Le dirigeant gabonais Ali Bongo, qui a durci le ton après une manifestation violente cette semaine, a présidé vendredi les cérémonies de la fête nationale dans une atmosphère tendue, l’opposition s’affirmant « encerclée » par la police dans son siège.
Le dirigeant gabonais Ali Bongo, qui a durci le ton après une manifestation violente cette semaine, a présidé vendredi les cérémonies de la fête nationale dans une atmosphère tendue, l’opposition s’affirmant « encerclée » par la police dans son siège.
Selon l’opposition, les violences de la manifestation de mercredi soir ont fait un mort, une jeune femme asthmatique ayant mal réagi aux gaz lacrymogènes. Pour le pouvoir, il s’agit d’une mort naturelle.
Vendredi, la parade militaire prévue pour la fête du 17 août s’est déroulée sans aucun incident sous les yeux du président gabonais. Sans doute pour montrer la cohésion du régime, de nombreuses personnalités politiques étaient présents. Les fêtes se sont conclues par un impressionnant feu d’artifice tiré à partir de 21h00 (20h00 GMT).
Des sources sécuritaires gabonaises avaient dit craindre « l’infiltration » de militants radicaux du parti dissous l’Union nationale (UN) d’André Mba Obame et la zone du défilé avait été placée pendant la nuit sous haute protection.
Dans la soirée de jeudi, lors de son traditionnel discours télévisé, le président Ali Bongo avait prévenu qu’il ne laisserait pas « la chienlit s’installer au Gabon. Force doit rester à la loi et force restera à la loi ». « Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon », a-t-il ajouté.
Le siège de l’UN « encerclé » ?
Il s’agissait d’une allusion claire à André Mba Obame, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009, revenu au Gabon après 14 mois d’absence le 11 août. Dans l’après-midi, les chefs de l’UN, soutenus par 300 à 400 militants, se disaient « encerclés » dans leur siège par de nombreux policiers qui ne sont pas intervenus. Ils étaient toujours au siège à 21h00 heure locale (20h00 GMT) et disaient vouloir aller rendre hommage dans le quartier de Nkembo-Cocotiers, site de la manifestation à la femme décédée.
« Nous avons envoyé une délégation auprès des forces de l’ordre autour du siège. Il nous a été indiqué qu’il faut une autorisation pour marcher. Nous voulions prendre nos véhicules (…) mais nous sommes encerclés », a affirmé le président de l’UN Zacharie Myboto. « La police nous empêche (d’y aller). Elle bloque les voitures qui voudraient sortir dans ce sens (vers les lieux) », a soutenu Gérard Ella Nguema, secrétaire exécutif adjoint de l’UN. « Nous resterons, une heure, deux heures, la nuit, le temps qu’il faudra. S’ils veulent transformer le siège en place Tahrir, qu’ils le fassent », a-t-il ensuite lancé à des partisans.
Le siège était entouré tout l’après-midi par des dizaines de policiers qui contrôlaient les accès routiers mais laissaient passer les véhicules particuliers, a constaté un journaliste de l’AFP. Il n’a pas été possible de connaître la consigne donnée aux policiers en cas de sortie des cadres de l’UN en voiture. « Le peuple gabonais est profondément pacifique et n’est pas dupe de la grossière manipulation des leaders de l’ex-Union nationale », a affirmé une source haut placée à la présidence.
« Troubles étaient prémédités »
Les télévisions proches du pouvoir ont accusé l’UN d’avoir payé des jeunes pour créer des troubles lors de la manifestation, diffusant des enregistrements d’une conversation entre, assurent ces médias, un proche de l’UN Jean-Christophe Owono Nguema, ancien élu, et un « interlocuteur » non identifié. Dans cette conversation, la personne présentée comme M. Owono Nguema demande contre de l’argent à son interlocuteur de « mettre le feu » avant la manifestation.
« Il est avéré que les troubles étaient prémédités (…) en entendant un membre de l’ex-UN soudoyer des Gabonais pour aller incendier des bâtiments publics et des véhicules », a affirmé la source à la présidence. « Ce n’est pas parce que le pouvoir donne tout le temps de l’argent et des T-shirts pour assister à ses manifestations que nous faisons la même chose », a rétorqué le président de l’UN.