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Mise au point : Personne ne parlera au Gabon ni au nom de toute la diaspora ni au nom du BDP-Modwoam

Ayant pris connaissance de la présence d’une certaine frange de la diaspora au Gabon dans le cadre des débats actuels sur l’impératif d’une Conférence Nationale Souveraine dans notre pays, diaspora se présentant tantôt comme la « Diaspora Gabonaise » tout court (ce qui est fallacieux), tantôt comme la « Convention des Diasporas Gabonaises » (ce qui organise une certaine confusion dans les esprits), le mouvement « Bongo Doit Partir – Modwoam » (BDP-Modwoam) tient, instamment, à se placer en porte à faux pour dire qu’aucun groupe ne parlera au Gabon ni au nom du BDP-Modwoam ni au nom de toute la diaspora gabonaise, qui est avant tout une diaspora plurielle et diversifiée dans ses vues et dans ses opinions. En ce sens, aucune diaspora collectivisée n’a mandaté qui que ce soit de parler au Gabon au nom de toute la diaspora. Ceux aux Gabon ne peuvent donc parler qu’en leur nom propre.

Le BDP-Modwoam tient à rappeler ici qu’il n’y a, au sein de la diaspora plurielle gabonaise, aucun président de la diaspora, aucun parti unique de la diaspora, aucune association unique de la diaspora, donc aucune pensée unique au sein de la diaspora qui accordât, dans l’absolu, toute la diaspora sur quelque méthodologie du changement au Gabon que ce soit. Dès lors, toute prétention pour qui que ce soit d’aller au Gabon parler au nom de toute la diaspora, tous frais payés par des sources non-identifiées, doit être vue comme porteuse de faux, de manipulations et de visées politiques qui, en réalité, servent paradoxalement mal l’idée, utopique d’ailleurs, d’une diaspora unie.

Utopique parce que parler de diaspora unie comporte, au fond, le même non sens que celui qui consisterait à supposer qu’au Gabon, on peut unir 100% des Gabonais autour d’un seul et même projet politique ou autour d’un seul et même homme. Une telle poursuite serait non seulement futile, mais aussi stalinienne car elle porte les germes d’une pensée unique extrêmement dangereuse pour la démocratie au Gabon. Plutôt, donc, que de parler de rechercher une unité absolue, donc irréaliste et utopique, sauf si l’on vise à l’absolutisme, il est important, plutôt, de garder à l’esprit le simple fait que l’unité absolue étant impossible au vu de la pluralité naturelle qui caractérise toutes les sociétés humaines, les seules formes d’ « unité » susceptibles d’exister, que ce soit au Gabon ou dans la diaspora, sont forcément des convergences parcellaires et segmentées autour d’idéologies particulières, donc obligatoirement diverses et plurielles.

On ne peut donc pas, sur cette base, espérer unir des pédégistes et des bédépistes au vu de la distance idéologique trop vaste qui les sépare, et ceci serait vrai tout aussi bien dans la diaspora qu’au Gabon. On ne peut pas non plus, dans le contexte de l’opposition, forcer une unité entre membres de l’opposition s’ils ne partagent pas les mêmes objectifs et méthodes du combat, mais cela ne nie en rien le fait pour tous ces groupes de se définir comme des groupes d’opposition. Sinon l’UMP et le Front National en France n’auraient plus qu’à fusionner puisque ce sont des partis de droite, donc de même sensibilité. Du coup, ce ne sera pas parce que le BDP-Modwoam et, par exemple, l’Union Nationale se diront « mouvements de l’opposition » qu’ils seront obligatoirement appelés à travailler ensemble. Le « travailler ensemble » ne peut reposer sur des notions vagues comme « vouloir le changement » ou « être de l’opposition ». Encore faut-il avoir, au préalable, accordé les vues sur quel type d’opposition on représente et quel type de combat on veut mener ensemble. Le simple fait d’amalgamer un parti radical et un parti convivial dans une coalition ne veut pas dire efficacité du combat ! Bien au contraire, une telle coalition souffrira tôt ou tard de cette contradiction car là où il faudra avancer, l’une ou l’autre des composantes va bloquer. Ce qu’il faut, plutôt, ce n’est pas se lancer dans l’utopie d’unir toute la diaspora ou tout le Gabon, de parler au nom de toute la diaspora ou de tout le Gabon, mais plutôt identifier, pour le seul objectif du combat à mener, les individus ou les groupes qui, partageant déjà la même idéologie du combat, pourraient s’allier en vue d’établir, ensemble, la méthodologie du combat qui correspond à leur idéologie.

