise le Mouvement national de libération de l’Azaouad (MNLA), dans un communiqué diffusé sur leur site internet, signé par le secrétaire général Billal Ag Acherif.
« L’accumulation de plus de 50 ans de mauvaise gouvernance, de corruption et de collusion militaro-politico-financière, met en danger l’existence du peuple d’Azaouad et menace la stabilité de la région et la paix internationale », poursuit le MNLA dans son communiqué.
Le Mouvement national de libération de l’Azaouad (MNLA) accuse également les gouvernements maliens d’avoir essayé d’éliminer les touaregs, en les affamant lors des différentes sécheresses.
Le ministre français de la Défense Gérard Longuet a estimé vendredi qu' »une déclaration d’indépendance unilatérale qui ne serait pas reconnue par les Etats africains n’a pas de sens pour nous ».
« La question est la question politique: que veut la CEDEAO (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest)? Ce n’est pas encore complètement clair, souhaite-t-elle une négociation? », s’est-il interrogé lors d’une rencontre avec la presse anglophone. « Nous attendons de la CEDEOA quelle approfondisse la solution politique de long terme au Mali ».
« Dès lors que cette situation politique aura reçu l’assentiment de la communauté internationale, nous aurons les moyens matériels comme les Etats-Unis d’aider à la concentration des troupes si besoin était », a-t-il ajouté.
« On ne peut rien régler au Mali sans connaître les points de vue des pays voisins », a martelé Gérard Longuet, rappelant que « ce que se passe au Mali est une conséquence de l’affaire libyenne très indirectement ».
Le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé avoir fermé temporairement son ambassade à Bamako, et rappelé son personnel face « à la situation instable et imprévisible au Mali, ainsi que l’absence continue de règle constitutionnelle ». Mercredi, Londres a appelé ses ressortissants à quitter le pays le plus rapidement possible.
Le mouvement touareg a profité de l’instabilité provoquée par le putsch du 21 mars pour s’emparer des trois principales villes du nord du pays, Gao, Kidal et Tombouctou. Une offensive qui a débouché sur la partition de facto du pays, sans que l’on sache exactement laquelle des différentes armées insurgées occupe quelle ville.