Dans une réaction publiée par le journal Le Temps, le 22 août 2012, le sénateur du Komo-Kango, Gabriel Ekomi Eyéghé, accusé par un assassin d’avoir été le commanditaire du meurtre d’une fillette de 12 ans, répond à ses détracteurs.
Pour mémoire : afin de donner une suite aux nombreux crimes dits rituels enregistrés dans le pays et n’ayant jamais été élucidés, des sessions criminelles spéciales organisées en mai dernier dans divers tribunaux du Gabon, ont permis de mettre sous les verrous certains coupables. De nombreux commanditaires restent cependant toujours tapis dans l’ombre.
Le 8 mai 2012 devant la Cour Criminelle de Libreville, à l’occasion des sessions criminelles spéciales, Aristide Pambou Moussounda, condamné à perpétuité pour l’assassinat d’une fille de 12 ans, avait indiqué que sieur Ekomi Eyeghe était l’ordonnateur de son forfait. L’infanticide avait indiqué que son acte «a été commandité par le sénateur du département du Komo Kango, Ekomi Eyeghe Gabriel», précisant que «Le sénateur m’a demandé de lui fournir la langue et le sexe d’une fille, en échange de 20 millions de francs CFA».
L’affaire a fait sortir le sénateur de ses gongs, le poussant à se répandre, pour ainsi dire, sur sa longévité dans les deux chambres du parlement gabonais. Son immunité parlementaire a en effet été demandée afin qu’il puisse passer devant la justice et pouvoir, le cas échéant, se laver de tous soupçons. Débattue par ses pairs, la question n’a pas débouché sur la levée demandée de son immunité parlementaire, avant d’être renvoyée au mois d’octobre prochain.
Entretemps, les détracteurs du sénateur lui demandent, au nom de sa longévité aux affaires, de démissionner et de laisser la place à une nouvelle génération d’élus, mais surtout pour mieux se consacrer à la justice. Car, comme il le stipule dans ses écrits parus dans le journal Le Temps, il siège au parlement (Assemblée nationale et Sénat) depuis 1990. Le journal lui demande d’ailleurs s’il «veut s’accrocher au siège de Sénateur de sa circonscription politique.»
«Je me demande pourquoi certains s’attardent sur mes quatre mandats de parlementaire passé à l’Assemblée nationale et au Sénat quand on sait que notre loi fondamentale, la Constitution, est muette là-dessus », s’interroge à son tour le sénateur dans l’entame de sa lettre.
Essayant de s’expliquer et de donner des arguments qui ont pour rôle de battre en brèche les arguments de ses opposants, le sénateur estime que «le système de rotation entre cantons et/ou ethnies n’est qu’une vue de l’esprit et une invention des esprits machiavéliques» Il ajoute : «est-il raisonnable de parler de rotation pour ce seul et unique poste alors qu’il y a plusieurs autres fonctions politiques (électives ou non) à Kango qui ont été ou sont occupées par le même clan, la même tribu ou la même famille, au mépris des autres ?»
Pour sa part, souligne-t-il, «si l’on veut véritablement engager un débat sur le principe de la rotation des postes politiques à Kango, il faut que ce débat soit total et impartial et non partiel ou partial».
En se demandant s’il est le seul dans cette situation au Gabon, il rend hommage à feu le président Omar Bongo Ondimba qui lui a fait confiance pour «sa fidélité, sa combattivité et pour sa persévérance». Ce d’autant plus qu’il n’a pas, lors des moments de braise en 1990, retourné sa veste «face à l’adversité bucheronne». D’où son intention de se battre jusqu’au bout.
«Je ne me laisserai donc pas faire. Je me battrai jusqu’à ma dernière énergie et aussi longtemps qu’il me restera de souffle de vie», a clamé Ekomi Eyéghé.