Certes, il n’est jamais mauvais de voir s’établir un dialogue inter-gabonais dès lors qu’il s’agit de poser les bases d’une entente nationale. Mais il y aussi une gouffre de différence entre établir un dialogue national dans un pays démocratique et mener ce même type de dialogue quand il s’agit d’organiser les Gabonais pour un combat frontal contre une dictature cherchant à s’imposer ad vitam aeternam. Le contexte d’un combat frontal ne s’accommode point de tergiversations.

Dans ce contexte, l’argument selon lequel la diaspora ou l’opposition serait divisée, et c’est ce qui retarderait le combat, est faux et puéril. A moins de supposer une société stalinienne, il est impossible d’accorder 100% d’un peuple sur quoi que ce soit. C’est dans la nature humaine que de permettre plusieurs perspectives sur un même problème, et dès lors, les citoyens s’organisent en fonction de ces perspectives pour constituer des pôles et des courants d’idées qui deviennent, par ce processus de pluralisation, la matrice sur laquelle se greffe la pratique démocratique qui, dès lors, entérine ou défait ces courants en fonction des contextes. Par exemple, depuis 1998, le BDP recommande l’insurrection au Gabon, mais ce n’est qu’aujourd’hui que les Gabonais commencent à se résoudre à cette idée, sans encore totalement l’embrasser au vu des tergiversations actuelles de l’opposition. Demander au BDP, dans ce cas, de laisser tomber son cheval de bataille consistant en propositions insurrectionnelles aurait constitué un véritable génocide de la démocratie. La démocratie, dans ce sens, suppose toujours la pluralité et la diversité des opinions, et les différences dans les approches et les idées. Il est alors extrêmement dangereux pour la démocratie de voir un groupe se lever un jour pour dire : « allez, on va faire que tout le monde fasse exactement la même chose ou pense exactement la même chose et si quelqu’un pense différemment, c’est un traître ». Ce serait là du stalinisme. Quelqu’un voulant la démocratie dans son pays ne peut s’engager dans un processus visant à la monolithisation de la pensée. Le démocrate permettra toujours l’expression plurielle et, plutôt que d’appeler cette expression plurielle une «  division », il doit se satisfaire de voir cette pluralité s’établir comme norme.

C’est pourtant dans le processus de suppression de cette pluralité au sein de la diaspora qu’une certaine frange de la diaspora, entièrement financée par André Mba Obame, se trouve engagée aujourd’hui. On veut, dans la diaspora, financer une diaspora acquise à Mba Obame et pour cela, on organise la pensée unique par des méthodes dignes des pires années du bongoïsme, et ce dans le même temps où l’on prétend « unir » cette diaspora. On cultive actuellement une telle intolérance et un tel fanatisme autour de Mba Obame que tout autre chemin que celui de l’Union Nationale et de Mba Obame devient sujet à invective, insulte. On installe une terreur mentale par laquelle les gens commencent, au sein de la diaspora, à avoir peur de critiquer Mba Obame, de peur de se faire traiter de complice d’Ali Bongo. Et vouloir poursuivre ou recommander une autre voie politique que celle énoncée depuis Paris du 30 juin au 1er juillet devient, au Gabon comme dans la diaspora, un sacrilège pire que la profanation d’une tombe juive. Qui a dit que parce qu’une idée serait émise quelque part, on ne pouvait plus l’améliorer par des contre-propositions ou des propositions complémentaires ? Si, déjà, ce type de fanatisme autour de Mba Obame se met à créer cette impression stalinienne au sein de la diaspora, et par la suite, au Gabon, pourra-t-on jamais critiquer André Mba Obame quand il sera au pouvoir ? Le BDP-Modwoam éprouve de grosses craintes à ce niveau.

