Le rapporteur spécial de l’Onu sur le trafic d’êtres humains, Joy Ngozi Ezeilo, a jugé vendredi « alarmant » l’impunité des « trafiquants de personnes » au Gabon, au terme d’une « visite d’investigation » de quatre jours dans ce pays.
« Il est (…) alarmant de constater que pour l’instant il n’y a pas une seule poursuite judiciaire de la part de la cour criminelle contre ces trafiquants », a déclaré Mme Joy Ngozi Ezeilo, lors d’une conférence de presse à Libreville, estimant que cela « va contribuer à l’impunité dont jouissent ces trafiquants (…) ».
Le Gabon « est un pays de destination et de transit du trafic des personnes » originaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Les garçons et les filles âgés de plus de 18 ans, venus surtout du Bénin du Mali et du Togo, sont attirés vers ce pays qu’ils considèrent comme l’un des plus riches de la sous-région, a expliqué Mme Ngozi.
« La plus commune des formes de trafic au Gabon concerne les jeunes filles employées comme domestiques et dans certains cas pour le mariage forcé, alors que les garçons se livrent beaucoup plus aux activités du secteur informel », a-t-elle ajouté.
Mme Ngozi a appelé le gouvernement gabonais à « assurer une application complète et une conformité avec le protocole de Palerme » ratifié en 2000 et qui exige des des mesures efficaces pour lutter contre le trafic d’êtres humains.
Le Rapporteur spécial de l’Onu a reconnu « les efforts du gouvernement pour essayer d’enrayer cette traite des personnes », mais a jugé « longues et compliquées » les procédures judiciaires, ajoutant que « les compétences n’existent pas en tout cas de façon suffisante surtout pour les enquêteurs ».
Perçu comme un eldorado à partir du boom pétrolier des années 1970 et de la fin des années 1980, le Gabon attire une importante immigration de pays africains. Beaucoup de ces immigrés sont en situation irrégulière.