Des membres de la communauté arabe de Tombouctou ont mis en place une « brigade de vigilance » pour empêcher la destruction d’autres mausolées par les groupes islamistes qui contrôlent depuis plus de trois mois le nord du Mali, a annoncé mercredi à l’AFP le responsable de cette unité.
« Nous avons aujourd’hui une brigade de vigilance pour que personne ne touche aux mausolées de Araouane et de Gasser-Cheick (deux localités de la région de Tombouctou). Nous sommes armés et il y a le nombre de personnes qu’il faut », a affirmé Tahel Ould Sidy, chef de la « brigade de vigilance ».
« Nous n’allons pas laisser les gens qui ne connaissent rien à l’islam venir détruire nos trésors. Moi, j’ai étudié en Mauritanie et en Arabie saoudite. Personne ne nous dit dans le Coran qu’il faut casser des mausolées », a-t-il ajouté.
Les hommes d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), maître de Tombouctou depuis plus de trois mois, alliés aux islamistes du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), détruit mardi deux mausolées de saints musulmans situés dans l’enceinte de la plus grande mosquée de la ville, Djingareyber.
Cette mosquée fait partie des trésors de Tombouctou, ville mythique du Sahara, classés patrimoine mondial en péril.
Les islamistes ont promis de détruire tous les mausolées de la région, mais mercredi, aucune destruction n’a été constatée par ses habitants.
« Dans la nuit de mardi à mercredi, les islamistes ont rapidement reconstruit une partie du mur de la grande mosquée tombée quand ils détruisaient les deux mausolées », a déclaré un témoin à l’AFP. « Après, ils ont recouvert de cendre la tombe des saints musulmans dont les mausolées ont été détruits », a-t-il ajouté.
Du 30 juin au 2 juillet, Ansar Dine avait déjà détruit sept des seize mausolées de Tombouctou et brisé la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, provoquant l’indignation au Mali et à l’étranger.
Les trois villes et régions administratives du nord du Mali, Tombouctou, Gao et Kidal, qui représentent plus de la moitié du territoire malien, sont occupées depuis fin mars/début avril par les groupes islamistes qui y ont évincé la rébellion touareg de la région et entendent imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali.
L’organisation Médecins sans Frontières a assuré mercredi qu’elle maintenait sa présence dans un hôpital de Tombouctou malgré « la tension latente qui règne dans la ville » contrôlée par les islamistes d’Ansar Dine qui ont détruit plusieurs mausolées classés par l’Unesco.
« Une équipe MSF est présente dans l’hôpital de Tombouctou depuis la mi-avril », indique l’organisation dans un communiqué.
Ses équipes assurent « les soins médicaux pour les populations de la ville et des alentours », bien que, « depuis quelques jours, les mouvements de voiture (soient) contrôlés » dans la ville et pour en sortir.