Voilà pourquoi nous ne partageons pas l’euphorie générale qui veut que l’on n’ait aucun droit au doute ni aux questionnements tout simplement parce que ce serait Mba Obame qui aurait le vent en poupe. Sauf si on prend le peuple gabonais pour des moutons, nous estimons que chasser Ali Bongo du pouvoir n’est pas incompatible avec la clarification du combat d’André Mba Obame si, justement, André Mba Obame se veut leader ou président des Gabonais. Les Gabonais ont besoin de savoir quel type de président il serait s’il prenait le pouvoir. Or, dès lors qu’il laisserait s’établir au sein de l’opposition une terreur de pensée unique similaire à celle à laquelle le pouvoir bongoïste soumet le peuple gabonais, une intolérance politique qui priverait le reste de la société d’expression politique s’installerait qui viendrait vicier le combat de l’opposition plurielle. On aura alors une bipolarisation politique basée sur la terreur totale : les Bongo terroriseront les Gabonais par le pouvoir de l’armée et l’opposition Mba Obame/UN terroriseront les autres opposants en installant l’hégémonie de la pensée unique. Et tant que Mba Obame ne rassurera pas les Gabonais qui, dans la diaspora comme au Gabon, se sentiraient victimes du fanatisme de ses partisans, certains auront des doutes quant à la viabilité d’un soutien à André Mba Obame.

Certes, un leader politique de poids attirera toujours suffisamment de soutien populaire pour faire ce que Mba Obame fait en ce moment, mais mettre 2000 ou 3000 militants dans les rues ne veut pas dire faire l’unanimité au sein de toute la population gabonaise. Si on se base sur le taux de participation de l’élection présidentielle de 2009, on se rend compte que tous les candidats en lice, qu’il s’agisse d’Ali Bongo, André Mba Obame ou Pierre Mamboundou, n’ont même pas pu attirer, ensemble 50% de l’électorat. Les chiffres de participation déjà gonflés de 2009 s’établissant à 44%, c’est bel et bien près de 60% des Gabonais qui ne sont pas allés voter, n’ayant trouvé leur compte ni dans Mba Obame, ni dans Pierre Mamboundou, ni dans Ali Bongo. C’est dire que les 12% qui, en moyenne, auront voté pour chacun de ces trois candidats, sont loin de constituer le socle de légitimité politique qui justifierait qu’aujourd’hui, tous les Gabonais adhèrent au combat de Mba Obame tout simplement parce que Mba Obame aurait le vent en poupe. Un citoyen responsable ne vote pas pour un candidat ni ne soutient un candidat simplement parce que le candidat aurait le vent en poupe. Cela constituerait un comportement de mouton. Un citoyen responsable vote pour un candidat parce que ce candidat symbolise une idée du combat qu’il partage.

La diaspora gabonaise, de l’avis du BDP-Modwoam, n’est pas donc divisée dans le sens que l’on suppose ici et qui demanderait qu’on l’organise en diaspora de pensée unique. Elle est simplement diverse et plurielle, à l’image du Gabon et de toute société supposée saine. Le problème du Gabon n’a jamais été un problème de division de l’opposition ni de la diaspora, mais un problème de volonté de l’opposition. Sauf, encore une fois, croyance stalinienne, le BDP-Modwoam pense qu’il y a eu, au Gabon, en 1990 comme en 2009 ou aujourd’hui même, suffisamment d’unité au sein de l’opposition pour permettre à cette opposition de chasser les Bongo du pouvoir à tout moment. En 1990, chacune des coalitions existantes (FUAPO, COD, etc.) était à elle seule capable de changer le Gabon s’il y avait eu volonté. De 2009 à 2012, il y a aussi eu des coalitions suffisamment solides (ACR, CPPA) pour changer chacune le Gabon en deux semaines s’il y avait eu volonté. Il suffisait pour cela d’organiser l’insurrection et chacun des camps aurait pu, par sa propre initiative, mettre Pierre Mamboundou ou André Mba Obame au pouvoir. Ces coalitions ont tout pour chasser Ali Bongo du pouvoir : la sociologie et l’argent tiré des alliances passées avec les Bongo.

