« C’est aux gabonais de multiplier les partenariats pour que nous ne soyons pas dominé dans le cadre de nos échanges économiques avec la France ». C’est le credo du politologue-chercheur au CENAREST, Wenceslas Mamboundou qui a un jour de la présidentielle en France croit dur comme fer, que ni le candidat socialiste, François Hollande, ni celui de l’UMP, Nicolas Sarkozy encore moins les autres ne changeront grand-chose aux grands groupes français exerçant au Gabon et en Afrique. (Propos recueillis par Yorick KOMBILA MANFOUMBY).
GABONEWS (GN) : A quoi ressemblera le nouveau partenariat entre le Gabon et la France d’une part et entre l’Afrique et la France d’autre part si la Gauche arrive aux affaires en France ou en d’autres termes comment poursuivre les relations de coopération avec la France?
Wenceslas MAMBOUNDOU (WM) : Je crois que les intérêts de la France ne sont pas dictés par la couleur politique à laquelle vous appartenez mais plutôt par la France proprement dit.
Rappelez-vous les propos du Général De Gaulle qui disait qu’en politique étrangère il n’y a pas des pays amis, il n’y a que des pays à intérêts économiques. Et je crois que la France en tant que puissance mondiale s’efforce de maintenir cette maxime du Générale De Gaulle.
Ce n’est pas la première fois que la gauche arriverait au pouvoir, on a eu une première expérience de la gauche en 1981 parce qu’au moment du parti socialiste, nous avons entendu toutes les louanges ou toutes les bonnes volontés qui énoncées par le parti socialiste en ce qui concerne les nouvelles relations à établir avec l’Afrique (ancien pré-carré français), qui n’avaient rien changé.
Cela n’a pas changé pourquoi ? Parce que je crois que les africains en font une espèce de romantisme de ces relations. C’est-à-dire qu’on pense qu’il suffit qu’un parti soit de gauche pour que les relations changent entre l’Afrique dont fait parti le Gabon et la France ou entre les anciens pays colonisés et l’ancien pays colonisateur.
Je crois qu’il est important de comprendre que dans le cadre des relations internationales, il y a plusieurs acteurs. La France en tant qu’état n’est pas le seul acteur qui dicte les intérêts de la France. Il y a aussi les lobbys donc les entreprises privées, les multinationales qui exercent un pouvoir énorme dans la définition de la politique française.
Je crois que de ce point de vue, même si Hollande était élu Président de la République française, je ne pense qu’il vaille changer grand-chose aux grands groupes français exerçant en Afrique.
GN : Qu’est ce que le Gabon peut attendre de ce nouveau partenariat si Sarkozy est maintenu ?
WM : C’est d’abord aux gabonais de définir quel type de partenariat ils veulent avec la France, c’est aussi aux gabonais de multiplier les partenariats pour que nous ne soyons pas dominés dans le cadre de nos échanges économiques avec la France.
Il y a, à ce niveau un travail à faire. De mon point de vue, la part des acteurs politiques gabonais : c’est d’abord défendre les intérêts des gabonais parce qu’ils sont élus pour pouvoir défendre les intérêts des gabonais.
Donc, une fois que cela aura été fait, une fois qu’on saura quel type de partenariat on veut avec la France, évidemment on pourra en discuter avec la France.
Nous avons vu il y a pas si longtemps, le Président Sarkozy était ici pour pouvoir parler d’une politique avec l’Afrique et nous avons eu des accords signés mais malheureusement nous n’avons pas encore vu l’application réelle de ces accords parce qu’on a l’impression que la France semble se cacher derrière l’Union Européenne surtout en ce qui concerne la mobilité des gabonais car il y a eu un accord signé à ce niveau.
Des médias ont rapporté récemment que des étudiants étrangers dont gabonais ont été refoulés de France, cela au risque de me répéter veut dire qu’il nous appartient de revoir les intérêts du Gabon avec ce pays.
GN : Est-ce que le vote des binationaux à une influence dans les relations entre le Gabon et la France ?
WM : Il n’y a pas d’influence majeure de mon point de vue. Peu importe les binationaux car lorsqu’ils vont voter ils le feront en fonction de leur cœur et de leur intérêt en tant qu’électeur. Maintenant attendons de voir et ne condamnons pas aussi rapidement.
Mais en ce qui me concerne que ce soit Sarkozy ou Hollande, la politique française restera la même, c’est-à-dire celle basée autour des intérêts de la France.
GN : Pourquoi le Front National fait- t-il un bon score au Gabon ?
WM : Vous savez il y a des lignes partisanes qui existent et se sont d’autres indicateurs qui font le vote. Il y a un discours qui plait actuellement aux français, c’est celui de Le Pen qui est d’ailleurs actuellement récupéré par Nicolas Sarkozy lorsqu’il durcit son discours et devient beaucoup plus à droite en ce qui concerne les éléments liés à l’immigration alors qu’il y a un contexte économique qui fait en sorte que beaucoup connaissent un certain nombre de problèmes dans leur pays.
On a tendance à oublier que la mondialisation amène l’ouverture des frontières, une vague de nouveaux arrivants et une vague de nouvelles personnes avec des compétences variées qui permettent d’ouvrir des marchés à la France. Je pense donc qu’il revient aux élites françaises de pouvoir faire comprendre aux français que la France a toujours été un pays d’accueil et que les africains ont participé à la libération de la France, il y a là ne fusse qu’une dette morale et il est tout a fait normal que ce discours soit rayé de l’opinion public qu’on ne créé pas de l’ostracisme en faisant croire que se sont les africains et les magrébins qui sont à l’origine de leur maux, ce qui n’est pas le cas et c’est ce qui peut justifier de mon point de vue qu’il y ait un vote « lepéniste » particulièrement au Gabon.