Au bout de la route transafricaine qui traverse le Haut-Ogooué et spécifiquement Léconi, il y a Kabala qui tente de survivre malgré l’inexistence d’infrastructures de bases et dans la peur d’un cycle ininterrompu d’agressions venant de l’autre coté de la frontière.
Kabala est l’un des multiples postes de contrôle qui existent entre le Gabon et le Congo. Les deux pays partagent ensemble mille neuf cents trois (1903) kilomètres de frontières. Des frontières clairement considérées par les gendarmes et les douaniers qui en ont la responsabilité comme poreuses.
Impossible d’envisager une gestion stricte des entrées et sorties. La situation à Kabala en est la parfaite illustration. Les gendarmes, les policiers et les douaniers affectés sur ce site du département des Plateaux ont fini par abdiquer. Le Président du Conseil départementale nous confie : « on ne peut rien contrôler ici. Les gens de l’autre côté entrent; et il arrive souvent qu’il y ait des agressions ». Une confidence qui résonne mal dans les oreilles des populations qui craignent le pire chaque jour que Dieu fait. « Si vous voulez surveiller ce secteur, il faut un hélicoptère; qui va vous le donner ? » s’interroge, dépité, un responsable de la Police des Airs et des Frontières (PAF).
En effet, dans le village qui a donné son nom au poste frontière, « on craint le pire ». Le chef de village, Joseph Apassingui, avoue que « des Congolais viennent tous les jours pour faire des courses », et derrière lui son épouse reprend avec virulence : « on a peur quand on va aux champs. Quand on demande aux gendarmes d’envoyer des gens nous garder, on nous dit qu’il n’y a pas suffisamment d’effectifs ».
La souffrance de ce petit village ne s’arrête pas là. A l’environnement qui est quelque peu hostile à l’homme s’ajoute une absence notoire des infrastructures de bases, comme une complicité à la disparition de Kabala-village. Depuis plusieurs années, les familles partent vers Léconi, Moanda ou Franceville pour scolariser les enfants et s’assurer un meilleur avenir. Kabala tend donc à disparaître.
A la place des originaires, pourraient s’installer alors des familles venues du Congo, qui auraient traversé sous le nez des autorités dépourvues de tous les moyens de surveillance et de résistance.