La capitale malienne, théâtre de heurts violents lundi, était hier sous le contrôle de la junte militaire du capitaine Sanogo.
Les Bamakois restaient terrés chez eux, hier, inquiets de la confusion qui régnait encore en ville, après les violents affrontements de la veille entre la junte militaire et les bérets rouges loyalistes. Le fragile statu quo de la « transition » bâti par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), sous l’étroit contrôle de l’autocrate burkinabé Blaise Campaoré, a brutalement volé en éclats lundi, après des affrontements entre des étudiants de l’Association des élèves et étudiants du Mali, dont certains étaient armés, signe que les armes circulent à Bamako, et des militaires fidèles à la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo.
Au terme de ces affrontements, une étudiante était tuée, tandis que le président de l’organisation étudiante était blessé par balles. Une rumeur a dès lors circulé, prêtant aux bérets verts de la junte la volonté d’arrêter le colonel Abidine Guindo, chef du camp de parachutistes de Djicoroni-Para et chef d’état-major particulier du président déchu, Amadou Toumani Touré, réfugié à Dakar. Les militaires loyalistes sont alors sortis de leur camp, bouclant les rues adjacentes, avant de se diriger vers l’aéroport, vers le siège de l’ORTM (télévision publique) occupé par les militaires du capitaine Sanogo depuis le coup d’État du 22 mars et, surtout, vers le camp de Kati, siège de la junte militaire. Des affrontements à l’arme lourde ont alors opposé les deux camps au cœur même de la capitale malienne.
Hier, la junte militaire a dénoncé une tentative de contre-coup d’État. « Nous tenons l’ORTM, l’aéroport et Kati. Nous maîtrisons la situation. Il y a eu des morts mais pour l’instant on ne peut pas donner le nombre. Nous verrons dans la journée », affirmait hier matin à l’AFP un officier de communication de la junte. « La situation reste très confuse. Nous craignons des représailles, nous confiait hier un opposant à la junte militaire. C’est la chasse aux bérets rouges à Bamako, les véhicules sont fouillés, les contrôles d’identité se multiplient, les gens préfèrent rester chez eux. » Pendant ce temps, le nord du Mali reste l’objet d’une partition de fait, avec la partie septentrionale du pays sous contrôle de la rébellion touareg et des groupes islamistes armés.
320 000 réfugiés et déplacés
Plus de 320 000 personnes ont fui leur domicile depuis les premières attaques au nord du Mali, le 17 janvier dernier, et cherché refuge ailleurs dans le pays ou à l’étranger, a indiqué hier une porte-parole des Nations unies à Genève. Selon Corinne Momal-Vanian, sur ces 320 000 personnes, « il y a 187 000 réfugiés dans les pays voisins ». Pour sa part, un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Adrian Edwards, a précisé : « Nous avons actuellement 62 871 personnes en Mauritanie, 56 664 au Burkina Faso et 39 388 au Niger. »