Discours du Chef de l’Etat- Le président de la République a réuni, hier à Libreville, tous les responsables de la haute Administration du pays, en présence notamment du Premier ministre et des membres du gouvernement, pour une importante communication essentiellement destinée à susciter une remobilisation générale et un véritable sursaut, propres à installer réellement le Gabon sur la voie de l’émergence socio-économique, qu’il entend réaliser à l’horizon 2025. Le chef de l’Etat, qui a indiqué que l’Administration est au cœur du dispositif d’animation de l’action publique, et souligné que ses responsables doivent être les dépositaires et les relais de l’Emergence afin de faire du «Gabon émergent» une vision partagée, a annoncé une répartition claire des rôles de chacun des acteurs impliqués dans le fonctionnement de l’Etat, en précisant que le pouvoir politique conçoit les politiques publiques et suit leur mise en œuvre , alors que l’Administration les exécute et que les structures de contrôle assument leurs missions légales et réglementaires. En conclusion, Ali Bongo Ondimba a appelé à la conclusion d’un authentique «Pacte de confiance» avec l’Administration.
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les Secrétaires Généraux,
Mesdames, Messieurs les Directeurs de Cabinet,
Mesdames, Messieurs les Directeurs Généraux,
Mesdames, Messieurs les Directeurs et Chefs de Service,
Mesdames, Messieurs,
L’Administration est au cœur du dispositif d’animation de l’action publique. C’est pourquoi, j’ai tenu à vous rencontrer, car vous êtes des maillons essentiels dans son fonctionnement et votre rôle est capital dans la réalisation de notre ambition commune qui vise à faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025.
En effet, l’administration et le pouvoir politique que j’incarne ici, au delà du lien juridique consacré par notre Constitution, jouent un rôle complémentaire : l’un prend des décisions et l’autre les met en œuvre.
C’est pour cette raison que depuis mon accession à la Magistrature Suprême en octobre 2009, j’ai tenu à renouveler et surtout à moderniser cette relation, afin qu’elle gagne en efficacité et en pertinence.
Je pense notamment à la répartition très claire des tâches qui articule désormais toute l’organisation administrative : le pouvoir politique se chargera désormais de concevoir les politiques publiques et de suivre leur mise en œuvre ; l’administration s’occupera des tâches d’exécution, en partenariat avec le secteur privé et les acteurs non étatiques.
Les structures de contrôle continueront leurs missions légales et réglementaires. Pour atteindre nos différents objectifs, nous devons tendre vers une administration encore plus performante.
Ce sont les services et organismes à la tête desquels vous vous trouvez qui doivent donner corps à cette vision. Pour cela, vous devez être les premiers dépositaires et relais de l’émergence au sein de vos services pour faire du Gabon Emergent une vision partagée. Vous y arriverez en vous consacrant avec rigueur, détermination et enthousiasme à sa mise en œuvre.
En effet, la traduction de cette vision en actions concrètes suscite un réel espoir chez nos compatriotes tout comme auprès de divers partenaires de plus en plus attirés par la dynamique de changement induite par le Gabon Emergent.
Cet attrait est lié à la fois à une perception globale de l’Afrique, perçue comme un véritable territoire d’opportunités pour l’investissement et les affaires mais surtout, à la nouvelle image du Gabon, bâtie sur le changement, les efforts, les réalisations, une nouvelle gouvernance et les effets de la CAN 2012.
Mesdames et Messieurs,
Vous l’aurez constaté : la structure du Gouvernement de Mission que j’ai nommé en Février épouse les grandes lignes du Plan Stratégique du Gabon Emergent auquel vous avez grandement contribué.
En alignant la structure du Gouvernement au Plan Stratégique Gabon émergent, il s’agissait de rechercher la cohérence dans la mise en œuvre des politiques sectorielles et de minimiser les goulots d’étranglements causés par la complexité de l’organisation des structures administratives, le chevauchement et la duplication des compétences, sans oublier la multiplication des organes divers qui ont souvent contribué à freiner gravement l’action de la puissance publique.
Il y a derrière ce changement, le souci de mutualiser nos moyens et nos compétences afin de rationaliser la gestion des Départements Ministériels et prendre en compte de manière éminente la transversalité des secteurs.
En mars dernier, des Plans de Travail ministériels ont été élaborés au sein de l’ensemble des Ministères. J’apprécie à sa juste valeur votre collaboration et votre engagement lors de l’élaboration de ces plans qui font ressortir des feuilles de route détaillées. Chaque mission, chaque action, et chaque indicateur de réalisation étant clairement établis dans le temps.
