Le mercredi 2 mai dernier, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, a fait une allocution devant les représentants de la haute administration gabonaise, à travers laquelle il a dénoncé de nombreux problèmes et dérives qui entravent le fonctionnement de l’appareil étatique.
Même si cette rencontre entre le président gabonais et les membres de la haute administration, parmi lesquels le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, a eu lieu dans la journée, c’est n’est que dans la soirée, aux environs de 20h 45 que la Télévision gabonaise a diffusé l’élément complet. Entre temps, le débat entre Nicolas Sarkozy, le président sortant de la République française et François Hollande, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle de ce pays, a occupé les télévisions de nombreuses familles.
Du coup, après sa diffusion intégrale, les débats sont allés bon train dans les bistrots et autres coins populaires de la capitale.
Pour les uns, Ali Bongo a très bien parlé lorsqu’il a lui-même su pointer du doigt tous les pesanteurs qui alourdissement l’efficacité de l’administration publique.
«On voit que le président de la République commence à mieux comprendre comment les choses fonctionnent autour de lui. Avant il parlait peut être sans avoir une réelle expérience de ce qu’il disait. Mais là, il sait désormais qu’il est difficile de tuer les vieilles habitudes», a apprécié un cinquantenaire qui travaille lui, comme fonctionnaire, et qui a par ailleurs souligné que «c’est bien qu’il en parle devant les caméras du monde entier. Au moins, les coupables savent désormais qu’ils ne sont pas cachés seuls dans leur coin».
Selon un étudiant qui prenait part à une mini agora devant l’épicier de leur coin, dans l’ancienne cité de Nzeng Ayong, « les problèmes que dénoncent le chef de l’État sont connus de tous et on peut s’étonner qu’il les découvre. Il aurait pu mettre l’accent sur les sanctions concrètes de sorte que le gens qui occupent un poste se sentent menacés lorsqu’ils agissent comme des bandits».
D’autres par contre estiment que le chef de l’État parle beaucoup mais que cela ne se produit pas beaucoup d’effets. «Ce n’est pas la première fois que le président parle de la sorte. Mais on a l’impression de tourner en rond. Personne en réalité n’est inquiétée, même lorsqu’il y a flagrant délit», dénonce un homme d’affaire propriétaire de camions qui estime qu’«on doit faire suivre ce qu’on dit avec d’actes concrets. Depuis sa tournée républicaine dans l’Estuaire, il (Ali Bongo Ondimba) avait demandé aux forces de sécurité et de défense de porter leur matricule. Jusqu’ici, il n’y a rien de tout cela. Et les mêmes travers continuent. On veut bien croire à sa bonne foi, mais c’est quand même gènant un président qui ne parvient pas à se faire obéir.»
A l’issue de ce discours dans lequel le numéro un gabonais a souhaité une administration performante, tout en dénonçant le harcèlement sexuel, la corruption, les injustices dans les traitements salariaux, le clientélisme, le clanisme etc. les Gabonais aimeraient croire que «quelques chose va changer dans l’administration publique».
«Il était impossible de faire signer un document dans une administration sans être confronté à des regards farouches ou à des graissages de pattes et à des trimballements. On espère que les paroles du chef de l’État seront suivis d’actes», ajoute pour sa part, un enseignant qui attend toujours son rappel.