Le premier responsable de la direction générale de lutte contre la corruption au Gabon, Max Boussougou Nzamba a dénoncé un conflit de compétence et un manque de cohésion entre son administration et la Commission Nationale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite (CNLCEI), initiatrice d’un atelier portant sur le processus d’élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux (SNLCCBC), dont la seconde phase destinée au secteurs Forets et Environnement, Mines et Industries extractives ainsi que les Transports a débuté ce jeudi dans la capitale gabonaise.
A en croire le directeur général de la lutte contre la corruption, la démarche initiée par la CNLCEI va aboutir à la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption sur la période 2012-2015, alors qu’une stratégie similaire, réalisée par ses services, existe déjà pour la période 2012-2016. D’où son inquiétude que le Gabon ne se retrouve avec deux stratégies nationales similaires.
« Je disais tout à l’heure qu’on ne venait pas dans un désert. Si expert il y a, j’estime qu’on aurait dû commencer par une concertation autour d’une table pour savoir ce qui a été fait jusqu’à maintenant. A partir des informations obtenues, on pouvait ensuite entamer une démarche qui soit différente de la notre, parce qu’on risque de se retrouver avec des situations parallèles et ce n’est pas bon pour un seul pays », a confié M. Boussougou Nzamba.
« Je n’ai pas de jugement de valeur à donner (…). Ce qui est vrai, c’est que l’institution chargée de la lutte contre la corruption est la direction générale. La Commission, comme les autres, a des missions spécifiques; sauf qu’on n’a pas une stratégie de lutte contre l’enrichissement illicite », a révélé le même Boussougou Nzamba.
« Moi, je suis d’un certain âge et je crois que je travaille pour mon pays. Je ne parlerai pas d’enrichissement illicite, parce que je ne suis pas outillé en la matière. Ce sont les gens qui ne connaissent pas la corruption qui refondent et vont dans des séminaires. Il paraît que c’est eux qui vont aller évaluer le Lesotho sur l’état d’avancement de la lutte contre la corruption », a-t-il poursuivi en s’interrogeant sur l’expertise de la CNLCEI à remplir ce genre de mission en matière de corruption.
Le même reproche a également été relevé par Nicaise Moulombi, président de l’Ong Croissance Saine Environnement : « Je quitte la salle parce que dans ce pays, il faudrait qu’on commence à respecter un certain nombre d’acteurs. On ne peut pas cautionner l’utilisation des budgets par certaines administrations ou institutions en organisant des séminaires, alors même que tout ce travail a déjà été fait ».
Ce dernier qui estime que cet atelier est un de trop, relève par ailleurs que « la stratégie nationale de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux est du devoir du gouvernement via la direction générale de la lutte contre la corruption, qui a travaillé sur la stratégie nationale à l’horizon 2016 ». Ce dernier propose au gouvernement de créer une structure d’harmonisation pouvant chapeauter les questions liées à la corruption et à la bonne gouvernance.
Nicaise Moulombi a qualifié de « double-emploi », les termes de références élaborés par les initiateurs de l’atelier.
L’atelier n°2, destiné aux secteurs Forêts et Environnement, Mines et Industries Extractives ainsi que celui des Transports en vue de l’élaboration de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux (SNLCCBC) n’est que la suite d’un long processus lancée le 16 juillet dernier dans les locaux de la Commission Nationale de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite (CNLCEI), en présence du ministre délégué auprès du Ministre du Budget.
Le but de ces consultations participatives vise à faire un constat de la corruption et le blanchiment des capitaux dans les secteurs d’activités. Toutes les données primaires ainsi recueillies serviront à la production d’un rapport sur l’état des lieux et le diagnostic de la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux au Gabon. La validation et la publication officielle du document de la stratégie nationale et sa mise en œuvre se fera à la mi-octobre de cette année.
La série de consultation, se poursuivra les 27 et 28 août prochain avec les secteurs des Finances, les Impôts et la Douanes; les 30 et 31 août avec l’Éducation et la Santé et les 5 et 6 septembre avec la Justice.
Depuis 2003, le Gouvernement gabonais s’est engagé dans un processus d’amélioration de la gouvernance, à la lumière des actions qui visent une saine gestion des affaires publiques et la consolidation de l’Etat de droit.