La procureur de Libreville a affirmé lundi que le principal opposant gabonais André Mba Obame, dont le parti dissous l’Union nationale (UN) a organisé une manifestation qui a dégénéré en violences le 15 août, serait « interpellé » mais sans indiquer précisément pour quel motif.
« Je vous assure que M. Mba Obame sera interpellé », a lancé la procureur Sidonie-Flore Ouwé lors d’une conférence de presse.
Selon l’UN, les troubles ont fait un mort, une jeune femme asthmatique ayant mal réagi aux gaz lacrymogènes. Pour le pouvoir, il s’agit d’une mort naturelle.
De retour le 11 août de Paris, après 14 mois d’absence en raison de problèmes de santé, M. Mba Obame, ancien baron du régime passé dans l’opposition à la mort du président Omar Bongo en 2009, avait contesté la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, le fils de l’ancien président.
Il s’était autoproclamé président de la République en 2011, avant de se réfugier plus d’un mois dans une agence onusienne de Libreville. Son immunité parlementaire avait été levée et il est poursuivi pour « trouble à l’ordre public ». Il risque de deux mois à un an de prison, selon son avocat. La procédure avait été suspendue pendant sa convalescence en Afrique du sud et en France.
Interrogée à deux reprises sur la question, la procureur n’a pas précisé si l' »interpellation » envisagée de M. Mba Obame entrait dans le cadre de son autoproclamation ou de la manifestation du 15 août. « J’avoue que c’est une question qui n’est pas tout à fait au coeur de mon intervention mais qui a un lien avec les événements que nous déplorons aujourd’hui », a-t-elle dit.
« Ce qui est sûr et certain, je vous le dis, c’est qu’il sera interpellé. Pas en tant que coupable. La présomption d’innocence sera également assurée à M. Mba Obame comme à tous ceux qui sont arrêtés (dans le cadre de la manifestation) présentement », a dit Mme Ouwé.
« Ces événements (du 15 août) sont consécutifs à l’appel lancé par M. Mba Obame André et ses compagnons politiques », a-t-elle commenté.
Mme Ouwé a fait état d’une quarantaine de personnes arrêtées, réparties sur trois sites.
Elle a par ailleurs évoqué « deux blessés légers » et « une jeune femme arrivée décédée » à l’hopital de Libreville. « Le corps ne présentait aucune lésion corporelle apparente. Aucune autopsie n’a été pratiquée sur la victime pouvant déterminer les causes du décès », a-t-elle déclaré.
« Aucun signalement n’a été donné aux forces de sécurité sur le fait qu’une personne sans vie aurait été retrouvée sur les lieux de la manifestation », a ajouté Mme Ouwé.
« Nous allons frapper au coeur de la délinquance, quelle que soit son origine et ses auteurs », a prévenu la procureur, adoptant un ton dur. « Nous punirons avec tous les moyens de droit les auteurs des dégâts ».