L’audience de travail qu’accorde cet après-midi François Hollande, nouveau président de la France, à Ali Bongo Ondimba, suscite un activisme politique inter gabonais à Paris, mais aussi une controverse dans la presse française autour de la Françafrique. Morceaux choisis.
«Visite controversée d’Ali Bongo en France» (lemonde.fr), «Quelle Françafrique avec Hollande ?» (lci.tf1.fr), « Françafrique : Les hommes de Hollande n’appartiennent pas aux anciens réseaux» (liberation.fr), «Ali Bongo à Paris, un despote à l’Élysée» (mediapart.fr), la brève visite en France entamée le 4 juillet par le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, qui doit être reçu ce jeudi 5 juillet par le nouveau président français, François Hollande, suscite la controverse dans la presse française, mais aussi auprès des opposants gabonais à Paris et des associations qui réclament la fin de la Françafrique.
Du côté gabonais, les différents camps politiques s’adonnent également à une sorte de duel autour de ce premier face à face entre Ali Bongo et François Hollande. Les pages facebook des partisans de l’opposition affichent des photos qui indiquent une «réception à l’Élysée» de Zacharie Myboto, Jean Eyéghé Ndong, André Mba Obame et quelques membres de la société civile gabonaise.
D’autre part, le Collectif des Gabonais de l’étranger a appelé ses membres à se «masser dans le silence, la discipline et la dignité devant l’Élysée pour manifester (leur) soutien à la France de François Hollande pour qu’elle aide à faire bouger les lignes au Gabon». De même, les associations proches du pouvoir gabonais, à l’instar des jeunesses du Parti démocratique gabonais ont, fait inhabituel, battu «le rappel des troupes, en appelant à la plus forte mobilisation afin de réserver un accueil triomphal, exemplaire, chaleureux et digne au chef de l’État, à son épouse et toute sa délégation.» Les vidéos postées sur le site Internet de l’UJPDG-France indiquent que «plusieurs centaines de Gabonais sont venu de toute la France réitérer leur indéfectible soutien» à Ali Bongo à son arrivée à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Reste à voir comment les partisans de l’opposition vont organiser la manifestation préconisée cet après-midi devant le palais présidentiel français.
Le site parisdepeches.fr indique que cette visite du président gabonais «n’est pas appréciée dans la mesure où Ali Bongo a pris le pouvoir en 2009 dans un contexte de suspicions massives de fraude électorale. Son père avait dirigé le Gabon pendant plus de 40 ans et avait eu des liens très étroits avec tous les présidents de la Cinquième République.» Et d’ajouter cependant que le «pouvoir gabonais affirme vouloir “la mort de la Françafrique et la nécessité d’établir des relations qui soient dénuées de tout soupçon”.»
De nombreux titres indiquent que les relations entre les deux pays sont importantes dans la mesure où la France est le premier partenaire économique du Gabon, avec de nombreuses entreprises françaises présentes sur le territoire. Ce que rectifie Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris, Paris) dans une interview parue ce 5 juillet sur liberation.fr : «La question économique sera évidemment prise en compte. Le jeu des intérêts économiques va avoir une influence, mais aujourd’hui, c’est quelque chose à relativiser. C’est en Afrique du Sud, en Angola ou encore au Nigéria que la France possède aujourd’hui ses engagements économiques les plus importants : ce sont des pays où la France ne bénéficie plus de relations d’influence aussi importantes. Les grandes entreprises comme Bolloré, Bouygues, Total, France Télécom vont évidemment vouloir faire valoir leurs intérêts, mais je ne connais pas de relations étroites entre ces grands groupes et les hommes de Hollande.»
«Il va y avoir une vraie rupture sur le financement des partis. Le jeu avec l’Afrique est par ailleurs ouvert, il s’agit d’un continent qui a des relations croissantes avec d’autres pays comme la Chine, l’Inde. On entre je pense dans une ère de normalisation. Il ne faut plus fantasmer sur le poids de la présence française en Afrique. Si Nicolas Sarkozy a pu soutenir l’élection d’Ali Bongo, je ne pense pas que François Hollande s’impliquera de la même manière, d’autant plus qu’il n’a pas d’engouement particulier pour l’Afrique», conclu Philippe Hugon.
Avant d’être reçu à 15 heures par le chef de l’état français, le programme officiel du président gabonais indique qu’il devait visiter l’institut Pasteur dans la matinée. Après son audience avec François Hollande, il va de rencontrer le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici. Le communiqué final de l’audience élyséenne d’Ali Bongo, cet après-midi, devrait permettre de se faire une idée plus claire du ton que le nouveau président français voudrait donner à la relation entre son pays et le Gabon.
Article original : https://gabonreview.com/blog/des-choses-et-dautres-autour-de-la-visite-dali-bongo-a-francois-hollande/#ixzz1zlYkvNiN