Les délinquants juvéniles et les personnes subissant les erreurs judiciaires sont, depuis deux ans, la préoccupation d’une organisation non gouvernementale, «La Voix des Oubliés». Celle-ci a récemment séjourné dans le Sud du Gabon où elle a sensibilisé le milieu scolaire et visité les centres carcéraux.
Conduite par Me Solange Yenou, sa présidente, l’ONG de défense des libertés dénommée «La Voix des Oubliés» a séjourné du 28 au 3 juin à Mouila et à Tchibanga dans le Sud du Gabon. Pour l’essentiel, il s’agissait pour cette association de se faire connaitre aussi bien des populations que des autorités administratives des deux provinces traversées.
Après Lambaréné il y a quelques temps, cette quatrième sortie officielle de «La Voix des Oubliés», avait pour programme la visite des autorités locales, les dons à la prison et des conférences-débat avec les élèves d’un établissement scolaire des agglomérations visitées. Dans le chef-lieu de la province de la Ngounié, Mouila, Me Yenou a entretenu l’audience scolaire ssur le thème «Les mineurs face à la justice pénale»
La conférencière et présidente de «La Voix des Oubliés» a indiqué que la sécurité des personnes et des biens préoccupe aujourd’hui une très grande portion de la population. Le phénomène de l’insécurité a, en effet, pris une telle ampleur au Gabon que les pouvoirs publics ont interpelé les autorités en charge de la recherche et de la répression des délinquants pour une répression plus rigoureuse des auteurs des crimes et délits. «Malheureusement, nous constatons depuis près de deux décennies que ce sont les jeunes qui sont à l’origine d’une grande partie des faits de délinquance et de violence», a révélé Me Yenou. Face à la psychose sécuritaire qui frappe les populations, les autorités chargées de la répression devraient-elles donc appliquer la loi, pour les mineurs, avec la même rigueur que pour les adultes ?
Pour la président fondatrice de «La Voix des Oubliés», «la réponse se trouve dans la loi 39/2010 portant régime judiciaire de la protection des mineurs qui précise d’une part les nouveaux organes judiciaires composants la juridiction des mineurs et d’autre part les innovations apportées par cette nouvelles loi», a indiqué la conférencière avant d’expliquer qu’au Gabon, sont considérés comme mineur, les enfants âgés de 13 à 18 ans révolus. «Avant l’entrée en vigueur de la loi 39/2010, les mineurs étaient jugés par les mêmes juridictions que les adultes et la même procédure leur était applicable. Désormais, une justice adaptée s’applique aux mineurs. Les affaires pénales de mineurs sont traitées séparément de celles des adultes, avec la création des juridictions pour mineur, le juge et le tribunal pour mineur.»
Dans le but de protéger les mineurs, la responsabilité en matière de crimes et délits de ces entités judiciaires a été atténuée. Aussi, Me Yenou a-t-elle tenu à développer les points concernant l’atténuation de la responsabilité pénale des mineurs et la réduction des délais de détention en explicitant les articles 23 et 32 de la loi sur les mineurs.
On retiendra donc que le mineur étant une personnalité en construction, il ne peut être traité devant les juridictions pénales de la même manière que les adultes. Le principe de la présomption d’innocence est fortement renforcé par la réduction des délais de détention. Par ailleurs, des mesures de protection, d’assistance, de surveillance ou d’éducation sont privilégiés par rapport à l’application de peine, lorsque le juge ou le tribunal estime que le mineur peut être réinséré dans la société sans risque pour les populations.
«Nous espérons et gardons espoir que les autorités en charge de la recherche et de la répression des délinquants mineurs auront la facilité de mettre en application les nouvelles dispositions de la loi 39/2010 et ce, malgré l’absence de quelques structures d’accompagnement, par exemple le volet relatif à la protection du mineur», a souhaité la présidente de «La Voix des Oubliés».
Cette organisation à but non lucratif a été créée le 15 mai 2010 avec les objectifs de défendre la cause des détenus préventifs, présumés innocents et dépourvus financièrement dont les délais légaux de détention ont expiré ; vulgariser les droits des détenus à travers la publication d’un bulletin d’information, «Le guide du détenu» distribué dans les prisons ; collaborer avec les pouvoirs publics pour faire bénéficier au détenu préventif un statut particulier lors de sa détention ; aider à la réinsertion des détenus mineurs en partenariat avec les opérateurs économiques et autres organismes.