Parler, donc, de division de l’opposition est une échappatoire qui cache mal le manque de volonté des uns et des autres de s’engager dans un combat frontal. Et construire une équation politique qui dirait que ce sont ceux qui, comme Daniel Mengara ou d’autres réticents, ne soutiendraient pas Mba Obame qui sont responsables de l’incapacité de Mba Obame à prendre le pouvoir au Gabon depuis 2009 est une incongruité politique qui n’a de sens que dans des esprits dérangés. En quoi un petit Daniel Mengara ou tout autre membre de la diaspora, installé derrière son ordinateur aux Etats-Unis, serait-il capable, alors que personne ne le connaît ni dans la diaspora ni au Gabon, d’empêcher Mba Obame de prendre le pouvoir si Mba Obame voulait vraiment prendre ce pouvoir ? C’est ce type d’échappatoires qui, encore une fois, dénote de l’incohérence des arguments de cette frange de la diaspora fanatisée inféodée à André Mba Obame.

Autant il est du droit de qui veut de s’associer à Mba Obame dans le cadre du combat de Mba Obame de le faire librement, autant il serait hautement inadéquat de vouloir faire de tout le monde des partisans de Mba Obame. Mais, qu’une certaine diaspora fasse, donc, campagne pour soi-disant résoudre un soi-disant problème d’unité de l’opposition ou au sein de la diaspora est un faux problème. La preuve : Mba Obame, tout seul avec le groupe Union Nationale, est capable de changer le Gabon demain matin s’il le veut. En fait, avec tous les « monstres politiques » non seulement de l’Union Nationale et de la CPPA, ils ont toujours joui de cette capacité depuis 2009. Les 2000 à 3000 personnes qui assistent aux meetings de Mba Obame peuvent, si le mot d’ordre leur en est donné directement par Mba Obame dans le cadre d’un combat frontal, mettre à mal les 300 policiers que les Bongo leur envoient à chaque fois et causer une ingouvernabilité telle que le pouvoir des Bongo, en deux semaines, sera chancelant. Or, on tourne en rond depuis 2009 et aujourd’hui on présente la Conférence Nationale comme une panacée alors même que les Gabonais n’en auraient pas besoin s’ils se décidaient à mener un combat frontal, tout simplement. Le prétexte de la Conférence Nationale est le prétexte des oppositions incapables. En Tunisie, en Libye, en Egypte ou en Syrie, les opposants n’ont pas préfacé la révolution avec l’exigence d’une conférence nationale. Ils ont exigé directement le départ des dictateurs. Au Gabon, au lieu de demander le départ d’Ali Bongo, on demande des Conférences Nationales qui, paradoxalement, continuent à impliquer les Bongo dans le débat national, jusqu’à faire d’eux des arbitres d’un processus dont ils devraient pourtant être exclus ! C’est insensé ! Et après, on tourne en rond pour finalement finir dans l’impasse des compromissions au moment où les Gabonais attendent la rupture.

Ainsi, au lieu de se poser la question de savoir pourquoi, jouissant de la capacité de changer le Gabon en deux semaines, l’opposition gabonaise semble faire du sur-place, on se lance dans le faux combat qui suppose une division de l’opposition ou de la diaspora, alors même que c’est dans la nature même de la démocratie que les opinions puissent diverger. Non, l’opposition gabonaise n’est pas divisée. C’est un faux problème. Ce sont nos idées et nos idéologies qui sont foireuses, mensongères.  Le vrai problème de notre opposition est plutôt que l’on semble soigneusement éviter la confrontation au Gabon alors même que la confrontation est la seule manière de chasser les Bongo du pouvoir.

Au lieu, donc, de continuer à brasser le vent en soulevant les faux problèmes, il faut avoir le courage, même, de remettre en cause les combats perdus d’avance car ces combats font tourner le peuple en rond. La solution au Gabon sera dans la confrontation. Rien d’autre. Mais une confrontation intelligente, préparée, planifiée, avec le plan A, le plan B et le plan C. Une confrontation qui, une fois commencée, ne s’arrêterait que deux semaines plus tard avec le départ des Bongo du pouvoir. Il faut en finir avec les actions improvisées, bâclées ; il faut en finir avec les actes sans lendemain qui finissent par décourager, démobiliser le peuple.