C’est à travers des exercices aussi structurants qu’au fil des ans, seront posés les fondements du Gabon Emergent, à savoir le Gabon Vert, le Gabon Industriel et le Gabon des Services, le tout menant à une prospérité partagée.
Le PSGE repose sur le paradigme qui veut que l’Etat se concentre essentiellement sur ses fonctions régaliennes : établir des institutions fortes, bâtir un Etat de droit, définir la stratégie et la piloter, assurer la sécurité des personnes et des biens, mettre à disposition les services sociaux de base.
Dans cette acception de la gouvernance publique, l’Etat délègue à d’autres structures les fonctions de régulation et d’exécution.
C’est toute la signification de la place et du rôle des Agences qui viennent compléter notre dispositif général d’intervention à côté des ministères et des divers démembrements administratifs.
En effet, les Agences vont permettre de réaliser les projets avec plus de diligence, d’efficacité et de transparence. Pour ne citer qu’un exemple, l’Agence Nationale des Grands Travaux, ANGT, nous en a fait la preuve lors de l’organisation de la CAN 2012.
En mettant sur pied une administration dont le fonctionnement est fondé sur le principe de la spécialité des tâches, les Cabinets politiques et vous, l’administration centrale, avez pour rôle de conduire les tâches d’orientation, de conception et de contrôle. Les services publics personnalisés, et certains services centraux en régie, dans le cadre de leurs périmètres, sont pour leur part chargés de mener les tâches d’exécution et de mise en œuvre des politiques publiques mais aussi de conseil aux organes de décision et de contrôle, lorsque cela peut s’avérer nécessaire.
Je voudrais rappeler que les Agences et autres services publics personnalisés ne sont pas des ministères bis. Ils sont le bras séculier des Départements Ministériels dont ils dépendent par le lien juridique de la tutelle administrative et technique. Ils n’évoluent pas en marge du système public. Ils en sont un maillon.
Ce sont des instruments au service des Ministères, des contribuables, des usagers et des citoyens.
Il revient aux Ministères, comme je l’ai déjà dit lors de mon adresse à la nation, le 17 août 2011, d’établir un dialogue de gestion permanent qui doit obligatoirement et systématiquement se traduire par des Contrats d’Objectifs et de Performances.
C’est par ce moyen que la loi invite les Ministres et les responsables de l’administration centrale à contrôler ces structures.
C’est par ce type de contrat que se formalise la relation entre l’Etat et tous les organismes ayant reçu une délégation de service public.
S’agissant de la mise en œuvre du PSGE, je présiderai autant de fois que nécessaire des Conseils de Cabinet pour impulser, piloter et suivre les programmes majeurs qui y sont contenus.
A ce sujet, j’ai inauguré ce mécanisme d’orientation du travail gouvernemental le 27 Avril dernier avec le Secteur de l’Education.
En effet, sans un système éducatif de qualité, tourné vers la satisfaction des besoins réels du monde du travail, notre volonté d’être un pays émergent à l’horizon 2025 sera sujette à caution.
Il revient maintenant au Gouvernement, avec l’appui de toutes les administrations concernées de tout mettre en œuvre pour traduire les besoins exprimés en actions concrètes. Mesdames, Messieurs
Une administration de développement n’est possible qu’en cultivant le sens de l’anticipation, du suivi, l’esprit de travail en groupe, la coordination, la coopération entre services, administrations et ministères.
La Réforme de l’État, plus spécifiquement la réforme de notre Administration, qui constitue l’un de nos vastes chantiers, prendra tous ces éléments en considération.
D’ores et déjà, il est bon de souligner que d’autres changements significatifs ont été initiés pour une nouvelle gouvernance publique.
Aussi, la centralisation au niveau de la Gestion Financière et de la Gestion des Ressources Humaines dans les Ministères va s’élargir à l’ensemble des Fonctions Supports, notamment les systèmes d’information, la documentation et la gestion des archives et du courrier, la communication, les études, le conseil juridique, l’audit et le contrôle.
Ceci constitue une innovation majeure dans l’organisation administrative, le but recherché est que les Ministères disposent, dans tous ces domaines, d’un appui performant et qu’ils puissent désormais se focaliser, chacun, sur leurs missions opérationnelles.
Je tiens également à vous informer de la réforme de certains outils de planification de notre développement, ce qui a permis l’élaboration d’un schéma directeur national d’infrastructures. Ainsi, l’administration dispose dorénavant d’un portefeuille complet et cohérent d’infrastructures dont chaque département concerné devra piloter la mise en œuvre.
