Les mauvaises récoltes attendues de maïs, blé et soja, dues à la sécheresse en Russie et aux États Unis, premières puissances exportatrices de céréales au monde, font craindre une envolée des prix, accentuée par la spéculation sur les marchés agricoles, ainsi que des crises alimentaires et des émeutes de la faim. Au regard de cette situation qui intéresse la communauté internationale, les économistes pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), évoquent le même scénario qu’en 2008.
La sécheresse qui dicte sa loi actuellement aux États-Unis et en Russie, gros pays exportateurs de céréales, entraînant une flambée des prix dans le monde qui fait actuellement planer une menace d’émeutes de la faim comme en 2008. Alors que la famine sévit déjà en Afrique, au Sahel, en raison également de la sécheresse qui sévit depuis début 2012, limitant les récoltes, la spéculation sur les marchés agricoles est de nouveau pointée du doigt. En moyenne, les denrées de base, telles que le maïs, le riz et le blé représentent 20 % des produits alimentaires consommés en Afrique subsaharienne, et ces trois cultures fournissent à elles seules environ 30 % des calories. Les informations publiées dans différents médias font état d’un «retour des émeutes de la faim»en Afrique. On parle de système alimentaire mondial fragilisé. On prévoit, bien sûr, un impact direct sur le panier de la ménagère dès l’automne, une flambée des prix d’ailleurs déjà perceptible.
«La canicule impactant le leader mondial pousse depuis mi-juin les prix des céréales vers des niveaux jamais atteints à la bourse de Chicago et des marchés internationaux. Des prix qui risquent encore de gonfler d’ici fin 2012. En un mois, les prix du maïs, la céréale la plus échangée, du blé et du soja se sont ainsi envolés de 30 voire 50%, atteignant ou dépassant leur niveau de 2007-2008, présageant un retour funeste des “émeutes de la faim” en Afrique. Avec des conditions climatiques défavorables, les perspectives d’une amélioration de l’offre de maïs s’amenuisent», a prévenu le 5 juillet dernier l’Organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
«La forte augmentation des prix des céréales et du soja devient une préoccupation majeure au plan mondial. La situation actuelle mérite vigilance et prudence : vigilance pour suivre l’évolution des marchés mais aussi prudence pour ne pas alimenter les mouvements spéculatifs», a alerté le 28 juillet dernier dans un communiqué le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui préside le système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) et le Forum de réaction rapide mis en place par le G20.
En Russie, la récolte de céréales a atteint, en 2011, 94 millions de tonnes. Cette année, les estimations font état de 75 millions de tonnes. Soit 19 millions de tonnes en moins. Pour les États-Unis on sait que la sécheresse a touché près de 65% du territoire, notamment, dans la « Corn Belt » (Middle West), la ceinture des États producteurs de maïs situés dans le centre et centre-est du pays (Illinois, Iowa, Missouri, Indiana, Arkansas, Kansas et Nebraska) mais aussi une partie du Wyoming (ouest) et du Dakota du Sud (centre-ouest). Ce sont les productions de maïs et de soja qui sont les plus touchées. Même si on n’a pas encore de chiffres pour quantifier la récolte, les spécialistes parlent déjà de catastrophe. C’est “sans doute la situation la plus grave depuis vingt-cinq ans”, a affirmé, mercredi, le secrétaire à l’agriculture, Tom Vilsack, après avoir rencontré le président Barack Obama pour évoquer cette crise. Selon le service météorologique américain (NOAA), la sécheresse pourrait se poursuivre jusqu’au mois d’octobre.
Le Gabon, très concerné car gros importateur de céréales, qui déjà a du mal à faire face à ses difficultés internes, notamment à cause de la cherté de la vie et des conditions de travail qui se détériorent au sein des nombreuses entreprises du pays, devrait être particulièrement concerné par cette envolée des prix, bien que ne faisant pas partie de l’Afrique de l’ouest ou du sahel, premiers pays sur le continent susceptible de subir l’impact de la sécheresse dans les pays du nord.