L’extradition récente vers la Libye de Baghdadi Mahmoudi, le dernier Premier ministre de Muammar Kadhafi, exilé en Tunisie, continue de faire des vagues à Tunis comme à Tripoli. Selon une chaîne de télévision tunisienne, Ennahda, le parti islamiste, qui a répondu favorablement à la demande d’extrader Baghdadi Mahmoudi, l’aurait vendu près de 100 millions de dollars… Selon l’auteur du reportage, cette « cession » aurait fait l’objet d’un contrat !
Les nouveaux services de sécurité libyens n’ont pas pris de gants pour la réception de cet homme politique honni des révolutionnaires libyens. « Tu vois Baghdadi, tu ne pensais pas qu’un jour cela t’arriverait ! Tu vois, Dieu est là, Dieu est grand ! » lui a lancé un garde libyen devant les caméras de télévision. Outre l’argent, des rumeurs de mauvais traitements courent des deux côtés de la frontière. Pour les uns, Baghdadi Mahmoudi aurait déjà été torturé, en dépit des engagements pris par le gouvernement libyen qui s’était engagé à le maintenir en bonne santé et à la disposition des visites médicales d’ONG internationales. Pour les autres, il serait déjà cliniquement mort.
Difficile de démêler le vrai du faux, tant la polémique fait rage à Tunis où les démocrates reprochent vivement à Ennahda d’avoir livré aux loups un homme affaibli : « Il méritait un procès équitable », confie une source au palais de Carthage. Il est notoire que l’expulsion forcée de Baghdadi Mahmoudi a été imposée au président social-démocrate, Moncef Marzouki, par les islamo-conservateurs d’Ennahda.
Les représailles entre les deux pays ont déjà commencé : le consulat de Tunisie en Libye a été incendié par des pro-Khadafi… Ennahda a raté là une occasion de prendre de la hauteur démocratique en entérinant la soif de vengeance des ex-insurgés libyens : surtout si la mort de l’ancien Premier ministre libyen était confirmée.