Le Nord est entre les mains des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), de groupes islamistes armés, Ansar Dine en particulier, qui est appuyé par Aqmi, de trafiquants et de divers groupes criminels, plongeant dans l’inquiétude toute l’Afrique de l’Ouest.
Des discussions sur une sortie de crise au Mali, menées par le médiateur et président burkinabè Blaise Compaoré, ont eu lieu samedi à Ouagadougou pour fixer une « feuille de route » de la transition après le retrait des putschistes et rétablir la situation dans le Nord tenu par des groupes armés.
A l’issue de la première journée de discussions qui doivent se poursuivre dimanche, Homeny B. Maiga, président de l’Assemblée régionale de Kidal (nord du Mali) a affirmé que le mouvement islamiste Ansar Dine, qui contrôle la région avec d’autres groupes armés, était d’accord pour « ouvrir un corridor humanitaire » pour soulager les populations victimes de pénuries.
« Mais ils veulent savoir l’origine de l’aide, ils ne veulent pas l’aide venue de la France ou des Etats-Unis », a affirmé M. Maiga.
Ansar Dine a libéré samedi 160 militaires maliens faits prisonniers lors des combats qui ont démarré en janvier dans le Nord-Mali. « Nous l’avons fait au nom de Dieu », a déclaré à l’AFP un proche d’Iyad Ag Ghaly, le chef d’Ansar Dine.
Ce groupe s’impose de plus en plus dans le nord du Mali, avec le soutien d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Deux otages français d’Aqmi enlevés en novembre 2011 dans le Nord, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, apparaissent sur une vidéo tournée en février et envoyée au Burkina Faso qui, selon une source sécuritaire burkinabè, l’a transmise au gouvernement français.
Désigné médiateur dans la crise malienne par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), M. Compaoré a affirmé que la réunion de Ouagadougou devait permettre d’aboutir à « une feuille de route consensuelle » pour « parachever la mise en oeuvre » de l’accord politique conclu récemment avec la junte de Bamako.
Soumeyla Cissé, ancien dirigeant de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) et qui était l’un des favoris à la présidentielle qui devait avoir lieu au Mali le 29 avril, a affirmé après la rencontre que « l’important, c’est qu’on a eu l’occasion de se parler, de tirer les leçons de ce qui s’est passé et de dire: plus jamais ça ».
L’accord avec les putschistes du 22 mars a permis le transfert du pouvoir de la junte aux civils et l’investiture jeudi de l’ex-président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré comme chef de l’Etat par intérim.
La réunion de Ouagadougou a aussi pour objectif d’élaborer, dans le respect de l’intégrité territoriale du pays, « une approche de sortie de crise dans le nord du Mali », sous la coupe de la rébellion touareg et de groupes islamistes armés.
Après l’investiture de M. Traoré, un Premier ministre doté des « pleins pouvoirs » doit être désigné. Il dirigera un gouvernement d' »union nationale » comptant une vingtaine de personnalités « consensuelles ».
La composition de ce gouvernement qui devrait intégrer des membres de l’ex-junte ayant renversé le président Amadou Toumani Touré (ATT), sera au menu des discussions, de même que la durée de la transition.
L’intérim de Dioncounda Traoré doit théoriquement se conclure au bout de 40 jours par des élections présidentielle et législatives. Mais l’accord obtenu par la Cédéao a déjà pris acte de l’impossibilité de tenir ce délai.
La délégation de l’ancienne junte est conduite par Moussa Sinko Coulibaly, directeur de cabinet de l’ex-chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo.
Les vice-présidents de l’Assemblée nationale et des représentants de plusieurs ex-candidats à la présidentielle du 29 avril sont aussi présents, de même que des représentants du nord du Mali.
La plus grande urgence est de trouver une issue à la crise dans cette région où la multiplication des exactions et les pénuries de vivres et de médicaments inquiètent la communauté internationale.
La Cédéao continue de brandir la menace d’une intervention militaire régionale dans le Nord en cas d’échec du dialogue, mais ses contours demeurent flous.
Le Nord malien est contrôlé depuis fin mars par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et des trafiquants en tous genres. Des éléments du groupe islamiste nigérian Boko Haram ont également été signalés.