Autant, donc, nous reconnaissons le droit à toutes les sections de la diaspora de s’organiser en fonction d’aspirations, de finalités ou d’idéologies qui leur sont propres, donc, et de mener ensemble ou séparément le combat de la libération nationale, chacun à sa manière, autant nous nous opposerons à toute tentative de créer, dans la diaspora, la pensée unique de la diaspora et, au Gabon, le parti unique de l’opposition.

La présupposition selon laquelle il faille, pour mener le combat actuel, supprimer la diversité d’opinion pour forcer tout le monde à devenir un partisan de Mba Obame est une présupposition stalinienne. Elle présage de l’appauvrissement de la démocratie au Gabon et, donc, du débat national que pourtant l’on demande sous la forme de la Conférence Nationale. Est-on en train de nous dire que si cette conférence nationale s’organise, personne n’aura le droit de demander des comptes aux anciens pédégistes ? Pourtant, tout remettre à plat veut aussi dire cela, non ?

Le BDP-Modwoam s’opposera donc toujours à toute approche qui partira de ce point de vue stalinien car il nous semble important de faire la part des choses entre ce qui est essentiel et ce qui est non essentiel. On ne peut pas demander une Conférence Nationale pour ensuite aller, dans ce cadre, empêcher l’expression libre des Gabonais qui pourraient aussi vouloir, par exemple, demander des comptes à Mba Obame sur ses 25 ans de bongoïsme aux côtés d’Omar Bongo. Et on doit comprendre qu’on peut combattre Ali Bongo sans forcément être un partisan de Mba Obame. On doit aussi, par ailleurs, comprendre qu’on peut collaborer avec Mba Obame et l’Union Nationale dans le contexte de la lutte commune sans pour autant devenir partisan de l’Union Nationale. La tendance à vouloir faire de tout le monde des partisans de Mba Obame et de l’Union nationale alors même que l’idée de la lutte se trouve ailleurs est une tendance fanatique et malsaine que le BDP-Modwoam condamnera toujours.

Le BDP-Modwoam pense que personne ne peut nier, au jour d’aujourd’hui, la prééminence politique d’André Mba Obame comme le leader ayant le plus de vent en poupe au Gabon. Mais avoir le vent en poupe ne veut rien dire si ce vent tourne en rond et si de nombreux compatriotes, comme les 60% d’abstentionnistes qui n’ont pas voté en 2009, ne se retrouvent ni dans le combat ni dans le méthodologie de lutte proposée par André Mba Obame ou tout autre leader qui, à un moment, aurait le fameux vent en poupe. Et avoir le vent en poupe n’est pas non plus un fait probant si on ne sait pas comment utiliser ce vent en vue d’un changement rapide et efficace au Gabon. On a déjà vu des vents circuler au Gabon tels ceux de Mba Abessole et de feu Pierre Mamboundou. Pourtant, 22 ans plus tard, nous en sommes encore là, soumis au diktat des Bongo. Devant ce qui peut paraître à certains comme le passif d’André Mba Obame, qui fut opposant dans les années 1980 avant de devenir compère d’Omar Bongo pendant 25 ans et ensuite de redevenir opposant, demander aux populations d’oublier ce passif par un simple coup de baguette magique simplement parce que Mba Obame aurait le vent en poupe est un non sens politique. Au lieu, donc, pour les groupes fanatiques financés par Mba Obame, de passer du temps à vouloir rallier tout le monde à Mba Obame uniquement sur la base du fait qu’il a le vent en poupe, il nous semble, au BDP-Modwoam, qu’une approche plus efficace et, donc, plus rationnelle, serait, plutôt, de demander à Mba Obame de clarifier pour les Gabonais le combat qu’il mène ou compte mener, pour les convaincre de se joindre à lui ou de le soutenir.  Or, sur ce point, personne ne sait au jour d’aujourd’hui ce que Mba Obame veut accomplir. C’est trop flou, trop brouillon comme combat, pour le moment. Et c’est trop flou et trop brouillon depuis 2009. On ne peut mener un combat comme celui-ci sans mots d’ordre clairs au peuple. Et surtout sans nationaliser le débat du changement. Quand on veut changer un pays, on ne tergiverse pas, surtout quand il faut battre le fer quand il est chaud.

