Dans une déclaration officielle rendue publique le 25 août à Libreville, le ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, a une fois de plus évoqué le «cas» André Mba Obame. Mais à y regarder de près, cette déclaration s’apparente plus à règlement de compte tant elle tend à tourner en dérision et discréditer l’ancien ministre de l’Intérieur et certains de ses lieutenants. Une démarche devenue récurrente entre opposition et pouvoir.
D’entrée, Jean François Ndongou a fustigé que «les partisans de l’ex UN veulent transposer le printemps arabe au Gabon, alors que la situation politique, économique et sociale est différente. Ils cherchent à établir un lien avec la tenue de l’université d’été du PS en France et attirer l’attention des médias étrangers singulièrement français».
«Depuis le retour de M. Mba Obame, nous assistons à des manifestations non autorisées, troublant ainsi l’ordre public», a poursuivi le ministre de l’Intérieur, soulignant que «le gouvernement de la République, conscient de sa mission d’assurer la sécurité des biens et des personnes, fait preuve de retenue dans les gestion des ces troubles».
Si jusqu’ici la ligne directrice de la communication du ministre est «correcte», ce dernier devient quelque peu ironique au fil des lignes. En effet, Jean François Ndongou rappelle qu’«après que l’Assemblée nationale ait levé son immunité [à Mba Obame ndlr], le procureur de la République avait requis une action en justice en son encontre et l’avait interdit de sortir du territoire national».
«C’est seulement après l’avis d’une commission médicale qu’il avait été autorisé à se rendre en Afrique du Sud pour y subir des soins. Son retour est-il un signe de sa guérison ? Sur ce point, je vais saisir le Procureur de la République pour la mise en place d’une commission nationale et même internationale pour statuer sur son état de santé mentale et physique», poursuit le texte.
Pire encore souligne le ministre de l’Intérieur, «s’il est prouvé qu’il ne soit pas en possession de toutes ses facultés physiques et mentales, nous l’inviterons à se faire évacuer avec l’appui de la CNAMGS, pour éviter d’être taxé de non-assistance à la personne en danger. C’est ici notre devoir de solidarité».
Car, insiste Jean François Ndongou, «le gouvernement se refuse d’avoir la même attitude que Messieurs Myboto et Eyeghe qui se servent de son état de santé à des fins politiciennes ou mieux, pour assouvir leurs ambitions personnelles».
D’un point à un autre, le ministre Ndongou a noté, non sans surprise, «l’amitié entre Myboto et Mba Obame. Alors que je me souviens des rapports exécrables qu’ils entretenaient au gouvernement auquel j’ai eu l’honneur de faire partie à leurs côtés (les livres, les sujets d’examens et bien d’autres). M. Myboto est devenu amnésique ou encore il accepte volontairement la perte de son honneur».
Rappelant que «force reste à la loi et elle sera appliquée dans toute sa rigueur», le ministre de l’Intérieur a cependant assuré que «les méthodes de Mba Obame alors ministre de l’Intérieur, ne seront pas de mise. On se souviendra de l’attaque contre le siège de l’UPG obligeant son leader à se réfugier dans une ambassade ; l’emprisonnement illégal de M. Marc Ona Essangui ou encore l’interdiction de sortir du territoire national de M. Grégory Ngoua Mintsa, tous les deux devenus ses hommes de mains».
Par ailleurs, Jean François Ndongou a fait savoir aux anciens barons du régime aujourd’hui dans l’opposition que «ce sont les Gabonais qui choisissent leurs représentants politiques par le biais des élections libres et démocratiques, comme ils ont été tous élus en tant que militants du PDG», avant de conclure que «le Gabon n’est pas la Syrie et le gouvernement doit mettre tout en œuvre pour garantir un climat de paix et de sécurité».