La volonté de renforcer la coopération entre la France et le Gabon a été exprimée hier par les deux parties, au cours de l’audience que le président français, François Hollande, a accordée à son homologue gabonais, Ali Bongo Ondimba, au deuxième jour d’une visite de travail particulièrement réussie à Paris.
Le président Ali Bongo Ondimba, en visite de travail à Paris, s’est entretenu hier après-midi à l’Elysée avec son homologue français, François Hollande.
Cet entretien, élargi aux deux délégations, s’inscrivait dans le cadre d’une rencontre « classique » entre dirigeants de deux pays. Pendant une heure au total, (trente minutes étaient prévues au départ), les deux hommes d’Etat ont fait le tour d’horizon de la coopération qui lie les deux pays, et dessiné les perspectives de renforcement des relations bilatérales dans différents domaines.
Les échanges ont été chaleureux et riches. Le président Ali Bongo Ondimba a présenté à son hôte sa vision d’un Gabon émergent, en déclinant les trois piliers que sont le « Gabon vert », le « Gabon industriel » et le « Gabon des services ».
Le chef de l’Etat a, d’emblée, abordé les actions et mesures initiées en vue de la modernisation de l’Etat, de l’instauration de la bonne gouvernance, de la poursuite de la lutte contre la corruption, du renforcement du pluralisme politique et du développement économique et social du Gabon. Des points sur lesquels il entendait bien éclairer la lanterne de son hôte nouvellement installé au palais de l’Elysée.
A cet égard, le président socialiste français, tout en soulignant les principes qu’il souhaite voir guider la relation franco-gabonaise, a salué la volonté affichée du président Ali Bongo Ondimba de dynamiser l’économie gabonaise ainsi que les efforts déployés dans ce sens.
Cela, après que le locataire de l’Elysée a décrit le nouveau contexte économique mondial, ainsi que la place du continent africain qui, de son point de vue, connaît une réelle croissance, à l’instar du Gabon, qui enregistre de bonnes performances en la matière.
Au sujet de l’ambition de faire du Gabon un pays émergent, il a été relevé que la France ne saurait s’en dissocier. Les deux hommes ont ainsi souhaité le renforcement de la coopération bilatérale ainsi qu’une implication et une présence plus fortes des entreprises françaises dans le tissu économique gabonais. Des données militent à cet effet.
74e partenaire de la France dans le monde, notre pays accueille des importations en provenance de la France dominées par les biens d’équipement professionnels et les produits industriels. Pour leur part, les investissements français placent Libreville au 9e rang de leur destination sur le continent. Ce qui n’est guère négligeable.
Ali Bongo Ondimba et François Hollande ont naturellement conscience de la solidité des relations bilatérales, vieilles de plusieurs décennies. « Les relations entre la France et le Gabon sont fortes et solides, elles dépassent les hommes », a dit le chef de l’Etat gabonais, au sortir de l’entrevue.
François Hollande a également pris acte de la totale adhésion du chef de l’Etat gabonais au Partenariat stratégique ouvert, adopté en février 2012 par les deux pays, et qui englobe plusieurs aspects de la coopération bilatérale. Au regard des faiblesses que révèle encore la situation socio-économique intérieure du Gabon (formation professionnelle, inadéquation formation- emploi, logement, etc), le soutien et l’assistance de Paris ont été sollicités.
Déjà présente dans plusieurs autres secteurs à travers la coopération culturelle, technique, médicale et scientifique, la France apporte aussi son soutien au Gabon dans le domaine de l’environnement. Notamment dans le cadre de l’AGEOS, où elle finance avec le Brésil la station satellitaire de surveillance du couvert forestier et d’évaluation du stockage de carbone. François Hollande a marqué son soutien au développement de projets de gestion durable des forêts, domaine identifié comme prioritaire à la conférence des Nations unies sur le développement durable de Rio +20 ans.
L’évolution des questions préoccupantes au sein de l’Union africaine, les problèmes de sécurité en Afrique ont également été évoqués. Le chef de l’Etat gabonais a fait le panorama de la situation sécuritaire en Afrique, en général, en Afrique centrale, en particulier.
Concernant l’envoi d’une force au Sahel malien, Ali Bongo Ondimba s’en remet à la décision du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a aussi appelé, une fois encore, à la tenue d’une conférence sur la sécurité en Afrique, continent en proie à la montée du terrorisme et à la piraterie dans plusieurs zones maritimes, dont le Golfe de Guinée.
La France, qui porte déjà son aide à notre pays dans ce domaine, compte bien la renforcer. Cette question a été, par ailleurs, débattue lors de l’audience que le président gabonais a accordée peu après sa sortie de l’Elysée au ministre français de la Défense, Jean Yves Le Brian.
Le dossier relatif à l’équipement des forces de défense et initié naguère dans le cadre de la coopération en matière de défense a été examiné afin que les engagements pris soient respectées de part et d’autre.
Cette visite de travail du chef de l’Etat gabonais, deux mois seulement après l’arrivée au pouvoir de François Hollande, marque toute la volonté du Gabon et de la France de maintenir les excellentes relations d’amitié et de coopération qui unissent les deux pays mais également leurs peuples.
La qualité de ces relations se traduit par un flux très dense des visites bilatérales de haut niveau. La présence du président gabonais à l’Elysée, à l’invitation du nouveau président français, est en une parfaite illustration, au moment où une certaine opposition s’agite pour exister.
D’ailleurs, interrogé par la presse au sujet de la convocation éventuelle d’une (nouvelle) conférence nationale souhaitée par les chefs de ce groupuscule, Ali Bongo Ondimba a dit ne pas voir l’opportunité de la tenue de celle-ci. Cela après avoir lui-même présenté à son homologue la situation politique intérieure au Gabon.
Au sujet des « biens mal acquis » (BAM) sur lesquels ergotent à loisir des organisations non gouvernementales françaises, le chef de l’Etat a réitéré sa position, estimant n’avoir rien à voir avec ces affaires, y compris la très nébuleuse « françafrique » sans cesse évoquée par les médias français.
Dans la matinée, le chef de l’Etat, qu’accompagnait son épouse Sylvia Bongo Ondimba, s’est rendu à l’Institut Pasteur pour une visite qui a permis de décliner de nouvelles perspectives de coopération avec les institutions de recherches et médicales gabonaises. D’autant que, lors des échanges qui ont suivi la visite-guidée au sein des unités de génétique évolutive humaine, d’immunologie moléculaire des parasites, du musée, il a été énoncé avec Françoise Barré Sinoussi, prix Nobel de médecine, l’appui prochain de l’Institut Pasteur aux programmes nationaux de vaccination, notamment.
Cette institution, dont la renommée mondiale est établie, entretient déjà une coopération avec le Centre de recherche médicale de Franceville (CIRFM) dans le Haut Ogooué, avec l’Université gabonaise de sciences de la santé, l’Institut national de biologie.
Le président gabonais, signant le livre d’Or, dit avoir tenu par cette visite à marquer son intérêt pour la recherche scientifique et pour les travaux qui y sont effectués. Une occasion pour lui de rendre hommage aux chercheurs, pour la qualité de leurs travaux dans les domaines du Sida, du paludisme et de la génétique, et dont les applications seront bénéfiques aux populations gabonaises.