Et, dès lors que l’on définirait le combat de Mba Obame comme un combat pour Mba Obame, il appartient certainement aussi à Mba Obame d’avoir l’humilité, dans ce cas, de rallier les Gabonais à sa cause en allant à eux, en les sollicitant directement lui-même, donc, en agissant comme un rassembleur avec une idée du combat qui soit claire et non improvisée. Mba Obame ne convaincra les Gabonais que quand il se montrera non pas comme un leader fait par les circonstances (attendre la mort de Bongo pour s’opposer), mais comme un leader de conviction qui énoncera clairement au peuple son combat (rejet total de l’héritage de papa Bongo et confrontation directe avec le système).  Il ne peut, dans ce contexte, mener ce combat dans un flou qui, dès lors, deviendrait sujet à toutes les formes d’interprétations.

Or, on ne peut pas rassembler les Gabonais qui veulent le vrai changement quand on dit de Bongo qu’il était un « grand homme », un « grand monsieur », one ne peut pas rassembler les Gabonais qui veulent la rupture quand on dit que le Gabon était une démocratie jusqu’à la mort d’Omar Bongo et que, une fois au pouvoir, on élèvera des monuments à la mémoire du « grand homme » qu’on appelle Omar Bongo. Dans le Gabon d’aujourd’hui, de tels discours, qui font croire à un Gabon paradisiaque sous Omar Bongo, sont des repoussoirs pour les Gabonais qui ont subi sans discontinuer le bongoïsme pendant 45 ans. Les malheurs des Gabonais ne commencent pas avec 2009. Le Gabon subit la meurtrissure depuis 1967, et ceci inclut autant le régime de Bongo père que celui de Bongo fils. On ne peut tout de même pas, par exemple, imaginer Daniel Mengara assis aux côtés d’un opposant promettant d’élever des monuments à la mémoire d’Omar Bongo alors que Daniel Mengara préconiserait, plutôt, d’aller pisser dessus ! C’est cela que nous appelons, au BDP-Modwoam, clarification du discours. Sans cette clarification, le combat de Mba Obame risque bien de tourner en rond car il comporte encore trop d’incongruités de ce type .

Dans ce contexte encore flou, donc, le BDP-Modwoam ne permettra aucune prise en otage ou confiscation du discours politique ni au Gabon ni au sein de la diaspora gabonaise, surtout pas quand l’on prétend construire l’unité de la diaspora alors même que, par des actes qui rappellent le bongoïsme, on s’active à la diviser et à la corrompre à coups de billets d’avion, de chambres d’hôtels et de mangeries financées par des sources obscures.

Au final, la frange de la diaspora s’activant actuellement à rallier les Gabonais de la diaspora à Mba Obame à coup de billet d’avion, de chambres d’hôtel et de bombance se trompe fondamentalement de démarche et de combat. Non seulement elle s’attaque systématiquement aux autres structures de la diaspora qui refusent de servir de caution ou de s’inféoder à Mba Obame, elle part aussi de la présupposition assez erronée que tous les leaders de l’opposition sont nécessairement pour une insurrection au Gabon et, donc, qu’il faut convaincre les gens et les rallier aux leaders de l’Union Nationale et à Mba Obame parce que Mba Obame serait pour une insurrection. Cette approche est non seulement mal pensée, mais contre-productive car ces  jeunes politiciens de la diaspora ne se rendent même pas compte du fait que l’on n’a pas besoin de convaincre le peuple gabonais sur l’impératif d’une insurrection. Ce peuple a toujours été prêt à l’action insurrectionnelle. Ceux qui doivent être convaincus, et donc ralliés au peuple, ce sont plutôt les leaders. C’est à eux qu’il faut poser les questions suivantes :

1) Sont-ils prêts oui ou non à organiser, comme le souhaite le peuple depuis 1990, l’insurrection puisque c’est la seule voie du changement au Gabon ? Ou veulent-ils continuer à tourner autour du pot ad vitam aeternam ?

2) Si oui, sont-ils prêts à endosser publiquement la responsabilité et les conséquences d’un tel engagement et, donc, de donner des mots d’ordres publics, clairs et sans ambiguïté qui organiseraient le peuple pour l’insurrection et l’appelleraient à s’engager dans un tel combat, mais cette fois sans improvisations ?

