Kofi Annan affirme être tombé d’accord avec Bachar al-Assad pour mettre fin aux violences. Nouvel incident avec le Liban.
Alors qu’il avait reconnu deux jours plus tôt l’échec de son plan de sortie de crise en six points, le médiateur de l’ONU Kofi Annan a annoncé hier avoir trouvé un accord avec le président syrien, Bachar al-Assad, dans l’optique de mettre fin aux violents combats engagés dans le pays. Le médiateur n’a pas détaillé le contenu de l’accord, mais il a précisé qu’il le soumettrait aux rebelles.
Le jour même de cette annonce, des obus lancés côté syriens se sont abattus au Liban après un échange de tirs nourris des deux côtés de la frontière. Samedi dernier, un incident dans cette zone avait fait deux morts.
Kofi Annan a affirmé avoir tenu des « discussions très franches et constructives » avec Bachar al-Assad, dont le régime tente d’étouffer depuis près de seize mois une contestation qui s’est militarisée au fil des mois. Répression et combats ont fait plus de 17 000 morts dans le pays, selon une ONG syrienne.
« Nous avons discuté de la nécessité de la fin des violences et des moyens d’y parvenir. Nous nous sommes mis d’accord sur une approche que je vais partager avec l’opposition armée », a indiqué l’ancien secrétaire général de l’ONU.
De son côté, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié la réunion de « constructive », affirmant que la conférence de Genève « a été perçue par les deux interlocuteurs comme un pas important en vue de faire avancer le processus politique, et [a] créé un environnement de dialogue ». Selon le quotidien syrien proche du pouvoir, « al-Watan », les discussions entre les deux hommes ont porté sur le moyen de mettre en œuvre l’idée de transition politique suggérée par M. Annan lui-même, et approuvée par le Groupe d’action sur la Syrie à Genève le 30 juin dernier.
L’opposition reste critique
L’idée prévoit la formation d’un gouvernement de transition réunissant des représentants du pouvoir et de l’opposition, sans mentionner le départ d’Assad. La communauté internationale avait divergé sur l’interprétation de l’accord, Washington estimant qu’il ouvrait la voie à l’ère « post-Assad », tandis que la Russie et la Chine, alliées de Damas, réaffirmaient qu’il revenait aux Syriens de déterminer leur avenir.
Avant même la réunion de M. Annan avec le président syrien contesté, l’opposition critiquait la visite du médiateur à Damas, estimant que l’échec de sa mission appelait une action internationale urgente « sous le chapitre 7 » de la charte de l’ONU qui contraindrait le régime à arrêter la répression.
Le plan Annan stipule, outre la fin des violences, un dialogue politique, l’acheminement de l’aide humanitaire vers les zones touchées par les combats, la fin des détentions arbitraires et le droit de manifester pacifiquement.
Les violences sur le terrain, qui ont rendu caduc ce plan, se sont intensifiées paradoxalement depuis l’entrée en vigueur officielle, le 12 avril, du cessez-le-feu prévu par le plan Annan, avec près de 6 000 morts pour cette seule période, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).