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Soudans. Raid aérien meurtrier sur le Sud

1.200 soldats sud-soudanais ont été tués dans les combats pour la zone pétrolière de Heglig. (ADRIANE OHANESIAN / AFP)
« Pas de négociations avec ces gens », a promis le chef d’Etat à propos du gouvernement sud-soudanais.

L’armée soudanaise a célébré, lundi 23 avril, en présence du président Omar el-Béchir, la reconquête de la zone pétrolière disputée de Heglig. Dans le même temps, l’armée a mené un nouveau raid aérien meurtrier sur Bentiu, au Soudan du Sud.

« Pas de négociations avec ces gens », a promis le chef d’Etat à propos du gouvernement sud-soudanais, qu’il avait qualifié d' »insecte » la semaine dernière. « Avec eux, nous négocions avec des fusils et des balles », a-t-il ajouté, en dépit des appels de la communauté internationale.

Après deux semaines de violents combats, la région de Heglig était jonchée de cadavres de soldats sud-soudanais, et ses précieuses infrastructures pétrolières, qui représentaient la moitié de la production du Nord, étaient très endommagées.

La reconquête d’Heglig

Khartoum avait annoncé vendredi la reconquête de Heglig, prise le 10 avril par l’armée sud-soudanaise. Son adversaire affirme, pour sa part, avoir mené, sous la pression internationale, un retrait volontaire et progressif achevé dimanche.

« Le nombre de morts est de 1.200 pour le SPLM », les ex-rebelles sudistes désormais au pouvoir au Soudan du Sud depuis la sécession en juillet 2011, a lancé le commandant de l’armée soudanaise, Kamal Marouf, devant quelque 2.000 soldats. Il n’a en revanche pas précisé de bilan pour ses propres troupes.

Les combats ont aussi entraîné la fuite des quelque 5.000 habitants de Heglig et des villages voisins, selon un rapport des autorités soudanaises cité par l’ONU.

L’aviation soudanaise bombarde Bentiu

Dans le même temps, des avions soudanais ont mené un nouveau raid à Bentiu, capitale de l’Etat sud-soudanais d’Unité, à une soixantaine de kilomètres au sud de Heglig, larguant plusieurs bombes près d’un pont stratégique et d’un marché.

Le bombardement a fait au moins deux morts, dont un enfant dont le cadavre carbonisé a été vu par une journaliste de l’AFP qui se trouvait en voiture dans la zone du raid. D’épais nuages de fumée grise s’élevaient du marché, où des civils paniqués couraient près des étals en flammes.

« Ceci est une grave escalade et une violation du territoire du Soudan du Sud (…). Il s’agit d’une provocation évidente », estime Mac Paul, directeur adjoint des services sud-soudanais de renseignement.

« Nous avons répondu aux appels (internationaux) à évacuer Heglig (…) mais ils continuent de nous bombarder », a dénoncé le ministre sud-soudanais de l’Information, Barnaba Marial Benjamin. Le ministre juge que Khartoum est en train de mettre à exécution ses promesses d’envahir le Soudan du Sud.

La communauté internationale condamne les attaques

1.200 soldats sud-soudanais ont été tués dans les combats pour la zone pétrolière de Heglig. (ADRIANE OHANESIAN / AFP)
« Pas de négociations avec ces gens », a promis le chef d’Etat à propos du gouvernement sud-soudanais.

Le gouverneur de l’Etat de l’Unité, Taban Deng, évoque, de son côté, la mort de deux enfants dans le raid sur Bentiu, estimant que cela est la « conséquence » du retrait, sous la « pression de la communauté internationale » des troupes sud-soudanaises de Heglig.

Les Etats-Unis ont exhorté le Soudan à « cesser immédiatement les bombardements aériens » au Soudan du Sud, après le raid du lundi et appelé les deux parties à reprendre les discussions. Le président Barack Obama affirme que « les tueries d’innocents doivent cesser » dans les zones frontalières entre Soudan et Soudan du Sud, qui doivent négocier pour mettre fin aux violences. La France condamne pour sa part le bombardement de Bentiu et appelle au respect des populations civiles.

Le bombardement sur Bentiu, déjà visée deux fois par l’aviation soudanaise en avril, intervient alors que les troupes sud-soudanaises ont quitté la zone de Heglig. La région frontalière revendiquée par les deux Soudans est largement reconnue comme soudanaise par la communauté internationale.

Des infrastructures pétrolières en mauvais état

Après une dizaine de jours d’occupation et de combats, les troupes soudanaises ont retrouvé les infrastructures pétrolières en très mauvais état. Un réservoir ainsi que huit générateurs ont été détruits par des incendies, tandis que du pétrole se répandait sur le sol du site géré par le consortium à majorité chinoise Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC).

Abdel Azim Hassan, un ingénieur soudanais du GNPOC, accuse les troupes sud-soudanaises d’avoir « détruit la principale centrale électrique alimentant les champs de pétrole et la centrale de traitement ». Le cadre ajoute que des saboteurs « professionnels » avaient aussi détruit les salles de contrôle et le système de sécurité de la centrale de traitement. Le GNOPC cherche maintenant à relancer manuellement les unités de production « aussi vite que possible », précise l’ingénieur.

L’arrêt de la production pétrolière de Heglig depuis le 10 avril a affaibli encore un peu plus l’économie soudanaise, déjà en crise depuis que la partition a laissé les trois-quarts des réserves pétrolières au Soudan du Sud.

La situation est tout aussi difficile pour Juba, en charge d’un pays dévasté par la guerre civile Nord/Sud (1983-2005, 2 millions de morts) et qui est tributaire pour exporter son pétrole des infrastructures soudanaises pour l’instant fermées.

Par Le Nouvel Observateur avec AFP

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