Mesdames et Messieurs, J’ai conscience qu’il faut améliorer les conditions de travail des agents de l’État ainsi que leurs perspectives de carrière. En même temps, leur formation de base comme leur perfectionnement continu doivent être une préoccupation constante des pouvoirs publics.
Des outils de travail modernes seront très prochainement mis à la disposition des agents de l’administration, qui doivent désormais s’approprier pleinement les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication.
Dans ce cadre, l’Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences, ANINF, s’atèle au déploiement rapide des équipements informatiques et la mise en service de la nouvelle technologie Wi-max dans toute l’administration, afin d’y généraliser l’accès internet haut débit et de favoriser le déploiement d’un intranet gouvernemental collaboratif.
Ces nouveaux outils doivent aussi permettre d’optimiser, de faciliter et de réduire de façon drastique les coûts de la communication au sein de l’administration. Ce faisant, vous devez toujours avoir présent à l’esprit la finalité de l’Administration qui est d’être au service du citoyen et de l’usager. Pour qu’il en soit ainsi, il vous faut rompre avec certaines pratiques passéistes et dégradantes qui discréditent notre Administration, et qui par ricochet contribuent à ternir et à salir l’image de notre pays de façon générale. Il vous faut résolument rester attaché aux règles de déontologie et d’éthique que dictent les textes qui vous régissent. Ces règles établissent et commandent que l’Administration soit proche des administrés. L’Administration ne doit pas apparaître aux usagers comme un lieu sombre et obscur où : • les horaires de travail sont déterminés en fonction des humeurs de chacun ; • l’absentéisme devient un fléau ; • quelques fonctionnaires se complaisent à multiplier des trafics d’influence ; • la recherche d’une information, le suivi d’un dossier, ou encore la délivrance d’un acte administratif prennent la forme d’un parcours du combattant ; • les dossiers ne sont pas traités avec la plus grande diligence, car ils servent à décorer les bureaux et à garnir les tiroirs des agents ; • l’insulte et le manque de respect envers les usagers prennent le pas sur les règles élémentaires de bienséance ; • le racket et la corruption à tous les niveaux de notre administration deviennent monnaie courante ; • l’impunité, encouragée par la hiérarchie, gangrène les services ; • le harcèlement sexuel prend de l’ampleur et démotive les personnes compétentes. Il nous faut également une Administration où règne et prévaut le sens de la justice et de l’égalité. Cela suppose un traitement identique à niveau égal et diplôme de telle sorte qu’un agent parce qu’il ou elle travaille dans un département dit prestigieux ou fortuné, roule avec une voiture qu’un Directeur Général de hiérarchie supérieure d’une autre administration ne peut se permettre, si par bonheur il a la jouissance effective d’un véhicule de fonction. De tels écarts et dérives ne participent pas à l’instauration d’avantages liées au mérite, à la responsabilité et aux performances, ni à la production de la richesse. Je donne instruction au Premier Ministre et au Ministère chargé de la Réforme de revoir, de rationaliser et d’harmoniser la politique de gestion et les règles d’attribution du parc automobile et tous les fonds communs existants ou à venir.
Il vous revient de tout mettre en œuvre pour redonner à notre Administration ses lettres de noblesse, de la mettre résolument au service des usagers, et de raffermir le lien de proximité.
La mutation vers une administration proactive, respectable et respectée est le chemin indispensable pour mériter le label d’Administration de Service auquel nous aspirons.
L’efficacité de l’Administration que je viens d’évoquer postule un différent mode de gestion des projets et des affaires publiques.
C’est pourquoi, je viens de créer, au niveau de la Présidence de la République, une structure de pilotage et de suivi du dispositif que requiert le PSGE : Il s’agit du Bureau de Coordination des Programmes de l’Emergence, BCPE.
Non seulement le BCPE m’informera en temps réel de l’état de la réforme et du suivi des projets en cours mais aussi et surtout il vous accompagnera dans le processus, en liaison étroite avec le Secrétariat Général du Gouvernement.
Gérer autrement les affaires publiques signifie aussi que l’Administration adopte le mode de fonctionnement Projet qui allie la pleine responsabilisation du maître d’œuvre et la nécessité pour lui de rendre compte. Un outil de gestion des projets a été élaboré et sera mis à votre disposition dans le cadre du BCPE. C’est pourquoi, tous les projets devront désormais être instruits de façon impartiale par un dispositif d’analyse de projet pour s’assurer de leur conformité avec le PSGE.
Tout ceci doit se traduire aux yeux et au niveau des citoyens par la quête permanente de la satisfaction du service attendu, dans le respect des principes d’égal accès mais aussi des lois et règlements sans passe-droits d’où qu’ils viennent. Tous le Gabonais sont égaux devant le service public !
