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Syrie : le sort d’Assad débattu à Genève

Bachar el-Assad, mardi à Damas. Crédits photo : SANA/REUTERS
Par Georges Malbrunot

La réunion du «Groupe d’action» pour préparer la transition à Damas s’est ouverte ce samedi midi à Genève avec deux bonnes heures de retard suite à de multiples consultations préalables.

Bachar el-Assad peut-il rester à son poste de président durant une phase de transition politique en Syrie? Ses alliés russes soutiennent que oui. Les Occidentaux et les rebelles, eux, s’y opposent catégoriquement. Ce différend a sérieusement perturbé les préparatifs de la rencontre voulue et confirmée par Kofi Annan qui se tient ce samedi à Genève autour des ministres des Affaires étrangères des pays du «groupe d’action» impliqués dans le règlement de la crise. La réunion s’est ouverte peu après midi, soit avec deux heures de retard suite à de nombreuses consultations préalables. Une rencontre préparatoire d’experts vendredi a échoué à surmonter les différences.

La veille, le médiateur international avait fait parvenir aux ministres un document résumant «les principes et directives d’une transition menée par les Syriens». Sa pierre angulaire est la mise en place d’un «gouvernement d’union nationale», exerçant de «véritables pouvoirs exécutifs» et pouvant inclure «des membres du gouvernement actuel, de l’opposition et d’autres groupes». En seraient écartés, en revanche, ceux dont la présence «pourrait nuire à la crédibilité de la transition et mettre en danger la stabilité et la réconciliation».

Pour Paris, Washington et certaines capitales arabes, cette clause implique un départ d’Assad dès le début de la transition, et il leur semblait entendu que Moscou soutenait cette idée. Mais, souligne un proche d’Annan, «les Russes ont changé de position en affirmant que c’était aux Syriens eux-mêmes de décider des résultats d’un dialogue national et du sort d’Assad». Sous-entendu lors d’une élection présidentielle dont la date reste à fixer. D’où les tractations engagées vendredi pour éviter un échec à Genève. «Pas question qu’une solution soit imposée de l’extérieur», a rappelé Moscou, après un entretien téléphonique entre Kofi Annan et Sergueï Lavrov. Et le chef de la diplomatie russe d’accuser les Occidentaux d’avoir fait fuité dans la presse de fausses informations sur l’acceptation russe du document Annan. Puis, après un entretien dans la soirée avec Hillary Clinton, Lavrov évoquait de «très bonnes chances» de progresser samedi. «J’ai senti une évolution dans la position de Hillary Clinton. Il n’y avait pas d’ultimatum, pas un mot sur le fait que le document en discussion à Genève était intouchable.»

Un premier ministre sunnite

«Les Russes sont d’accord sur un gouvernement d’union nationale, précise le proche d’Annan, mais ils demandent que Bachar reste au pouvoir avec des garanties internationales pour lui et sa famille jusqu’à l’échéance de son mandat en 2014.» Ce qui est inacceptable pour les autres pays invités à Genève. Une divergence de fond également au centre de la rencontre, vendredi soir à Saint-Pétersbourg en Russie, entre la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, et Sergueï Lavrov.

Pour Mme Clinton, les discussions de Genève doivent se focaliser sur les modalités de la transition. L’équipe de Kofi Annan l’a conçue sur le modèle irakien, avec un président aux pouvoirs réduits, issu des minorités (alaouite ou chrétienne par exemple), et un premier ministre membre de la majorité sunnite de la population – celle-là même qui fournit les gros bataillons à l’opposition à Assad – et qui jouirait de la réalité du pouvoir. «On recherche un profil d’expert économique pas mouillé avec le régime», souligne-t-on à Genève. Parmi les noms avancés, celui de Haytham Jezaïri, un homme d’affaires établi à Londres.

Compte tenu des divergences persistantes, le pessimisme prévalait avant cette rencontre cruciale. Alors qu’à la frontière turque le régime syrien amasse des troupes et que, sur le terrain, la violence continue (200 morts depuis jeudi), le Conseil national syrien, principal groupe de l’opposition, rappelle son hostilité à toute transition avec Assad. «On espère que ses parrains du Qatar lui mettront la pression», dit-on dans l’entourage d’Annan. Quant aux Russes, «ils ne céderont du terrain qu’en échange du désarmement des opposants à Assad», veut croire un ténor de l’opposition, proche de Moscou.

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