Depuis l’entrée en vigueur en 2010 de la mesure d’interdiction d’exportation des grumes, l’industrialisation de la filière bois gabonaise a enregistré des progrès notables, avec sa part dans le produit intérieur brut (PIB) passée de 4,5% à 8%.
En moins de deux ans, le nombre des usines de transformation du bois est passé de 81 à 114, soit une croissance de 40%, les emplois directs ont progressé de 83%, passant de 3812 à 6985, selon le dernier état des lieux du secteur établi par le ministère gabonais des Eaux et Forêts, dont Xinhua a obtenu copie.
Le volume de grumes entrées usine a accru de 1 187 000 m3 à 1 600 000 m3, soit une augmentation de 30% ; le volume de bois transformés de 464.000 m3 à 828.000 m3, soit une progression de 79% ; tandis que la vente à l’ export des produits transformés a quant à elle augmenté de 71%, s’ établissant à 669.000 m3 en 2011 contre 391.000 m3 en 2009.
Les capitaux de la filière sont détenus par des ressortissants de 19 nationalités, issus de trois continents (Afrique, Asie et Europe). En ce qui concerne les opérateurs gabonais, 26 unités de transformation de bois leur appartiennent, soit 23 % de l’ensemble.
Selon les catégories définies par l’administration gabonaise, 52 des 114 unités sont intégrées verticalement, c’est-à-dire détentrices à la fois de concessions forestières et d’unités de transformation de bois. Seulement 24 disposent de séchoirs. Les autres sont de simples transformateurs.
Etant donné la petite taille du marché local, quand l’exportation des grumes est interdite, les opérateurs verticaux renforcent leurs investissements dans la transformation et les simples détenteurs des forêts se lancent dans la transformation, sans compter les nouveaux venus qui créent de nouvelles usines, ce qui accroît le nombre des opérateurs et des emplois dans ce secteur, expliquent des opérateurs chinois rencontrés par Xinhua.
L’état des lieux relève une regrettable prédominance de la transformation du premier niveau, dont le segment sciage occupe 83% des unités, suivi du segment déroulage (15%) et du segment tranchage (2%).
La deuxième transformation (panneaux, moulures, profilés rabotés et parquets) et la troisième (produits finis et composites de la menuiserie et d’ébénisterie) sont souvent de statut informel : taille petite, technologie élémentaire, et orientées vers marché local.
Le rendement matière moyen de l’ensemble des niveaux de transformation avoisine 60%, tandis que dans certains pays développés, le rendement matière pourrait atteindre 100%.
Cette situation pourrait s’expliquer par l’absence d’une main d’œuvre qualifiée, le ratio coût/bénéfice qui évoluerait de façon exponentielle de la troisième à la première transformation, selon le ministère des Eaux et Forêts.
Des responsables des usines chinoises évoquent aussi le manque d’infrastructures et le non développement des secteurs auxiliaires pour qu’ils répondent à l’appel des autorités à la transformation plus poussée.
« Les petites branches des arbres servent de matière pour la fabrication des papiers, il suffit de les ramasser dans les forêts et transporter à l’usine. Mais le mauvais état des routes rend cette exploitation non viable au Gabon, » regrette Zhuang Bingchuan, directeur de la société Along Sarl.
Pour Xu Jie, responsable de Transport Bois Négoce International (TBNI), un des 21 opérateurs chinois présents au Gabon, « si c’était en Chine, quand on veut faire des meubles, les accessoires sont livrés à l’usine sur la base de commandes par un coup de fil. Ici au Gabon, on trouve difficilement une bonne fourniture de vis. »
Une autre illustration : « le temps nécessaire de former le personnel ici ne nous permet pas de suivre le marché international qui est en constante mutation, par exemple, les commandes changeraient de tables rondes pour tables carrées quand j’ai à peine formé les techniciens à bien fabriquer les table rondes », ajoute-il.
Pour relever ce défi, l’administration des forêts compte promouvoir des partenariats et joint-ventures entre les PME-PMI locales d’une part et les PMI et les multinationales d’autre part, favoriser le transfert de technologies pour la fabrication des produits de 2ème et 3ème transformation et encourager et développer la formation initiale et continue dans les domaines technique et commercial des métiers de la transformation du bois.