Construit en 1915, le pont en lianes de Poubara est devenu une attraction de premier plan grâce à l’engagement des descendants du concepteur et réalisateur de cet ouvrage. Un patrimoine national que la politique culturelle gabonaise doit préserver et pérenniser absolument.
Véritable œuvre de génie civil, le pont en lianes de Poubara est le don d’un homme à sa communauté. En effet, en 1915, le concepteur et réalisateur du pont décide de mettre un terme à la traversée dangereuse en pirogues du cours d’eau au violent courant qui borde son village. Il faut en finir avec les accidents de pirogues qui endeuillent depuis trop longtemps la communauté qui vit près des chutes de Poubara. Pendant plusieurs mois, « l’ingénieur » s’attelle pour livrer enfin un ouvrage que sa descendance s’efforce encore d’entretenir et dont l’image orne de nombreux murs à travers le monde.
Le Pont en lianes, œuvre intellectuelle et ‘mystique’ selon son conservateur actuel, est devenu depuis fort longtemps un patrimoine culturel national, et au-delà, mondial.
Freddy Omoumba, petit-fils de « l’ingénieur » du pont, est installé sur le site de l’ancien village déserté depuis plusieurs décennies à cause des exigences sociales ou politiques. C’est à lui que l’on doit le renouvellement annuel de l’ouvrage. Deux mille quatre cents (2400) lianes sont nécessaires pour refaire les cinquante-deux mètres du pont. Un entretien qui n’est pas sans coût, puisqu’il faut dépenser un peu plus d’un million six cents cinquante mille (1.650.000) francs chaque année.
La gestion du site par le petit-fils du concepteur est le fait d’un silence prolongé du gouvernement sur la question : « j’ai rencontré et souvent réuni des ministres ici, mais rien n’y fait. A chaque fois ce sont des promesses, mais jusqu’alors aucune subvention n’est versée par l’Etat. Pourquoi voulez-vous que la famille du créateur du pont laisse encore les gens venir prendre des images et marcher sur le pont sans une contribution ? », lance Freddy, dépité par le comportement des politiques.
Le pont va être célébré en 2015 à l’occasion du centenaire de la majestueuse œuvre. Pour l’heure, Freddy Omoumba et sa famille attendent un engagement sincère des partenaires de la protection des œuvres culturelles et intellectuelles. « Le pont en lianes est un patrimoine mondial », affirme avec justesse le conservateur qui ne comprend pas qu’à défaut de le prendre en charge, le ministère de la culture n’ait pas essayé de le faire inscrire au Patrimoine matériel mondial de l’UNESCO. Si un dossier était engagé et bien défendu dans ce sens, l’Institution internationale ne se priverait pas d’une telle richesse. Mais encore, faut-il que cela se fasse.