Mesdames et Messieurs,
Placés aux côtés de vos Ministres, vous êtes des acteurs clés et vous assurez la permanence et la pérennité des structures de notre pays dans sa marche vers l’émergence.
S’il est vrai que les institutions valent par leur solidité, leur articulation cohérente et leur efficience sont largement tributaires de la qualité des femmes et des hommes qui les animent.
Cette qualité s’exprime en termes de compétence, de culte du travail, de patriotisme, d’engagement, de souci constant de l’intérêt général et du travail bien fait.
C’est pourquoi, lorsque des mesures sont annoncées, aussi bien vos Supérieurs hiérarchiques que nos concitoyens s’attendent à ce que vous preniez votre part de responsabilité et d’action dans leur mise en œuvre, en jouant pleinement votre rôle, en faisant et en faisant faire ce que vous avez à faire et ce qui doit être fait ; en proposant des alternatives lorsque vous estimez que les solutions préconisées peuvent être améliorées.
J’ai demandé l’identification nominative et par matricule les éléments de nos forces de l’ordre, pour lesquelles les dispositions législatives et réglementaires existent. Quid de son sans application diligente ?
Nous devons rompre avec l’immobilisme, le manque d’initiative en espérant que le Chef finira par oublier.
A contrario, je salue le sens de la suite dans les idées, du suivi des décisions et du contrôle de certains démembrements administratifs.
Suite aux mesures de réorganisation et d’assainissement des conditions d’octroi et de gestion des bourses, les missions de paiement des allocations conduites directement sur le terrain reviennent avec 50% à deux tiers des budgets annoncés et en réalité fictifs.
Sur cet exemple, vous devez, chacun en ce qui vous concerne, faire partie intégrale de la solution et non être le problème. Il vous revient par conséquent d’appliquer et de faire appliquer les dispositions légales et réglementaires qui s’imposent lorsque cela est nécessaire.
C’est ce à quoi nos concitoyens s’attendent. C’est ce à quoi je m’attends également afin de juger de l’efficacité de notre Administration.
Faire le contraire est inacceptable et ne restera plus impuni !
Mesdames, Messieurs,
Il nous faut ensemble construire une Administration où le système d’évaluation des performances est revisité et devient une règle établie, transparente, juste et objective, permettant ainsi à côté des sanctions négatives, de distinguer et de promouvoir les meilleurs cadres, agents et employés. C’est ainsi que nous tisserons la toile d’une administration imprégnée de ses devoirs, dynamique et assoiffée de servir.
Ce faisant, vous devez toujours garder à l’esprit que l’Administration, par son action structurante, contribue au développement du secteur privé et des richesses.
Je voudrais vous rappeler que le Plan Stratégique du Gabon Emergent auquel vous-mêmes et vos collaborateurs avez contribué, est un outil qui dans sa concrétisation vise à asseoir les fondements du Gabon Emergent dans la période 2011-2016.
Il vise notamment à relancer le secteur pétrolier et minier, valoriser les ressources agricoles, aquacoles et d’élevage, mettre en relief les ressources halieutiques, et gérer de façon durable les ressources forestières.
Il s’agira également de transformer le système éducatif et renforcer le capital Humain, doter le pays des infrastructures de base structurantes, créer un cadre des affaires attractif et compétitif et fonder une nouvelle gouvernance publique au service de l’Emergence.
En effet, notre mode de gestion passé des affaires publiques nous a conduits, jusque-là, à des résultats mitigés, malgré les richesses et les potentialités qu’offre notre pays.
J’attends de chacune et de chacun d’entre vous une appropriation de ce Plan Stratégique, une implication réelle dans la mise en œuvre des Plans de Travail Ministériel, une collaboration sans faille dans le cadre du pilotage et du suivi des différentes réformes qui ont été engagées en vue de la mutation qualitative de notre pays et de la satisfaction des attentes légitimes des Gabonaises et des Gabonais.
Instituons un pacte de confiance à cette fin.
Je vous invite tous, d’ores et déjà à avancer dans cette nouvelle dynamique et à initier les différentes réformes annoncées.
C’est sur cette note et dans cet état d’esprit que je vous invite à retourner dans vos administrations respectives, fortement imprégnés de cette démarche et de la volonté de la conduire, chacun à son niveau.
Je sais pouvoir compter sur vous pour gagner le défi que nous nous sommes lancés et que nous avons aussi lancé au Monde.
Je vous encourage et vous remercie.