La publication récente par des scientifiques gabonais de trois tomes sur l’Assemblée nationale du Gabon, ramène au bon souvenir de l’opuscule, antérieur, de Pierre Nguéma Mvé sur le même sujet. L’histoire coloniale de l’Assemblée nationale en quelques paragraphes.
L’Institut recherche en sciences humaines (IRSH) de l’Université Omar Bongo, sous la supervision du Centre national de la Recherche scientifique et technologique (CENAREST), a présenté le 28 mars dernier, une histoire de l’Assemblée nationale du Gabon portant sur le parcours de l’institution durant les cinquante dernières années, depuis l’indépendance du pays.
Épais de 361 pages, le premier tome de ce travail, intitulé «L’histoire de l’Assemblée Nationale», va à la recherche des origines de l’institution durant la colonisation. Il vient ainsi compléter un opuscule sur la question, publié il y a plusieurs années sous les bons auspices de Pierre Nguéma Mvé, ancien secrétaire général de l’Assemblée nationale et actuel conseiller technique dans la même institution.
A la lecture de cet ouvrage antérieur, on pourrait résumer la «préhistoire» de l’Assemblée nationale du Gabon en quelques paragraphes. Surtout que l’histoire pré-indépendance de la première chambre du parlement gabonais, ne remonte qu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
Au lendemain de cette grande guerre, la France, puissance tutélaire de nombreuses entités nationales africaines, se dote d’une nouvelle loi fondamentale : la constitution de 1946. Celle-ci préconisait une assemblée particulière chargée d’adapter les lois aux situations particulières des possessions françaises d’Outre-mer. Ce sera l’Assemblée de l’Union française, sans réels pouvoirs mais qui s‘accompagnait de la naissance en Afrique des Grands conseils de l’AOF, de l’AEF et du Cameroun qui préfiguraient les institutions parlementaires nationales.
Ainsi, au Gabon, par le décret n°46-2-374 du 25 octobre 1946, se crée un Conseil représentatif local, chargé d’élire le délégué gabonais à l’Assemblée de l’Union française et les conseillers de la République. A l’issue des élections du 15 décembre 1946, ce conseil se constitue avec 30 membres élus et la première réunion de cette «Assemblée du peuple» se tient le 30 janvier 1947. On note, qu’un Français, M. Marcel Regnault, est le président de ce conseil et que MM. Stanislas Migolet et Paul Gondjout figurent parmi les membres avec le titre de «conseiller local».
Selon la constitution, cette Assemblée représentative locale disposait de trois attributions : elle délibérait, donnait des avis et votait le budget préparé par le gouvernement territorial. A l’assemblée de l’Union française, le Gabon est représenté successivement par M. René Paul Sousate (de 1947 à 1953) et par M. Jean Jacques Boucavel (de 1953 à 1959).
La volonté de la France et de son chef historique, le général de Gaulle, de faire participer de plus en plus les colonisés à la gestion de leurs propres affaires devait se traduire par la mise en place de l’Union Française et la création d’assemblées locales et Grands conseils régionaux où siégèrent des élus du peuple désignés à la faveur des élections du 15 décembre 1946. Le conseil local issu de cette première consultation populaire de l’histoire du Gabon, se mua, après les élections de 1952, en Assemblée territoriale du Gabon.
La loi cadre adoptée par le parlement français en 1956, donna aux territoires d’Outre-mer une nouvelle personnalité juridique qui les conduiraient peu à peu vers l’indépendance.
Pour consacrer les nouvelles dispositions de la loi Cadre, des élections furent organisées au Gabon le 31 mars et le 5 mai 1952. Les anciens «comités électoraux», devenus avec l’évolution des partis politiques, présentèrent aux électeurs trois listes : celle du Bloc démocratique gabonais (BGD) conduite par son co-fondateur Paul Gondjout, celle de l’Union démocratique et sociale gabonaise (UDSG) de Jean-Hilaire Aubame et une liste d’indépendants.
Un gouvernement fut constitué par le BDG qui disposa d’une majorité de 21 voix contre 19 pour l’UDSG. Paul Gondjout, secrétaire général du BGD, fut élu président de l’Assemblée nationale, le 15 mai 1957.
Avec le retour au pouvoir en France, du général de Gaulle, le 1er juin 1958, le mouvement de décolonisation s’accélère. La Loi-cadre devient caduque. Le 28 novembre 1958, à l’issue d’un vote unanime des élus du peuple à l’Assemblée législative, l’ancienne colonie du Gabon devient la République gabonaise avec, à sa tête, un Premier ministre, Léon Mba, nommé le 18 février 1959.
Le 17 août 1960, après 121 ans de colonisation, le Gabon accède à l’indépendance. La suite, qui est du domaine contemporain ou plutôt de l’ère postcoloniale, est à lire dans la trilogie du Cenarest présentée le 28 mars dernier, notamment dans le 1er tome sus cité intitulé «L’histoire de l’Assemblée Nationale». Ce volume va plus profondément à la recherche des origines de l’institution durant la colonisation, présente son évolution, avant de procéder à une analyse des changements intervenus dans son statut et son fonctionnement.