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Le CNC choisit de suspendre les journaux «Ezombolo» et «La Une»

La séance plénière ordinaire du Conseil national de la communication du 3 août, a débouché sur la suspension pour une demi-année des hebdomadaires Ezombolo et La Une. Des mesures pour le moins étonnantes si l’on tient compte de ce que d’autres titres locaux commettent impunément les infractions sanctionnées.

Alors que l’article 94 de la Constitution de la République gabonaise stipule que le Conseil national de la communication (CNC) est chargé de veiller, entre autres «au traitement équitable de tous les partis et associations politiques», au «respect des statuts des professionnels de la communication», à «l’harmonisation des programmes entre les chaînes publiques de radio et de télévision», «à la protection de l’enfance et de l’adolescence dans la programmation des émissions diffusées par les entreprises publiques et privées de la communication audiovisuelle» ou à «la défense et à l’ illustration de la culture gabonaise», l’instance de régulation des médias au Gabon ignore royalement toutes ces missions et, malgré l’arrivée d’une nouvelle équipe un peu plus jeune à sa tête, elle continue de ne faire parler d’elle ou de n’effectuer des sorties que pour sanctionner ou tout au moins mettre en garde.

La séance plénière ordinaire de cette institution, tenue le vendredi 3 août 2012, a en effet débouché, sans surprises, sur des mises en gardes et des suspensions de journaux. Rappelant les holà de son communiqué du 13 juillet dernier et le fait que «certains pasteurs persistent dans la stigmatisation et le dénigrement systématique des autres communautés religieuses, des autres courants de pensées ou philosophiques et des rites traditionnels», l’instance de régulation des médias a réitéré son avis de méfiance aux «auteurs de ces prêches attentatoires aux droits et libertés des citoyens visés, mais aussi les responsables des médias qui leur ouvrent avec complaisance leurs antennes.»

Sur la même lancée, le CNC a déploré «la persistance dans certains médias, notamment le journal d’annonces Zoom de la publicité des produits issus de la pharmacopée traditionnelle et autres prestations miraculeuses promises au public par des charlatans et autres vendeurs d’illusions sans les autorisations préalables des autorités compétentes en matière de santé publique.»

Mais, le communiqué n’était jusque-là que dans son entrée en matière, puisqu’il annonce ensuite la suspension pour six mois des hebdomadaires Ezombolo et La Une, pour «non respect des institutions de la République et les personnalités qui les incarnent.» Le communiqué de l’institution indique notamment que le 3 août, Ezombolo a insinué «qu’il y aurait un deuxième président de la République en violation de l’ordre constitutionnel établi. Dans le second, paru en page 8, et titré « Aux forces de défense et de sécurité», le journal lance publiquement aux Forces de Sécurité et de Défense, un appel à l’insurrection.» Mais aussi d’avoir traité le président la République de «bibendum national» et le Premier ministre d’«homme à la cervelle drapée de toile d’araignée» ou «dont l’intelligence cède misérablement à la bouffonnerie»

«En ce qui concerne La Une, l’ancien ministre et ancien président de la Commission de l’Union Africaine est qualifié de «chiffe molle», indique le communiqué du CNC. Si les dérives sanctionnées sont réelles et véritablement blâmables, le lectorat gabonais constate et s’étonne de ce que d’autres titres, La Griffe, Le Scribouillard ou Le Douk Douk, satiriques qui ne cachent pas leur proximité avec le cabinet présidentiel, manient tout aussi aisément l’injure envers des personnalités publiques fussent-elles de l’opposition. L’exemple de l’ex-député de Mounana Zacharie Myboto ou de l’ancien Premier ministre Jean Eyéghé Ndong, trainés dans la fange à chaque livraison de ces titres est connue de tout le monde et donc indiscutable. De même, Guy Nzouba Ndama, président de l’Assemblée nationale, ou Julien Nkoghé Békalé, ministre des Transports et député de Ntoum, font-il régulièrement l’objet du même traitement, sans que les satiriques concernés ne soient inquiétés le moins du monde. On en vient de ce fait à penser que la justice du CNC fait de «deux poids, deux mesures».

On devra par ailleurs noter qu’une suspension de six mois est commentée, par biens de confrères, comme une mesure un peu trop forte, surtout dans le contexte d’iniquité ci-dessus décrit. Certains parlent même de mise à mort de ces deux journaux et nombreux craignent pour la suite. Va-t-on donc donner raison au bloggeur et ancien diplomate, Petit-Lambert Ovono, qui, commentant les toutes premières mises en garde du CNC, avait déclaré que «Le compte à rebours pour faire taire les médias récalcitrants a donc commencé» ? Le nouveau CNC prouvera que son ambition est d’amener le secteur gabonais de la communication à l’émergence, si chère au chef de l’État, lorsqu’il appliquera des sanctions égales et sans parti-pris à tous les médias. Ou lorsqu’elle commencera à faire des sorties médiatiques autres que répressives.

Article original : https://gabonreview.com/blog/le-cnc-suspend-les-journaux-ezombolo-et-la-une/#ixzz22oRabWVM

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