3) Sont-ils prêts à abandonner la lutte des stratégies mystères par lesquelles on ne dit rien au peuple sur la nature du combat à mener, sous prétexte qu’on ne veut pas divulguer les stratégies, alors même que le peuple a besoin de savoir ce dans quoi on lui demande de s’engager pour pouvoir s’y engager efficacement. La tendance au « restez tranquille, nous savons ce que nous faisons » est préjudiciable à une lutte pourtant simple puisqu’elle démobilise systématiquement le peuple.

Le jour où André Mba Obame et les autres leaders politiques avec le « vent en poupe » répondront clairement à ces questions, et donneront, dès lors des mots d’ordre clairs au peuple, ils n’auront plus besoin de dépenser inutilement des dizaines de milliers d’Euros à financer des billets d’avion et des chambres d’hôtel pour se concocter des diasporas sur invitation. Pourvu, encore une fois, que le combat énoncé soit, évidemment, clair et non flou, systématique et non par soubresauts, frontal et non convivial. Le jour où cela se fera, ils n’auront même pas besoin que toute l’opposition soit là ou pas. Avec 3000 personnes dans les rues du Gabon, 3000 personnes organisées de manière volontariste pour la chute immédiate d’Ali Bongo, le combat peut-être gagné en deux semaines.

Mais il n’y aura jamais clarté dans le débat, et encore moins dans la lutte actuellement menée par l’opposition, s’il continue d’exister la confusion actuelle entre la finalité d’André Mba Obame découlant du contentieux électoral de 2009 et la finalité de la Conférence Nationale qui, elle vise, non pas au plébiscite d’André Mba Obame comme « Président élu de la République », mais plutôt l’établissement des règles démocratiques qui permettront, demain, d’élire, légitimement et légalement, le vrai président de la République sur la base d’une élection légitime reposant sur le vote libre du peuple. Or, c’est justement cette confusion permanente entre le projet d’André Mba Obame portant sur le contentieux électoral de 2009 et le projet de la Conférence Nationale que le peuple défend qui risque de continuer à embrouiller les Gabonais, dont certains voudraient bien contribuer au combat, mais pas nécessairement pour André Mba Obame, et encore moins pour un combat qui ne distinguerait pas les intérêts de Mba Obame et de l’Union Nationale et ceux du Gabon. Et tant que le combat actuel sera perçu comme le combat de Mba Obame et de l’Union Nationale, il sera illusoire d’espérer quelqu’évolution que ce soit à ce niveau.

Mais cela n’empêchera pas Mba Obame de chasser Ali Bongo du pouvoir au terme d’une insurrection fomentée par lui-même et qui le porterait au pouvoir si telle est sa volonté ! Rien ne lui manque pour accomplir cet objectif à titre personnel. Mais si le but est d’unir les Gabonais autour du projet de Conférence Nationale, alors il faut passer à une autre manière d’aborder le combat pour en nationaliser la teneur.

Mais surtout, qu’on ne nous parle plus des supposées « divisions » de la diaspora comme résultant des questions d’égos car cet argument se fait vieux. Soutenir une opinion divergente ou refuser de se joindre à quelque chose de flou n’est une question d’égo que pour ceux qui se montrent intolérants vis-à-vis des opinions pourtant démocratiques des autres. Pire, c’est de l’intolérance quand on refuse aux autres le droit de penser différemment et qu’on réduit à des questions d’égos le simple fait démocratique pour chacun d’avoir droit à ses opinions.

