Par Ursula Soares
L’Unesco a remis, pour la première fois, mardi 17 juillet, le controversé prix « Unesco-Guinée équatoriale pour la recherche en sciences de la vie ». Cette récompense, financée par la Guinée équatoriale, à hauteur de trois millions d’euros, a été attribuée à trois scientifiques : un Egyptien, un Sud-Africain et une Mexicaine. Un prix dénoncé par plusieurs ONG françaises et étrangères qui pointent du doigt les finances obscures du régime du président Teodoro Obiang Nguema utilisées pour ce prix.
C’est un prix qui fait polémique, qui a été remis par l’Unesco, à Paris. Le président de Guinée équatoriale a ainsi gagné un bras de fer de plusieurs années avec les ONG et les pays occidentaux. La remise de ce prix était suspendue depuis 2010. C’est suite au consensus du conseil exécutif de l’Unesco, obtenu en mars dernier et grâce notamment aux votes des pays africains et arabes, que ce prix a pu être remis.
Le prix a été remis à l’Egyptien Maged Al-Sherbiny, pour ses recherches sur les maladies endémiques, au Sud-Africain Felix Dapare Dakora, pour ses travaux sur la conversion moléculaire entre les légumes et le sol, et à la Mexicaine Rossana Arroyo, pour ses recherches sur les maladies parasitaires. Ces scientifiques ont reçu, chacun, 100 000 euros.
Une cérémonie à l’Unesco où la polémique était absente et où on célébrait l’Afrique unie contre la maladie. Pour le primé Maged Al-Sherbiny, il est important que le continent africain ait un prix international. « Ce prix est le premier qui vient d’un pays africain et cela montre que la Guinée équatoriale croit en la science », a-t-il déclaré au micro de RFI.
Magde Al Sherbiny, Scientifique, primé pour ses recherches sur les maladies: « La chose la plus importante, c’est de savoir comment on peut travailler tous ensemble et améliorer la qualité de la vie de tous. »
Une polémique qui « n’a plus lieu d’être »
Avant même la remise du prix, plusieurs ONG avaient dénoncé un « prix de la honte », en pointant du doigt le passif, en matière de corruption et de droits de l’homme, du chef de l’Etat équato-guinéen. Le Prix Nobel de la paix sud-africain, Desmond Tutu, s’est lui aussi insurgé.
Comme d’autres pays occidentaux, la France a boycotté la cérémonie de remise du prix. « Ce prix ne reflète absolument pas les valeurs universelles dont l’Unesco doit assurer la promotion », a déploré, mardi 17 juillet, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
De son côté, la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova – personnellement opposée à la remise de ce prix et très embarassée par cette controverse qui entache son mandat – s’est faite représenter, à la cérémonie, par son adjoint, Getachev Engida.
Absents également, le président Teodoro Obiang – officiellement pour un problème de calendrier, selon le porte-parole du gouvernement, Augustin Nzé Nfumu – tout comme son fils, Teodorin Nguema Obiang. Lui qui est pourtant délégué à l’Unesco mais aussi sous mandat d’arrêt en France, visé par une enquête sur le patrimoine constitué par plusieurs chefs africains : l’affaire dite des « biens mal acquis ».
Présent à la cérémonie de l’Unesco, Agapito Mba Mokuy, ministre des Affaires étrangères équato-guinéen juge que la polémique concernant les finances obscures du régime Obiang est périmée.
Agapito Mba Mokuy, Ministre des Affaires étrangères de Guinée équatoriale: « Le prix n’est plus controversé à partir du moment où il a été approuvé et ratifié par les Etats membres. »