Très attendu par les détracteurs de la rencontre qui n’ont eux-mêmes pas été suivis tel qu’annoncé, le communiqué final de l’audience élyséenne d’Ali Bongo, le 5 juillet, est aussi sobre que court. Ce qui ne permet pas de trancher sur le ton que François Hollande voudrait donner aux relations France-Gabon. Indiquant l’inexistence pour lui de la Françafrique, Ali Bongo a parlé d’une rencontre classique.
Le président gabonais, Ali Bongo, a été reçu dans l’après-midi du 5 juillet 2012 au Palais de l’Élysée par le nouveau président français. Il a été accueilli sur le perron de l’Élysée par la Garde républicaine et François Hollande lui-même. L’évènement était scruté par les organisations et associations de lutte contre la Françafrique, notamment Survie, Sauvons les riches, Avaaz et Greenpeace. Pour ces organisations, audience qui intervenait alors que l’affaire des «biens mal acquis» continue de faire des vagues judiciaires en France, met en doute la promesse électorale du chef de l’État de rompre avec la Françafrique.
Au terme de la rencontre, le président Ali Bongo a assuré à la presse que la Françafrique n’existe pas. «Je trouve que c’est souvent des médias ou des associations qui veulent nous ramener sur une question qui pour moi n’existe pas», a-t-il indiqué avant de souligner : «Lorsque nos prédécesseurs, le président de Gaulle et le président Léon Mba, ont signé les accords liant nos deux pays, moi j’avais un an, vous me parlez de quelque chose que je ne connais pas !» S’il s’est déclaré confiant de ce que la «formidable amitié» entre le Gabon et la France perdurerait sous la présidence de François Hollande, Ali Bongo a qualifié l’entrevue de «rencontre classique entre chefs d’État pour faire le point sur la coopération entre nos deux pays (…) Notre souci est toujours de voir si cette coopération peut être renforcée, quelles sont ses faiblesses, quelles sont ses forces. Évidemment, chaque homme a son style et donc, en fonction de cela, les choses pourront être dites ou faites différemment, mais le fond reste cette formidable amitié entre nos deux pays et nos deux peuples.»
Laconique si on le compare à celui qui a suivi l’entretien entre François Hollande et Alpha Condé, le président de la République de Guinée, le communiqué de l’Élysée au sujet de cette rencontre indique que le chef de l’État français «a marqué son soutien au développement de projets de gestion durable des forêts, domaine identifié comme prioritaire à la conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20». Et de conclure que «Cet entretien a également été l’occasion, pour le Président de la République, de souligner les principes qu’il souhaite voir guider les relations entre la France et le Gabon : dialogue exigeant sur les questions de gouvernance, de lutte contre la corruption et de pluralisme démocratique, accompagnement de la croissance du Gabon par les outils de la coopération française ; concertation sur les enjeux de paix et de sécurité de la région et du continent ; développement de la francophonie»
En marge de la rencontre, les organisations Ça suffit comme ça, Greenpeace, Sauvons les riches et Survie ont rassemblé quelques dizaines de personnes dans le 7e arrondissement de Paris. Munies de pancartes et de banderoles, elles envisageaient de marcher vers l’hôtel particulier Pozzo di Borgo. Acheté selon Fabrice Tarrit, président de Survie, avec l’argent de l’État gabonais, puis rétrocédé à une société dont les principaux actionnaires sont des membres de la famille du président du Gabon, cet hôtel particulier est, selon les manifestants, le symbole des «biens mal acquis».
«Imaginez la misère généralisée au Gabon, les femmes qui n’ont pas accès aux services de santé, les enfants entassés à 100 par salle de classe alors que la famille Bongo pille systématiquement les citoyens!» s’est insurgé devant les caméras Georges Mpaga, membre du collectif Ça suffit comme ça, qui est venu de Libreville pour manifester. Le déplacement des manifestants a été empêché par les forces de l’ordre. On notait la présence sur les lieux de Julien Bayou, chargé de campagne de Avaaz, un organe de mobilisation citoyenne qui soutient avoir recueilli 62 000 signatures contre la réception d’Ali Bongo à l’Élysée. Aucun écho n’a été enregistré provenant du Collectif des Gabonais de l’étranger qui annonçait un sit-in non loin de l’Élysée pendant la rencontre entre les deux présidents.
Article original : https://gabonreview.com/blog/ali-bongo-a-lelysee-un-communique-laconique/#ixzz1zromAP6H