Mais l’égo n’est pas toujours là où on le pense dans la mesure où on pourrait bien dire à la frange de la diaspora financée par André Mba Obame (et accusant les autres d’égo pour avoir refusé de servir de caution à Mba Obame) si ce n’est pas une question d’égo quand une diaspora supposée vouloir favoriser le travailler ensemble organise elle-même la division en insultant et rabaissant systématiquement dans ses déclarations les autres membres de la diaspora parce que, bizarrement, ceux-ci auraient refusé de cautionner Mba Obame ou de participer à des réunions conçues dans le flou et le mensonge. Et que dire du fait que, ayant trouvé qu’il existait déjà des diasporas organisées sous des groupes comme la Plateforme Citoyenne, la Coalition du Refus et de Salut National, la Diaspora Gabonaise Unie (Diagau), le Collectif des Gabonais de l’Etranger, etc., un groupe qui prétendrait aujourd’hui pouvoir parler au nom de toutes ces diasporas ait choisi de se constituer en un énième groupe diasporique avec la même vocation de rassemblement que les groupes préexistants susmentionnés ? (Le BDP-Modwoam s’exclut naturellement de cette liste car n’étant pas conçu et n’ayant jamais été conçu comme un groupe à vocation diasporique dans le sens poursuivi par les collectifs existants). Or, sur un plan purement moral, que vaut, en fin de compte, pour le pays, une frange de la diaspora qui, pour se constituer, a dû financer la participation des Gabonais tous frais payés avec de l’argent à l’origine sale ? Ne créé-t-on pas là, déjà, les conditions de la corruption mentale que nous déplorons pourtant tous vis-à-vis du régime des Bongo ?

Et peut–être alors cessera-t-on aussi de voir une certaine diaspora s’approprier l’idée de la conférence nationale alors que c’est une idée qui avait longtemps été ridiculisée à l’époque où le BDP la proposait et la défendait seul au même titre que l’insurrection. Que tout le monde se soit rallié aujourd’hui à cette idée de Conférence Nationale défendue par le BDP est salutaire, mais ce ralliement est encore incomplet car personne ne semble comprendre le contexte—insurrectionnel—dans lequel le BDP proposait la tenue d’une nouvelle Conférence Nationale au Gabon. Autrement dit, pour le BDP, conférence nationale et insurrection vont de pair car le BDP comprend que pour obtenir une conférence nationale au Gabon, il faut au préalable, passer par une insurrection et que si, en fait, on doit passer par une insurrection pour obtenir une conférence nationale, on n’a plus, du coup, besoin de la Conférence Nationale puisque l’insurrection, dans ce cas, suppose le départ immédiat du dictateur et son exclusion du débat politique national dont il se sera lui-même exclu. Dans ce cas, ce ne sera plus une conférence nationale qui se tiendrait, mais bel et bien une Assemblée Constituante qui proclamerait une nouvelle république issue de l’insurrection. C’est cela la seule démarche viable si l’on veut bien faire les choses.

Voilà pourquoi le BDP-Modwoam, dans les toutes prochaines heures, proposera aux Gabonais et au reste de l’opposition qui veut la rupture totale et immédiate son « Plan de Prise de Pouvoir Immédiate par le Peuple Gabonais », un plan que nous pensons a plus le potentiel d’aboutir que les tergiversations actuelles autour d’un projet de « Conférence Nationale  Souveraine » dont la finalité, elle-même, demeure aléatoire. Continuer à s’attacher, comme à un totem, au projet de Conférence Nationale sous sa forme actuelle est stratégiquement boiteux et risque de mener à un cul de sac politique. Il faut rapidement changer de vitesse, et c’est ce changement de vitesse qui sera proposé aux Gabonais dans les heures qui suivent dans le cadre du « Plan de Prise de Pouvoir Immédiate par le Peuple Gabonais » du BDP-Modwoam.

Ce « Plan de Prise de Pouvoir Immédiate par le Peuple Gabonais » sera la contribution du BDP-Modwoam, non pas au combat d’André Mba Obame, mais au combat de toute l’opposition et, partant, de tous les Gabonais, et ce dans le cadre d’une approche nationalisée de la lutte pour un Gabon nouveau que nous souhaitons débarrassé au plus vite des Bongo et de leur Etat/PDG.

Le BDP-Modwoam restera, néanmoins, prêt, dans le cadre d’un plan insurrectionnel tel que celui que nous proposerons dans quelques heures, à travailler avec le reste de l’opposition gabonaise, y compris avec André Mba Obame et l’Union Nationale, la CPPA, l’ACR, la société civile et autres groupes du Gabon et de la diaspora pour la mise en application rapide de ce plan pour, au plus vite, venir à bout du régime mafieux des Bongo au Gabon. Et ce dans la transparence la plus totale.

Fait le 28 août 2012

Le Conseil Révolutionnaire du BDP-Modwoam

Bongo Doit Partir – Modwoam
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey 07052

Tél.:/Fax: +1. 973-447-9763
https://www.bdpmodwoam.org

 

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