PRETORIA – Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé mardi un remaniement ministériel à six mois d’un congrès dont il espère obtenir sa réélection à la tête de l’ANC, et remplacé par une femme le chef de la police national Bheki Cele, soupçonné de corruption.
La nomination d’une femme, Mme Mangwashi Phiyega, est une première à la tête de la police sud-africaine et une surprise puisque cette quinquagénaire n’a pas d’expérience dans la police, mais un solide CV en matière de management public.
Elle a appartenu au conseil d’administration de la fondation Nelson Mandela et à la direction du groupe bancaire Absa, et présidait jusqu’à présent l’autorité de surveillance des entreprises publiques.
C’est sur ses épaules que repose l’espoir de stabiliser et moraliser la direction de la police, ternie par des scandales à répétition, dans un pays où la criminalité reste élevée avec 16.000 homicides en 2010-11, quoiqu’en baisse.
J’ai décidé de relever le général Cele de ses fonctions, a déclaré M. Zuma, dont la décision, attendue depuis plusieurs jours, fait suite à une commission d’enquête aux conclusions sans appel pour M. Cele.
En fonction depuis 2009, M. Cele se voit reprocher d’avoir fermé les yeux sur une opération immobilière louche, finalement annulée. La police s’apprêtait à louer des immeubles à des prix très supérieurs à ceux du marché, auprès d’un promoteur qui se présente comme un ami du président Zuma.
Son prédécesseur, Jackie Selebi, ancien président d’Interpol, purge depuis fin 2011 une peine de prison pour des faits de corruption, tandis que le département de lutte contre le crime organisé nage en pleine saga Richard Mdluli, du nom de son dirigeant, suspendu pour diverses infractions présumées, réinstallé en avril, puis suspendu à nouveau.
Le mouvement ministériel le plus notable annoncé est l’arrivée d’un nouveau ministre des Transports, Ben Martins, en remplacement de Sibusiso Ndebele, qui a notoirement mal géré le dossier de la mise en service de péages dans l’agglomération de Johannesburg, reportée sine die sur fond de contestation populaire et syndicale.
L’ex-ministre des Transports M. Ndebele hérite de l’admninistration pénitentiaire, tandis que son ministre adjoint Jeremy Cronin passe des Transports aux Travaux publics.
Mme Lindiwe Sisulu quitte la Défense, où elle était contestée dans les rangs militaires, pour le portefeuille des Services publics. Elle sera remplacée par Mlle Nosiviwe Maphisa-Nqakula.
Au pouvoir depuis trois ans, M. Zuma a fait de ces remaniements sa marque de fabrique, l’opposant à son prédécesseur Thabo Mbeki. Le dernier remaniement remonte à octobre quand le président s’était séparé de deux ministres accusés de corruption.