François Hollande accueille le président gabonais Ali Bongo, jeudi 5 juillet à l’Élysée.
Alors que le candidat à la présidentielle François Hollande avait promis que son élection « serait une bonne nouvelle pour les démocrates et une terrible nouvelle pour les dictateurs », le président de la République rencontre jeudi 5 juillet à l’Élysée le président contesté du Gabon Ali Bongo.
Dans une tribune publiée sur le site Mediapart, plusieurs organisations ont dénoncé cette visite comme contradictoire avec le discours de rupture du nouveau président concernant la « Françafrique ». Elles rappellent à François Hollande sa promesse de campagne et protestent contre la venue du président du Gabon. Parmi les signataires, on compte Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre Solidaire et François Soulage, président du Secours catholique.
« En 2007, Nicolas Sarkozy n’avait pas attendu dix jours pour rencontrer Omar Bongo qui a régné sans partage sur le Gabon pendant quarante et un ans. Il aura fallu cinquante jours avant que François Hollande, de son côté, accueille à l’Élysée l’héritier contesté, Ali Bongo », soulignent les signataires de cette tribune qui rappellent que, en septembre 2009, Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, avait pourtant dénoncé la légalité de l’élection qui avait porté Ali Bongo au pouvoir.
« ON ATTEND DES SYMBOLES PLUS FORTS »
« Si le président français entend tenir parole, qu’il fasse au moins savoir publiquement que cette rencontre ne vaut pas adoubement d’un tel régime, peut-on lire dans cette tribune publiée le 4 juillet. Il ne suffit pas d’affirmer, pendant la campagne, que la Françafrique doit disparaître. Encore faut-il l’inscrire dans des gestes. La fin des conseillers occultes et l’annonce par Pascal Canfin, ministre délégué au développement, d’exigences accrues de transparence sur les richesses extraites en Afrique par les groupes français (Areva, Total, Bouygues, Bolloré…) sont des signes encourageants. Mais l’on attend des symboles plus forts encore. »
Mais, lit-on encore dans cette tribune, la réception de Laurent Fabius par Ali Bongo en février dernier, « interdisait toute naïveté face aux promesses réitérées par les dirigeants socialistes d’assainir les relations avec l’Afrique ».
DÉNONCER LA CONFISCATION DE LA LIBERTÉ ET DE LA RICHESSE
Les auteurs de cette tribune, où figure aussi Jean Merckaert, rédacteur en chef de revue Projet, éditée par les jésuites du Céras, Bernard Salamand, président du Crid, et Fabrice Tarrit, président de Survie, attendent de François Hollande qu’il dénonce officiellement la confiscation de la liberté et de la richesse qui dure dans ce pays depuis près d’un demi-siècle : « La réalité du “changement” se mesurera aussi à l’aune des réponses apportées, entre autres, à la répression des manifestants au Togo, ou à la perspective d’une modification constitutionnelle au Congo Brazzaville. »
« C’est le président gabonais qui a demandé à rencontrer François Hollande », précise-t-on à l’Élysée. La rencontre intervient après celle du président guinéen Alpha Condé et avant celle, vendredi, du nouveau chef de l’État sénégalais Macky Sall.
H.-O. D.