S’insurgeant contre les conséquences sur la sécurité juridique des travailleurs au terme de certaines modifications de la loi du travail, l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), a adressé une correspondance au président Ali Bongo.
Dans son courrier, le puissant syndicat, qui regroupe 4000 des 5000 salariés du secteur, estime que «la loi de juillet 2010 modifiant la loi du travail a des conséquences dommageables sur la sécurité juridique des travailleurs, va notamment donner aux entreprises la possibilité d’utilisation abusive de CDD entretenant la précarité de l’emploi et constitue des entraves (…) dans le cadre de la constitution d’organisations (syndicales) de leur choix».
Selon l’Onep, «le texte a les effets suivants: (…) retrait de la protection du travailleur en cas de doute sur l’interprétation des dispositions légales (…) Pension ou allocation vieillesse incertaine et allongement de la période de travail; difficulté pour le travailleur démissionnaire de bénéficier d’une indemnité de services rendus (…) par de garanties d’organisations syndicales (…) représentatives».
«L’Onep espère avoir utilement informé le président sans brandir de menaces», conclut la lettre. Dans le même temps, le syndicat a également saisi la Cour constitutionnelle, le mardi 29 mai dernier, lui demandant de «vérifier la conformité de la loi qui selon elle heurte la liberté syndicale». Une source digne de foi a indiqué qu’à travers l’ordonnance n°018/PR/2010 du 25 février 2010, le président de la République gabonaise a modifié l’article 288 du Code du travail au Gabon qui consacre liberté syndicale et la protection du droit syndical conformément à la Convention n°87 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
En avril 2011, une grève de quatre jours lancée par l’Onep, qui revendiquait notamment un contrôle plus rigoureux du recours à la main d’œuvre étrangère, avait laissé le pays au bord de la paralysie. Lors de cette grève, plus précisément du 31 mars au 3 juin 2011, le manque à gagner de l’Etat et des compagnies pétrolières s’est chiffré à 60 milliards de francs CFA, poussant ainsi le gouvernement à se pencher sérieusement sur la question.
En novembre 2011, les négociations Onep-gouvernement ont abouti à la mise en place d’une cellule de vérification dont la mission est de recenser les postes disponibles dans les compagnies pétrolières, et de déterminer s’ils peuvent être occupés par un Gabonais ou un étranger. Grâce à cette cellule, la priorité de l’emploi sera enfin donnée aux nationaux. En contrepartie, l’Onep s’est engagée, pendant deux ans minimum, à ne plus, ni déposer de préavis de grève, encore moins décréter de grève.